Procès Dabo Boukary : Quand Gilbert Diendéré « corrige » un avocat !
32 ans après, le procès Dabo Boukary s’est ouvert, le lundi 19 septembre 2022. A la barre, Gilbert Diendéré, capitaine au moment des faits est appelé.
« 32 ans d’impunité et d’injustice. Tôt ou tard, les assassins seront punis », tel se lisait sur les T-shirts des étudiants venus en masse pour marquer leur intérêt au procès qui vient d’ouvrir ses portes.
Dans la démarche de la justice, c’est Gilbert Diendéré qui sera le premier à la barre. Après avoir fait sa déposition, les avocats de la partie civile vont tenir une séance d’interrogations avec lui pour porter lumière sur certaines zones d’ombre.
« Quand je suis arrivé, j’ai vu un corps sans vie. J’ai posé des questions, comment il est arrivé ici, qu’est-ce qu’il faisait ici ? On m’a dit que c’est Gaspard qui était au courant, j’ai jugé bon de rendre compte directement au chef d’Etat (Blaise Compaoré, à l’époque) », lance-t-il à la question de la partie civile qui était soucieuse de savoir s’il était au courant des faits.
Au président du tribunal de s’inquiéter si en voyant les étudiants dans cette posture, il a attiré l’attention des autorités sur la question. A cette question, il va répondre par la négative. Pourquoi donc exécuter les ordres du chef de l’Etat, sachant qu’il n’était pas au-dessus de la loi, questionne le tribunal.
« Monsieur le président, vous pensez qu’il y a quelqu’un de plus supérieur que le chef d’Etat ? Le chef d’Etat bien qu’il ne soit pas au-dessus des lois, en tout cas, il était au-dessus de moi, donc il me fallait en tant que bon militaire d’exécuter ».
Plus loin, Gilbert Diendéré confie que c’est une Peugeot 504 qui avait été utilisée pour enlever les étudiants. Pourtant dans ses propos, il n’a jamais eu dotation de cette marque de vehicule pendant qu’il était en service.
A la suite, il lui a été demandé la date exacte de l’inhumation du corps de Dabo Boukary, par un avocat de la partie civile. « Le corps a bougé dans la nuit du 19 mai, et c’est au petit matin du 20 mai qu’il a été inhumé », a-t-il avoué.
Toujours à la barre, Gilbert Diendéré va avoir une discussion d’autre niveau avec un avocat de la partie civile, dont certains vont qualifier cela de recadrage. « Quel commentaire faites-vous de la citation de Thomas Sankara qui dit d’un militaire sans formation patriotique est un criminel en puissance ? », au général de rétorquer : « Je vais vous corriger Maitre. Thomas n’a pas dit un militaire sans formation patriotique. Il a dit, un militaire sans formation politique ».
Rire dans la salle. Le président du tribunal va alors réclamer l’ordre et le silence. Après toutes ces interrogations et réponses, pour la plupart jugées insatisfaisante par les avocats de la partie civile, les dernières heures de la journée seront accordées aux avocats de la défense.
Ces derniers vont solliciter la suspension du procès pour reprendre le lendemain 20 septembre 2022, chose accordée…
Sié Frédéric KAMBOU
Burkina 24
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Et pourtant, Sankara l’a bel et bien dit. Diendéré n’a rien corrigé du tout. Il suffit d’ecouter le discours de Thomas Sankara à la tribune des Nations Unis. Il dit clairement qu’un militaire sans formation patriotique est un criminel en puissance.
Il y a de quoi corriger un homme qui est dans l’erreur