Bobo-Dioulasso : Le prix de la boîte de ‘Chitoumou’ varie du matin au soir

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Bobo-Dioulasso ou encore la cité de Sya, est la deuxième ville et la capitale économique du pays des Hommes intègres. Cette ville est aussi réputée pour ses chenilles communément appelées ‘Chitoumou’ en langue dioula, qui apparaissent chaque année dans cette partie du pays, une fois que la saison pluvieuse s’installe. Des femmes et jeunes filles en font une activité génératrice de revenus chaque année. Elles longent les grandes artères de la ville pour la commercialisation du mets du moment à savoir les chenilles fraîches, sèches ou tout simplement prêtes pour la consommation. Cette année 2022, la période de l’apparition des chenilles a connu un retard et la vente semble assez morose. Toutefois, les inconditionnelles vendeuses assurent que cette situation qui est due à l’installation tardive de la saison des pluies dans cette partie du pays, connaîtra une amélioration.

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La ville de Bobo-Dioulasso, de façon générale, est la ville de prédilection du Chitoumou (chenille). Pendant la période, rares sont les Bobolais qui ne s’invitent pas à la table de ce mets atypique et local quand elle est dressée. En effet, cette variété de chenilles a conquis les papilles gustatives de nombreux ménages Bobolais et d’ailleurs. Elle est d’autant plus prisée dans la sous-région à telle enseigne que son exportation se fait en masse.

Eh oui ! La saison pluvieuse n’est pas seulement agricole à Bobo-Dioulasso. Elle rime également avec l’apparition du Chitoumou. Il faut dire que ces chenilles se produisent très souvent dans les karités dont les feuilles leur servent de sève nourricière. Chose bizarre, cette nourriture prisée se fait de plus en plus rare. Et par ricochet, les prix aussi grimpent.

La boîte de Chitoumou se vendait à moins de 500 FCFA

Comme elles ne viennent que pendant la saison des pluies, les chenilles sont commercialisées dès leur apparition. Les années précédentes, la boite qui se vendait à moins de 500 FCFA, semble être une période révolue, car le prix a triplé voire quadruplé. Présentement, la boîte (grosse boîte de patte de tomate) se négocie à partir de 1500 FCFA. Une situation que  Nana Sanon, une habituée de la vente des chenilles justifie par le début tardif des pluies à Bobo-Dioulasso.

Nana Sanon, vendeuse de chitoumou
Nana Sanon, vendeuse de Chitoumou

Face à cette situation, elles sont obligées de se ravitailler auprès des vendeurs venus de Niangoloko et Sidéradougou, des localités situées à quelques centaines de Kilomètres de Bobo-Dioulasso pour revendre à leur tour.

« La période de Chitoumou n’est pas encore arrivée à Bobo-Dioulasso et ses environs. Nous nous ravitaillons avec ceux qui envoient de Niangoloko et de Sidéradougou. Cela nous revient très cher car le ravitaillement est soumis à une chaine.

Les femmes rentrent dans la brousse pour cueillir, et elles revendent à ceux qui reviennent nous les vendre à Bobo. Après quoi, nous aussi nous vendons aux ménages et aux commerçantes en détail et en gros. Avec la distance et le transport, ça revient cher», explique-t-elle comme pour éclairer la lanterne des profanes.

Le prix de la boîte a connu un pic de 3000 FCFA

Avec  l’installation tardive des pluies à Bobo-Dioulasso qui contribue à l’augmentation des prix des chenilles, s’ajoute la situation sécuritaire que vit le pays dans son ensemble. Et les femmes qui ramassent les chenilles notamment en brousse, renseigne Nana Sanou, n’arrivent plus à exécuter sereinement leur travail de ramassage, car maintes fois, des hommes armés non identifiés ont troublé leur quiétude.

« Les gens n’arrivent pas à fréquenter les brousses comme bon leur semble. Ils ont peur. Ceux qui nous ravitaillent nous ont expliqué que la dernière fois les femmes ont été intimidées par des hommes armés. Depuis lors, elles n’ont plus remis les pieds en brousse. Les années antérieures, on payait les chenilles en gros à 750 f, tout au plus 1750 f. Cette année, présentement, nous sommes à 1400f ou 1500f la boîte. Au début, il y a eu un pic où on payait la boîte à 3000f », relate Nana Sanon avec désolation.

Le Chitoumou n’a pas de prix fixe

Cependant, cette vendeuse de chenilles précise que le prix du Chitoumou n’a pas de baromètre. À l’entendre, quand il pleut, on assiste à une baisse des prix. Mais quand il ne pleut pas, le prix aussi augmente. Quand il pleut beaucoup aussi, l’eau de la pluie les emporte.  Par conséquent, le prix de la boîte peut baisser ou augmenter à tout moment.

« Souvent le matin on peut vendre la boîte de Chitoumou à 1500f et le soir le prix chute à 750f la boîte. Le surlendemain elle remonte à 2000f. On ne peut pas prédéfinir le prix du Chitoumou à l’avance », dit-elle avec insistance.

Le Chitoumou consommé sous forme de friture et de soupe

À noter que les chenilles sont vendues à l’état frais comme à l’état sec où elles peuvent être conservées pour une longue durée. C’est surtout pendant l’hivernage que le Chitoumou frais est très prisé. Ils sont d’ailleurs consommés sous plusieurs formes à savoir, en soupe, en friture, en brochette…

Fatoumata Sanou quant à elle, vend du Chitoumou grillé chaque année pendant l’hivernage. C’est accompagné de pain, de crudité, de mayonnaise que les clients se bousculent devant son échoppe en face de la mosquée de Dioulassoba à Bobo-Dioulasso pour s’en procurer.

Si Nana Sanou est convaincue de la prochaine baisse des prix, Fatoumata Sanon est quant à elle assez sceptique. Elle mentionne que passée cette période, les chenilles fraîches disparaitront et les prix iront crescendo.

Pour la carence des chenilles cette saison, elle pointe du doigt des utilisateurs des produits chimiques tels que les pesticides dont elle dit que ces produits les font fuir. Pour elle, au-delà de l’inconstance du prix de la boîte de chenille, la flambée des produits de première nécessité empiète aussi son activité.

« Tout a augmenté. L’huile, le charbon… rien que l’année passée, je vendais les chenilles à 5 f l’unité. Cette année, je suis contrainte de vendre 3 à 50f », dénonce Fatoumata Sanon. 

Que ce soit Nana Sanon qui vend le Chitoumou frais et sec en  gros et en détail, ou Fatoumata Sanou qui en vend la friture et souvent la soupe, toutes tirent leur épingle du jeu dans le commerce qu’elles font.

La ville de Bobo Dioulasso est réputée comme la capitale des chenilles. Une foire y est même organisée courant août en vue de valoriser cette denrée alimentaire locale. Selon des nutritionnistes, le Chitoumou est l’un des aliments les plus protéinés du Burkina, car il contient beaucoup de fer et d’acide gras, notamment l’oméga 3 et l’oméga 6…

Aminata Catherine SANOU

Burkina 24

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