Les Organisations professionnelles de médias « condamnent l’enlèvement d’un invité à la sortie d’une émission »

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Ceci est une déclaration des Organisations professionnelles de médias sur l’arrestation de Ollo Mathias Kambou, militant du Mouvement Le Balai Citoyen.

Dans la matinée du 05 septembre 2022, alors qu’il sortait d’une émission d’Oméga Médias, Ollo Mathias Kambou, alias Kamao, a fait l’objet d’une arrestation cavalière par des éléments de la gendarmerie nationale. Connu pour son militantisme notamment au sein du Mouvement Le Balai Citoyen, l’invité de l’émission spéciale d’Oméga médias a été ainsi conduit manu militari à la section de recherche de la gendarmerie de Ouagadougou puis à la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité. Il a été déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) le lendemain 06 septembre 2022.

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Selon les informations reçues de ses avocats qui ont pu le voir, les circonstances de son arrestation permettent d’établir que les gendarmes avaient connaissance du passage de Ollo Mathias Kambou à une émission en direct et en simultanée sur Oméga radio et Oméga TV et s’étaient donc postés dans les environs du média pour guetter leur cible. Et c’est ainsi que l’invité a été cueilli dès sa sortie des locaux du média.  

Le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) et ses organisations membres, l’Association des journalistes du Burkina (AJB), la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) dénoncent cet enlèvement qui n’est ni plus ni moins qu’un acte d’intimidation à inscrire dans la longue liste des atteintes à la liberté d’expression et à la liberté de la presse causées par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) depuis son avènement le 24 janvier 2022.

S’il est reproché à l’invité de Oméga, ses publications sur les réseaux sociaux, il est cependant difficile de croire que cette arrestation n’a pas de lien avec son passage à l’émission. Autrement, si l’objet de son interpellation n’est pas en lien avec l’émission, c’est une raison suffisante pour que l’invité ne soit pas enlevé au pied du siège du groupe Oméga Médias.

Si des citoyens peuvent ainsi être enlevés à la sortie d’émissions, si le passage d’une personne à une émission peut être une opportunité pour l’appréhender comme s’il s’agissait d’un criminel poursuivi, il est fort à craindre que des citoyens commencent à hésiter avant de répondre aux invitations des médias. Les médias ne doivent en aucune manière servir d’appât ni de lieu de guet-apens pour les forces de sécurité pour régler leurs comptes avec des personnes qui pourraient avoir maille avec la justice.

En tout état de cause, les OPM voudraient une fois de plus attirer l’attention des autorités et prendre l’opinion nationale et internationale à témoin sur la multiplication et la fréquence des actes attentatoires aux libertés publiques et en particulier à la liberté d’expression et de la presse.

Et que dire des dernières accusations graves du Président Paul-Henri Sandaogo Damiba proférées contre la presse ? « … Et enfin il y a ce peuple. Ce pauvre peuple, laissé à lui-même, balloté de toutes parts, par les officines obscures cachées derrières certaines technologies, et gavé d’informations alarmistes par certains médias devenus de dangereux outils de subversion ».

Ainsi s’exprimait le Lieutenant-colonel Damiba dans son discours bilan du 4 septembre 2022. Pour le Président de la Transition donc, des médias burkinabè seraient devenus de dangereux outils de subversion. Quelle injure ! Mais ce n’est pas étonnant car le Président Damiba et le MPSR semblent ignorer totalement l’importance, le rôle et les missions d’une presse nationale.

En prenant le Président Damiba au mot, on comprend aisément que l’émission spéciale de Omega médias de ce lundi 5 septembre 2022, comme d’ailleurs plusieurs autres plateaux du genre organisés par des médias audiovisuels, seraient de la subversion surtout qu’il s’agissait de juger le bilan du MPSR de ces cinq derniers mois.

Au regard de ces signaux très dangereux, nous tirons une fois de plus la sonnette d’alarme sur la nécessité pour les autorités de transition de se recentrer sur l’ultime mission, celle de la reconquête de notre territoire national et de moins se préoccuper des opinions des autres.

Nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoin des graves dérives que ces accusations pourraient entrainer et tenons le président Damiba pour responsable de toute atteinte à la liberté de la presse et à l’intégrité physique ou morale des femmes et hommes et médias consécutivement à cette stigmatisation.

Ouagadougou le 07 septembre 2022

Pour le CNP-NZ

Le Président du comité de pilotage

Guézouma Sanogo

Pour l’AJB

Le Secrétaire général

Boukari Ouoba

Pour la SEP

Le Président

Boureima Ouédraogo

Pour le SYNATIC

Le Secrétaire général

Siriki Dramé

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