Journée Mondiale contre le Travail des Enfants : Le message du ministre en charge de la protection sociale
Ceci est un message du ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection Sociale à l’occasion de la Journée Mondiale contre le Travail des Enfants (JMTE).
12 juin 2002-12 juin 2022, cela fait exactement vingt (20) ans que l’Organisation Internationale du Travail (OIT) instituait la Journée Mondiale contre le Travail des Enfants (JMTE) dont le but fondamental est d’assurer le plein épanouissement et le développement harmonieux de l’enfant.
La célébration de la Journée Mondiale contre le Travail des Enfants intervient dans un contexte national marqué par des attaques terroristes et la pandémie de la maladie à corona virus. Les crises sécuritaire et sanitaire ont des conséquences énormes sur l’économie nationale et les populations avec les pertes en vie humaine. C’est le lieu pour moi de présenter les condoléances du Gouvernement à toutes les familles éprouvées et mes vœux de prompt rétablissement aux malades et aux blessés.
Chaque année, les actions et les réflexions s’inspirent d’une thématique factuelle et scrupuleusement choisie pour mener la réflexion sur un pan du travail des enfants. Le monde entier célèbre la JMTE de 2022 sous le thème « Protection sociale universelle pour mettre fin au travail des enfants ». Sans revêtir le caractère d’assistance, la protection sociale, dont il s’agit, est un ensemble d’interventions publiques qui aide les ménages ainsi que les individus à mieux gérer les risques et à réduire leurs vulnérabilité et pauvreté en leur assurant un meilleur accès aux services sociaux et à l’emploi.
Cela suppose un accroissement des investissements dans les systèmes et régimes de protection sociale de base afin d’établir des socles de protection sociale solides et étendus à toutes les couches sociales de la population des villes et des campagnes.
En cette journée consacrée à la lutte contre le travail des enfants, nos réflexions doivent converger sur la contribution des systèmes de protection sociale à l’éradication du travail des enfants par la prévention du phénomène mais aussi le retrait des enfants victimes à travers l’accès et leur maintien dans le système éducatif et la formation professionnelle le plus longtemps possible.
Selon les estimations publiées par le Bureau international du travail (BIT) en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), en 2020, 160 millions d’enfants sont astreints au travail. L’accroissement des mesures de protection sociale baissera ce chiffre à 144,9 millions d’enfants en décembre 2022. Il pourrait être rehaussé à 168,9 millions d’enfants en l’absence d’une couverture sociale.
A l’échelle nationale, cette situation pourrait se dégrader davantage au regard de la crise sécuritaire qui a engendré au 31 mars 2022 environ un million huit cent cinquante mille deux cent quatre-vingt-treize (1 850 293) déplacés internes. Parmi eux, les enfants de 5 à 17 ans représentent un taux de 44,02% [source : CONASUR, 31/03/2022.
Malgré les efforts du Gouvernement et de ses partenaires qui ont permis de poursuivre la scolarisation des enfants dans les zones d’accueil, force est de constater que certains enfants sont en dehors du système éducatif national. L’absence ou l’arrêt de la scolarité des enfants les expose d’office aux pires formes de travail ou augmente leur vulnérabilité au travail précoce dont l’une des conséquences néfastes pourrait être leur enrôlement dans le terrorisme.
La pauvreté des ménages, amplifiée par les pertes des biens des populations des zones touchées par le terrorisme, privent les enfants de leurs besoins essentiels notamment le droit à la nutrition, à la santé, au logement et à l’éducation.
Cet état de fait n’est pas irrémédiable si l’on adopte une démarche holistique en s’attaquant aux raisons principales du phénomène tout en protégeant les enfants victimes et ceux à risque à travers des actions dirigées vers l’employabilité de leurs parents.
De ce fait, conscient que les dispositifs de protection sociale jouent un rôle crucial dans l’autonomisation des couches les plus pauvres de la population, le Gouvernement a mis en place un ensemble de mécanismes concourant à la promotion de la protection sociale à savoir :
- la promotion de la scolarisation pour tous à travers la gratuité de la scolarité, la promotion des cantines endogènes, la construction des salles de classe… ;
- la promotion de l’auto emploi des jeunes et des femmes à travers la mise en place des fonds nationaux (FASI, FAJI, FAARF, FONA-DR…) ;
- l’adoption de politiques/programmes et de mesures sociales en faveur des couches sociales vulnérables (HIMO, PNPS, les stages professionnels en entreprise…) ;
- La prise de mesures sociales tendant à l’amélioration des revenus des ménages telles que la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, l’opérationnalisation de l’Assurance Maladie Universelle.
Bien que le Burkina Faso soit dans la bonne direction pour la lutte contre le travail des enfants, il n’en demeure pas moins que des efforts sont à consentir à tous les niveaux. Les travaux de la 5ème conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants qui viennent de s’achever à Durban en Afrique du Sud ont jeté les bases pour l’accélération de l’éradication du travail des enfants à l’échéance des objectifs de développement durable. Notre pays qui a souscrit aux principales orientations, veillera :
- au renforcement de sa volonté politique d’éliminer le travail des enfants ;
- au renforcement de la coordination des actions de lutte contre le travail des enfants ;
- au renforcement de l’extension de la protection sociale à tous les niveaux pour toutes les couches sociales.
Toutes ces actions auront une plus-value dans la lutte contre le travail des enfants avec l’aboutissement des efforts consentis par notre pays pour contenir les défis sécuritaire et sanitaire.
D’ores et déjà, j’en appelle à la conscience collective et à un sursaut patriotique pour que nous ne nous inscrivions pas dans la logique que le travail des enfants devienne l’alternative au droit à l’éducation de chaque enfant en âge d’aller à l’école.
Je saisis cette occasion pour remercier et féliciter les partenaires au développement qui ne ménagent aucun effort à soutenir le Gouvernement dans l’amélioration des conditions de vie des populations. De son côté, le Gouvernement poursuivra, à travers ses départements ministériels compétents, la création des conditions propices à la lutte contre les pires formes de travail des enfants.
Ensemble, œuvrons à l’éradication du travail des enfants.
Bassolma BAZIE
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