Ouagadougou : L’histoire et la signification du quartier Larlé avec le Larlé Naaba Tigré
Situé au Nord de Ouagadougou, Larlé est l’un des anciens quartiers de la capitale du pays des Hommes intègres, qui s’est métamorphosé au fil des âges comme tant d’autres. Le Larlé Naaba Tigré est l’un des ministres et proche collaborateur de Sa Majesté Le Mogho Naaba, Roi de Ouagadougou. Le Larlé Naaba Rabila, son ancêtre, est considéré comme le fondateur du quartier Larlé dont il porte d’ailleurs le nom. Qui de mieux placé que le Larlé Naaba Tigré pour lever un coin de voile sur l’histoire et la signification du nom que porte ce quartier ? Lisez !
Larlé. C’est l’un des plus vieux quartiers de Ouagadougou, fondé vers 1200, selon les informations du Larlé Naaba Tigré himself. Ministre du Mogho Naaba, il nous relate l’histoire de ce quartier qui remonte dans le temps dont le fondateur est son ancêtre, le Larlé Naaba Rabila.
Selon l’histoire à lui racontée par son grand-père, lorsque Naaba Oubri a décidé de venir s’installer à Ouagadougou, tous ses proches collaborateurs vinrent avec lui. « Vous savez qu’il a quitté Ziniaré pour venir s’installer à Ouagadougou », conte-t-il.
Ce ministre du Mogho, reconnu pour ses actions en faveur des couches vulnérables, nous rapporte que dès l’arrivée à Ouagadougou de ses aïeux, toutes les notabilités qui marchèrent avec Naaba Oubri, chacune d’elles alla s’établir dans un endroit de son choix.
Et son ancêtre, Larlé Naaba Rabila avait opté pour le côté Nord de Ouagadougou. Appelé aujourd’hui Larlé. « Le Larlé Naaba est venu s’installer dans ces environs. Et là où il s’était installé, il y avait beaucoup d’arbres ombragés, il y avait beaucoup de rôniers et de grands arbres », retrace-t-il.
Il avance que jusqu’à ce jour, tous les ministres du Mogho Naaba vont tous les matins adresser leurs salutations quotidiennes et faire allégeance à sa Majesté. Le vendredi, qui enregistre le rite du « faux départ », est le jour du conseil hebdomadaire.
Mais tous les jours, les chefs vont au palais pour saluer le Roi, fait-il savoir. « Les gens pensent que c’est uniquement les vendredis que les ministres vont chez le roi. C’est tous les jours. 7 jours sur 7, 30 jours sur 30, nous y allons chaque matin depuis des siècles pour présenter nos respects au Moogho Naaba », éclaire-t-il.
Et de rappeler ceci. Comme la coutume le prescrit, le Larlé Naaba Rabila se leva de bon matin et s’en alla présenter ses civilités au Naaba Oubri. « Quand il est parti présenter ses respects, ses salutations quotidiennes à Sa Majesté le Moogho Naaba Oubri, il lui a demandé où il s’était installé ? Et il a répondu là où il y a de grands arbres. C’est avec le temps que c’est devenu Larlé. C’est comme Ouagadougou, au départ ce n’était pas Ouagadougou, c’était Wa-waogodo Tenga (ce qui signifie la ville de l’honneur) puis devenu Ouagadougou à l’arrivée du colon », relate le leader coutumier.
Larlé signifie donc littéralement là où il y a de grands arbres. « Les noms dans le temps ont eu une évolution et c’est devenu Larlé. Voilà la petite histoire de Larlé », dit-il. À l’entendre, l’histoire de Larlé est intimement liée à celle du royaume Moaaga. « Nous avons accompagné le roi (Naaba Oubri, ndlr) depuis sa traversée de Tenkodogo à Oubritenga (Ziniaré). Et de Ziniaré à Ouagadougou », raconte-il.
Le Larlé Naaba reconnait que le quartier a beaucoup évolué. Il se souvient que quand ils étaient jeunes et partaient à l’école les matins à son temps, au niveau des rails, Ils rencontraient des petits singes rouges et des lièvres. « Aujourd’hui, même si on vous fait une offre d’un milliard pour trouver un singe à Ouagadougou, vous n’allez pas trouver sauf un singe qui est dans une cage, de même pour un lièvre.
Mais nous-mêmes, on a chassé des lièvres à Larlé ici. Larlé a vraiment muté du village où on faisait des champs, nos grand-mères cultivaient, là où il y a la gare routière vers les rails, vers l’école Baoghin, nos grands-mères cultivaient là-bas, c’était nos champs et le lieu de pâturage de nos chevaux », affirme-t-il.
