34 ans de l’assassinat de Dabo Boukary : L’AEBF marque une halte pour rendre un hommage à cet étudiant
Ceci est une déclaration de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) et de l’Association des étudiants burkinabè en France (AEBF) à l’occasion du 34e anniversaire de l’assassinat du camarade Dabo Boukary.
Paris, le 18 mai 2024
Camarades étudiant.e.s,
Militant.e.s, sympathisant.e.s,
Ce 19 mai 2024, la communauté universitaire, les démocrates, patriotes et révolutionnaires sincères de notre pays épris de justice, commémorent le 34e anniversaire de l’assassinat crapuleux de notre camarade Dabo Boukary. Il était étudiant en 7ème année de médecine à l’Université de Ouagadougou. En cette journée importante, l’AEBF à l’image des autres sections de l’UGEB, entend marquer une halte pour rendre un hommage mérité à cet étudiant qui s’est sacrifié pour une université démocratique et populaire accessible aux enfants de notre peuple. Le 19 mai est une journée de réflexion sur nos conditions de vie et d’études, mais aussi une journée de lutte contre l’impunité des crimes économiques et de sang et pour la justice dans notre pays.
En rappel, l’assassinat de Dabo Boukary est intervenu dans un contexte de répression sauvage orchestrée par le pouvoir du Front populaire dirigé alors par le capitaine Blaise Compaoré. Ce régime putschiste du Burkina Faso, en serviteur zélé des intérêts des puissances impérialistes avait adopté les Programmes d’Ajustement Structurels (PAS), se désengageant ainsi des secteurs sociaux de base comme l’éducation et la santé. L’application des PAS a conduit à une dégradation des conditions de vie et d’études des étudiants. A ce chaos sur le campus s’était adjoint la confiscation des libertés démocratiques et syndicales dans tout le pays.
Refusant la fascisation, les étudiants sous la houlette de l’Association Nationale des Etudiants Burkinabè (ANEB) vont s’organiser pour exiger l’amélioration de leurs conditions de vie et d’étude et pour l’élargissement des espaces de libertés.
Le pouvoir criminel de Blaise Compaoré voulant étouffer toute contestation refusa de se pencher sur les revendications justes et légitimes des étudiants. C’est alors que ses hommes de main d’alors au sein de l’université à savoir le professeur Alfred Traoré (directeur de l’ISN/IDR), feu professeur Alain Nindaoua Sawadogo (recteur de l’Université de Ouagadougou) et feu professeur Mouhoussine Nacro (ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique), vont activer la machine répressive sur les étudiants dont le seul « tort » a été de s’être dressé contre la tyrannie d’un pouvoir criminel qui s’est repu du sang de gens innocents et de s’être engagés au sein de l’UGEB.
Ces autorités universitaires et ministérielles ont bénéficié dans leur basse besogne du soutien indéfectible d’étudiants fantoches essentiellement issus des Comités révolutionnaires (CR) de l’université. Parmi ces étudiants « gâteaux » figurent Bansé Moussa, Diabaté Issouf, Gandéma Issa, Ouédraogo Hubert, Tao Yendekoye, Hien Lin et Bamba Mamadou (doublement condamné dans le procès du putsch de septembre 2015 et celui de l’assassinat de notre camarade Dabo Boukary).
La violente répression va se manifester par des exclusions d’étudiants (25 au total, dont tout le Comité exécutif de l’ANEB/Ouaga), des enlèvements, des blocages de bourses, des perquisitions illégales, des violences physiques, des enrôlements forcés dans l’armée. C’est dans ce contexte que le camarade Dabo Boukary a été enlevé par des militaires voyous et conduit au sein du tristement célèbre Conseil de l’Entente où il sera torturé à mort. Dabo n’a pas survécu à la monstruosité de ses assassins, qui après lui avoir ôté sa vie ont décidé de s’emparer de son corps qui n’a jamais été remis à sa famille et à ses camarades de lutte. Dabo, l’étudiant en 7ème année de médecine, le militant convaincu de l’UGEB, le digne fils du Burkina Faso et d’Afrique, n’a pas eu droit à une sépulture digne. Il a été enterré à la sauvette par ses assassins. Si sur le plan judiciaire, l’AEBF se réjouit du jugement et de la condamnation, le 22 septembre 2022, des responsables de la mort de notre camarade Dabo, elle appelle les étudiants à rester vigilants dans ce contexte d’Etat d’exception et de dictature rampante.
Camarades,
Ce triste anniversaire de l’assassinat de notre camarade Dabo intervient dans un contexte particulier. Au niveau international, la crise du système capitaliste s’approfondit avec ses conséquences désastreuses pour les peuples du monde. Les rivalités inter-impérialistes ont plongé le monde dans une insécurité totale avec des risques d’une 3e guerre mondiale. L’impérialisme russe d’un côté et celui américain et ses alliés de l’OTAN de l’autre poursuivent la guerre de repartage en Ukraine avec des victimes innocentes ukrainiennes et russes qui n’ont aucun intérêt dans ces affrontements. Pendant ce temps, l’Etat criminel d’Israël, soutenu par les USA, la France, et d’autres puissances impérialistes continue de massacrer des populations civiles à Gaza en violation flagrante du droit international. L’AEBF est solidaire des mobilisations en cours dans les territoires palestiniens et partout dans le monde en soutien à la résistance palestinienne. Les peuples israéliens et palestiniens sont des victimes de cette guerre. Ils ne veulent que la paix.
