Ouagadougou : Socrate 14, l’étudiant en SVT devenu vendeur de Garba
De spécialité gastronomique ivoirienne, le Garba (Attiéké, un mets à base de manioc servi avec du poisson) s’invite de plus en plus dans les assiettes au Burkina Faso. Depuis peu, des points de vente de ce mets poussent de partout. Depuis sa labélisation au Burkina, il conquiert le cœur des Burkinabè. Hommes, femmes, chacun en raffole. Et plus qu’un simple plat, le garba est devenu une importante source économique, notamment à travers sa vente. Nous sommes allés à la rencontre de Yacouba Ouédraogo alias Socrate 14, un étudiant en SVT devenu vendeur de garba à Ouagadougou. Socrate est réputé pour la qualité de son service… Lisez !
Socrate 14, de son vrai nom Yacouba Ouédraogo, est né en Côte d’Ivoire. Après l’obtention de son baccalauréat, ses parents décident de l’envoyer dans son pays d’origine, le Burkina Faso, pour poursuivre son cursus scolaire. C’est ainsi qu’il dépose ses valises au pays des Hommes intègres, avec pour seul objectif de poursuivre ses études. Sir Yacouba s’inscrit à l’université Joseph Ki Zerbo en première année dans la faculté SVT (Sciences de la vie et de la terre).
Socrate décide d’arrêter les études, pour « aller se chercher ailleurs ». Pour lui, la seule manière de sortir la tête de l’eau c’était d’entreprendre. Mais entreprendre dans quoi ?, avec quel moyen ? Sir Yacouba était donc limité dans ses projets, mais il n’a jamais été question pour lui d’abandonner. Il se lance donc dans des petites activités telles que la vente des timbres à l’université, les demandes…
Par la suite, il se retrouve à vendre des documents de droit, économie aux étudiants de l’université Ouaga II (Thomas Sankara) au SIAO. C’est avec ironie que Sir Yacouba se remémore ses moments avec un petit un sourire « étudiant en SVT et aujourd’hui je me retrouve à vendre des documents », a-t-il dit tout en souriant. Manque de clients, et autres bobos, Yacouba se lance également dans d’autres activités telles que le gardiennage de nuit pendant deux ans, tout en ayant à l’esprit « économiser pour entreprendre ».
Après les deux ans de gardiennage, Sir Yacouba pensait avoir assez d’économie pour se lancer dans une activité qui lui est propre à savoir la vente du garba. Cependant il ne faudrait surtout pas aller vite en besogne. Il prend donc le soin de discuter avec un doyen du milieu (un vendeur de garba, ndlr), afin de prendre conseil auprès de lui. Il effectue même un stage d’une semaine pour pratiquer le métier de ses propres mains, comment faire l’approvisionnement en attiéké et en poisson. Une fois cela acquis, ce qui posait désormais problème était le local pour la vente.
Après de longues réflexions menées sur la clientèle, il décide alors de se placer en face de l’université avec pour cible les étudiants. Car dit-il, « il y a la diaspora de la Côte d’Ivoire qui aime elle aussi le garba et se retrouve à l’université ».
Grande désillusion, le jeune entrepreneur va très vite faire face aux réalités du monde entrepreneurial. Rareté des clients, pertes enregistrées au quotidien sont devenues les amis fidèles de Socrate. A cela, se sont invités les nombreux braquages. Tout était bien réuni pour saboter son busines. Il refuse de jeter l’éponge et redouble d’effort. Chose qui porte ses fruits aujourd’hui, à voir l’évolution de ses entreprises.
Il est 10h quand nous nous présentons au garbadrome de Socrate14, sis à Zogona (un quartier de la ville de Ouagadougou, ndlr). L’affluence était à son beau jour. Difficile de se trouver une place assise, à moins d’attendre qu’un client finisse. « Ma chérie, il faut me servir, je suis pressé,… j’attends ma monnaie, mets les condiments à part, mets un œuf, ça va finir… », sont des notes audibles déjà à quelques pas du garbadrome de Socrate 14.
Pour mieux se rapprocher de ses clients et faire profiter, à tous, ses spécialités, Socrate a joint à ses entreprises la vente en ligne, en recrutant un personnel chargé de la livraison. « Tout est devenu numérique, les gens ne veulent plus se déplacer encore donc c’est pour ça qu’on a créé une page Facebook et également des groupes WhatsApp où les gens font leurs commandes et on leur fait livrer », explique-t-il, avant de confier que ce métier lui permet aujourd’hui de mettre sa famille à l’abri de tout besoin.
Nul besoin de rappeler que le garba de Socrate est prisé de tous. Les clients trouvent un malin plaisir à déguster ses mets comme de petits pains. L’étudiant Victorien Goïta, en est un vrai consommateur. « Je suis un fidèle client de Socrate depuis que je suis arrivé ici au Burkina en 2018, et je l’ai connu par un ami qui m’a vendu ses mérites depuis, on aime ce plat donc arrivé ici ça fait plaisir de le retrouver.
Comme c’était à côté du campus c’était encore plus facile et c’est parce que c’est toujours bon qu’on continue de venir. Il y a beaucoup de personnes qui le font mais chez lui on est convaincu que c’est de la qualité c’est pourquoi on continue de venir ici, amitié mise à part.
Moi je dirais que c’est une valeur ajoutée aujourd’hui à notre nation car il arrive à employer des jeunes et cela est à encourager à mon avis. Je crois que nous les jeunes, nous gagnerons également à suivre son exemple c’est-à-dire commencer petit et ça va aller », argue le client de Socrate.
Même son de cloche chez Alexandre Séogo. Grand fanatique du garba, il ne tarit pas d’éloges envers les services de Socrate. « Moi personnellement je suis habitué au garba depuis la Côte d’Ivoire, arrivé ici, c’est une continuité. J’apprécie vraiment ce plat. Comme je suis célibataire je n’ai pas le temps de préparer à la maison et ici avec 500 FCFA, tu te fais un bon plat et tu es rassasié. La qualité également y est. C’est un plat qui maintient en réalité », lâche-t-il.
En plus d’offrir aux populations de quoi se mettre sous la dent, Socrate à travers son entreprise a contribué à réduire un tant soit peu le chômage. En effet, nombreux sont les jeunes qui prêtent leurs services à Socrate, moyennant des rémunérations. Parmi ces gens, figure Félicité Koala, jeune étudiante en Lettres Modernes.
« Je travaille avec Socrate depuis plus d’un an maintenant. Pour moi c’est un métier comme tout autre et tout monde peut s’y mettre, hommes ou femmes. Cependant il y a souvent des difficultés avec certains clients qui manquent de patience, on essaie de faire avec. Socrate, c’est un patron cool mais il veut que le travail soit bien fait donc il faut s’appliquer réellement quand on veut travailler avec lui », renseigne la jeune étudiante.
A l’image du garbadrome de Socrate14, des garbadromes poussent et envahissent les artères de la ville de Ouagadougou. Tout porte à croire que les Ouagavillois sont friands de ce plat. Mieux, sa commercialisation fait gagner gros…
Mireille ZONGO
Pour Burkina 24
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