Son amour pour l’agriculture
Il narre que quand ils étaient enfants, ils partaient de temps en temps pêcher dans le canal du Moogho Naaba, où il croisait des crocodiles et même des gros serpents, chose quasiment impossible aujourd’hui. Il révèle que là où est érigé aujourd’hui le musée de l’armée c’était le jardin de son grand-père. « Beaucoup de choses ont changé comme le dit la sagesse reprise par maître Pacéré Titenga : ‘si la termitière vit, il faut qu’elle ajoute de la terre à la terre’ », soutient-il.
C’est de son feu grand-père que le Larlé Naaba Tigré tire son amour pour l’élevage et l’agriculture, nous dit-il. Aussi, nous fait-il comprendre qu’il a toujours eu de la passion pour ces deux secteurs d’activité depuis son enfance.
« Je pense aussi que c’est dû au fait que très jeune, j’ai été responsable traditionnel, responsable politique, j’ai appris à connaître nos réalités socio-culturelles et économiques. Aujourd’hui, nous devons comprendre que le Burkina Faso n’atteindra un développement solide que s’il prend en compte l’agriculture et l’élevage », argue-t-il.
Pour le Larlé, le reste des secteurs comme les mines et autres sont des secteurs ponctuels dont les ressources peuvent tarir d’un moment à l’autre. Selon lui, la terre restera toujours cultivable pour nourrir les Burkinabè s’ils l’exploitent.
Il a poursuivi en disant que si le secteur agricole est bien organisé, le Burkina Faso peut produire trois fois dans l’année pour satisfaire à la demande domestique et penser à l’exportation.
« Nous avons des avantages comparatifs au niveau du climat. C’est maintenant la maitrise de l’eau qui est la question fondamentale. Pour le reste, Dieu et la nature peuvent nous permettre de l’avoir.
L’élevage aussi, nous sommes un pays où il y a un cheptel important mais le cheptel aussi a mal à son alimentation. Parce qu’on n’arrive pas à nourrir nos animaux et beaucoup meurent au moment de la sècheresse », déplore-t-il.
La situation sécuritaire
La situation sécuritaire difficile du pays est aussi revenue dans nos discussions avec le Larlé Naaba Tigré. Le développement a horreur de l’insécurité, estiment de nombreuses personnes. Et nous avons parlé de la contribution de la chefferie coutumière pour venir à bout de ce fléau. Sur ce point, il nous répond que depuis le début de cette crise, les leaders coutumiers à travers le pays ont toujours su manifester leur solidarité et celle de leurs populations au gouvernement et aux forces combattantes.
« Depuis 2015 jusqu’à nos jours, les chefferies coutumières dans tout le Burkina agissent de façon concertée comme de façon aussi solitaire pour soutenir les déplacés, pour soutenir les forces de défense et de sécurité. Je pense qu’il y a la solidarité au niveau financier, la solidarité au niveau des prières et des rites pour que nos forces de défense et de sécurité et les VDP puissent avoir la force morale et spirituelle pour combattre l’ennemi. Les chefs agissent sur plusieurs tableaux sur le plan spirituel et sur le plan matériel et financier », argumente-t-il.
Pour mémoire, le Larlé Naaba Tigré nommé le 26 février 1990 par l’actuel Moogho Naaba Baongo a 33 ans de règne. Il est connu comme un leader traditionnel mais aussi et surtout comme un agro-businessman avec une ferme agro-sylvopastorale de plusieurs hectares.
Il est le promoteur de plusieurs filières agricoles (le jatropha, le moringa, le mung bean, une espèce d’haricot venue d’Asie qu’il vulgarise au pays des Hommes intègres) et avicoles (dix poules, un coq pour lever la pauvreté en un an, 35 poules, 5 coqs pour avoir un revenu de plus de 100.000 FCFA à partir du 6e mois).
En plus de ses actions dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage, il intervient aussi dans le domaine humanitaire. Tout ceci lui a valu plusieurs distinctions nationales : Champion national pour la nutrition, commandeur de l’ordre de mérite agrafe agriculture, meilleur producteur de fourrage.
Et tout dernièrement docteur honoris causa de l’Université de Texas aux USA. Il est aussi connu dans la sphère politique burkinabè où il a été 5 fois député de l’Assemblée du peuple à l’Assemblée nationale sous la bannière de l’ODP/MT (Organisation pour la démocratie populaire/Mouvement du peuple) et du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) où il a démissionné «dignement» en 2014 pour se consacrer entièrement à ses passions notamment l’agriculture et l’élevage…
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Willy SAGBE
Burkina 24
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Je ne suis pas satisfait de l’explication donné par notre ministre. La version que nous avons est tout autre. Parle est une déformation coloniale. L’appellation du quartier vient des missions du ministre. Il est le garant des coutumes du royaume et des sépultures des rois. Par conséquent je suppose que c’est Lagdin au lieu de larlé qui ne veut rien dire
Pouvez-vous transmettre mes amitiés au Larlé Naaba qui me fit l’honneur de me recevoir en 1998 et m’offrit la place d’invité d’honneur lors de la cérémonie du départ du Moogho Naaba ?
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Amitiés