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Au plan national, c’est la fascisation des années 1990 qui se rejoue. Le pouvoir du MPSR 2 après son putsch du 30 septembre 2022, emprunte les pas du pouvoir sanguinaire de Blaise Compaoré que le peuple insurgé a chassé en octobre 2014. En effet, les enlèvements de citoyens, les enrôlements de force dans l’armée, les disparitions forcées de civils et de militaires, la violation des libertés démocratiques et syndicales, la levée de milices ont été érigés en mode de gouvernance par le pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré.
Pendant ce temps, la lutte contre le terrorisme qui avait servi de prétexte aux deux putschs (janvier et septembre 2022) est en train d’être relégué en second plan. La préoccupation essentielle du pouvoir du MPSR2 semble ainsi être la conservation par tous les moyens du pouvoir d’Etat.
Sur le plan universitaire, la crise s’enlise. Retards académiques, chevauchements d’années et de semestres, taux d’échecs, conditions sociales difficiles, chassent les étudiants du circuit universitaire. Pire, comme en mai 1990, la répression farouche des étudiants a repris de plus belle. Une dizaine d’étudiants des UFR SVT, SH et LAC de l’Université Joseph Ki Zerbo ont été enlevés. Les commanditaires et exécutants de ces actes criminels répondront de leurs actes tôt ou tard. Notre peuple a démontré qu’il reste intransigeant quant aux questions d’impunité de crime de sang.
Camarades étudiant.e.s ,
Militant.e.s, sympathisant.e.s,
En France, les étudiants burkinabè vivent dans des conditions assez difficiles. Le logement demeure la principale préoccupation, surtout pour les nouveaux. La réouverture de la cité Fessart à Paris a allégé un tant soit peu la souffrance de certains étudiants. Mais force est de constater que sa gestion reste problématique, clanique et très opaque. Les critères d’attribution des chambres restent flous et plusieurs étudiants se voient refuser la chambre sans connaître clairement les motivations. Jusqu’à ce jour, l’Ambassade refuse que l’AEBF soit représentée dans la commission d’attribution des chambres. L’ASCE/LC et toute autre structure de contrôle gagnerait à s’y pencher.
Les bourses sont quasi inexistantes et l’écrasante majorité des étudiants est contraint à faire des « jobs étudiants » pour s’en sortir. Ce qui impacte les résultats académiques. L’augmentation des frais de formation pour les étudiants extracommunautaires (les frais sont passés de 173 à 1773 euros pour le premier cycle et de 243 à 3773 euros pour le cycle Master) et les difficultés d’obtention de visa étudiant du fait de la crise diplomatique entre le Burkina Faso et la France préoccupent également les étudiants.
Pour ce qui concerne les étudiants nouvellement admis dans des universités françaises, l’AEBF s’insurge contre le « deux poids, deux mesures » constaté l’année dernière dans l’attribution des visas. Alors que les visas étaient suspendus, certains étudiants qui n’avaient pas encore introduit leurs demandes ont pu obtenir leur visa comme par magie. Pendant ce temps, d’autres ont renoncé à leur formation ou reporté leur année académique faute de visa. Pire, les frais de dépôt de dossier (60 000F) ne leur ont pas été remboursés. Cette année encore, ils ont été obligés de payer une nouvelle fois avec une augmentation (+10 000F). Pour l’AEBF, le principe doit être le même pour tous les étudiants : soit il est possible d’obtenir le visa et les dossiers de tous les étudiants sont analysés, soit les visas sont suspendus et il y a zéro étudiant qui obtient le visa. Il ne doit pas y avoir de circuits « non officiels » comme cela a été constaté l’année dernière.
Camarade étudiant.e.s,
A l’image de Dabo Boukary qui a consenti le sacrifice suprême nous devons nous engager davantage pour défendre fermement l’état de droit et de meilleures conditions de vie et d’étude.
Ainsi, l’AEBF :
- interpelle les autorités à faire de l’éducation une priorité au-delà des slogans ;
- invite les étudiant.e.s burkinabè en France à se mobiliser dans leurs sous-sections pour rendre hommage à Dabo Boukary ;
- appelle les étudiant.e.s burkinabè en France à renforcer l’AEBF pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux ;
- invite les étudiant.e.s à rester à l’écoute pour la commémoration en différée de la Journée de l’étudiant burkinabè en France.
Hommage à Dabo Boukary !
Non aux restrictions des libertés et à la répression !
En avant pour l’amélioration de nos conditions de vie et d’études !
Vive l’AEBF !
Vive l’UGEB !
Pain et Liberté pour le Peuple !
Le Comité Exécutif
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