100 jours du Président Damiba : « C’est toujours l’autoritarisme qui prévaut » (Pr Loada)

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Pr Augustin Loada, enseignant-chercheur, a été l’un des trois invités du dialogue démocratique organisé par le consortium Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), Diakonia, National democratic institute (NDI) et PAX, ce mardi 25 mai 2022 à Ouagadougou. Il a alors exposé sur « la gouvernance politique et administrative du régime de transition, 100 jours après ? ».

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Si dans un premier temps, le Pr Augustin Loada a indiqué qu’« il s’agit d’un exercice impossible à réaliser de manière objective », il s’est, plus tard, dans sa présentation, appuyé sur le guide pratique de International IDEA « Evaluer la qualité de la démocratie » pour tenter d’évaluer les 100 premiers jours de gouvernance du président Damiba.

« Dans cette perspective, il s’agira de mettre l’accent sur les forces et les faiblesses à trois niveaux : la citoyenneté des lois, des droits ; la représentativité, la redevabilité du gouvernement et la société civile et la participation », a-t-il avancé.

Sur le premier niveau d’appréciation, « on a l’impression que la nation burkinabè, la citoyenneté burkinabè est toujours en déliquescence », a-t-il déclaré. Car, « quand on compare les pères fondateurs des Etats africains dans les années 60, au moins, il y avait un projet de construction nationale.

Mais on a l’impression que pour le cas du Burkina, depuis les années 80, ce projet a été abandonné ; il n’y a pas eu d’actions volontaristes allant dans le sens de consolider l’Etat-nation dans notre pays. Quand on regarde les fractures communautaires qui s’élargissent, on peut se poser la question de savoir s’il existe encore une nation burkinabè », a-t-il ensuite expliqué.

Sur l’Etat de droit et la justice, « on a l’impression que nous butons toujours sur l’indocilité des citoyens ordinaires. Du côté des gouvernants, c’est toujours l’autoritarisme qui prévaut. C’est comme si aussi bien les gouvernants que les gouvernés ne se soucient pas de l’Etat de droit du moins, la majorité d’entre eux », a fait savoir le Pr Loada.

Il dit aussi observer que certains des droits civils et politiques des Burkinabè « sont menacés de restrictions », ce, pendant que « nos gouvernants sont dans l’incapacité de maitriser l’inflation ».

La représentativité

L’enseignant-chercheur s’est en outre interrogé sur la désignation des membres de l’Assemblée législative de transition (ALT) et donc sur la capacité de l’institution à pouvoir accomplir convenablement sa mission et répondre aux attentes des Burkinabè.

« L’ALT, son efficacité démocratique nous laisse perplexe, ne serait-ce que par la manière dont les membres ont été désignés. La question est de savoir est-ce que cette manière de faire va contribuer efficacement au processus démocratique ? 

Est-ce qu’elle sera capable de voter des lois qui répondent aux aspirations du peuple ? Est-ce qu’elle sera capable de contrôler efficacement l’action du gouvernement de transition quand on sait dans quelles conditions ils ont été désignés. C’est peut-être trop tôt pour en juger, mais il n’y a rien de rassurant par ce qu’on voit et par ce qu’on entend », a-t-il émis des réserves.

Politique étrangère du Burkina

Pr Augustin Loada, enseignant-chercheur.

Pr Loada dit mettre dans la société civile, les médias. « Et dans un système démocratique, les médias jouent un rôle important pour la promotion des valeurs, pour la construction de l’Etat de droit », a-t-il alors soutenu.

« Mais quand on regarde aujourd’hui, c’est un rôle ambivalent que jouent les médias. On a l’impression que ce sont des espaces de non-droit où circulent des infox, des appels à la dictature, à la restriction », a-t-il tout de suite déploré.

Sur la question de la politique étrangère du Burkina, notamment la coopération militaire à entretenir avec des puissances étrangères, il a fait remarquer deux enjeux.

« Le premier enjeu, c’est notre souveraineté extérieure. L’enjeu, c’est de conquérir notre souveraineté extérieure vis-à-vis des puissances extérieures. La question n’est pas de changer de tuteur ou de maitre », a-t-il mentionné.

Le second enjeu, a-t-il poursuivi, « c’est notre souveraineté intérieure ». Et de la définir comme « la capacité de l’Etat à obtenir de ses citoyens l’obéissance ». Pour lui, s’il y a obéissance de la part des citoyens, « c’est parce que l’autorité est légitime ».

D’où la nécessité de travailler « à restaurer dans les meilleurs délais la démocratie dans notre pays », a-t-il appelé, même si c’est « une démocratie imparfaite qu’il faut travailler à consolider plutôt que pas de démocratie du tout », a-t-il conclu.

Tambi Serge Pacôme ZONGO

Burkina 24 

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Serge Pacome ZONGO

Tambi Serge Pacome ZONGO, journaliste s'intéressant aux questions politiques et de développement durable.

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