Don de corps après la mort : Dr Marina Ouédraogo soutient avec brio sur un sujet « tabou »
« Connaissances, attitude et pratique du don de matériels biologiques au Burkina Faso : cas spécifiques du corps, des organes, du placenta, des tissus et cellules souches dans la ville de Ouagadougou » est le thème qui a valu la mention « très honorable » à Marina Linea Ouédraogo, pour la soutenance de son doctorat en médecine. C’était ce mercredi 27 avril 2022, à Ouagadougou.
Cette étude présentée est, à la base, partie du constat qu’au Burkina Faso, contrairement aux autres contrées, l’idée de donner son corps à des fins scientifiques après sa mort est toujours perçue comme « inconcevable ». D’où, selon l’étudiante en fin de cycle Marina Linea Ouédraogo, son choix de la problématique comment y remédier, qui, à son tour a dégagé plusieurs hypothèses.
Pour vérifier cela, l’étudiante a basé ses études et recherches dans la ville de Ouagadougou précisément aux CHU-YO, CHU-T, CHU-B, PNDP et à l’UFR/SDS de l’université Joseph Ki-Zerbo. Il est donc ressorti de ces recherches, l’ignorance de la possibilité de donner certains de ses organes après la mort, le frein du processus dû aux pesanteurs sociales notamment le sujet « tabou » de l’enterrement du placenta, le manque de certains textes encadrant le phénomène, etc.
« Aller parler de mort à quelqu’un, de comment il conçoit son corps après sa mort, est difficile surtout dans un pays où les pensées empiriques nous disent que parler de la mort, c’est appeler la mort sur soi. Surtout le cas du placenta qui même n’est pas utilisé, on n’arrive pas à le mettre à la disposition de la science à cause des valeurs sociales », a expliqué l’étudiante, maintenant élevée aux grades de docteur.
De ce constat, Marina a dans son travail suggéré entre autres des lois encadrant cet aspect, plusieurs sensibilisations sur le phénomène afin de permettre une adhésion massive de la population et surtout faire comprendre son utilité.
« Les maladies aboutissant à ces défaillances sont très nombreuses. Ce sont nos bras valides qui sont atteints de ces maladies et cela peut même toucher à notre économie nationale. Nous partons souvent enterrer nos morts avec des organes qui auraient pu servir à des familles », a-t-elle insisté.
A l’issue de cette présentation et après suggestion et apport, le jury, par le biais de la présidente Pr Olga Lompo a opté de sanctionner le travail de Linea par la mention « très honorable« , tout en l’invitant à s’inscrire dans l’Ordre National des Médecins du Burkina Faso.
Un acte apprécié par Dr Julien T Savadogo, chirurgien au CHU-YO. « Je trouve que ce travail est la bienvenue. Il fallait vraiment toucher du doigt cette problématique de don de matériels biologiques au Burkina.
L’assemblée de la transition a mis en place un texte de loi autorisant ce don. Nous avons jugé utile de l’informer aux populations. On ne peut pas se contenter de former des étudiants en médecine avec seulement le tableau noir ou des images. Nous avons la capacité de disséquer ces corps ici », a-t-il conclu.
Abdoul Gani BARRY
Burkina 24
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