SIAO 2024 : Adama Sylla, fabricant et vendeur d’armes à feu, expose au Pavillon Goré
À l’occasion de la 17e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO 2024), une équipe de Burkina 24 a rencontré Adama Sylla, vendeur d’armes à feu. Des armes à canaux utilisées autrefois par les grands parents pour la chasse et la guerre… Le vieux Sylla, natif de Koudougou à la soixantaine d’années bien sonnées, expose au SIAO dans le pavillon Goré stand B 14. Découverte !
Depuis combien d’années avez-vous commencé ce travail d’armurier ?
J’ai commencé ce travail depuis ma tendre enfance. Nous sommes une famille de forgerons et nos parents avaient le secret du fer et des armes. On a été vite initiés à ce métier. C’est depuis 1979 que je suis dans ce domaine.
Donc plus de 40 ans que je suis dans ce métier mais on s’adapte à la modernité, compte tenu de l’évolution du monde. On a hérité de ce travail par nos parents, nous sommes des forgerons et on avait de l’encadrement de nos frères qui nous ont aidés et avec l’évolution du temps, on s’est adaptés.
Comment est le marché de l’armement au Burkina Faso ?
Le marché de l’armement se porte bien puisque le monde est aujourd’hui tourné vers une course effrénée aux armements donc le besoin y est. Ce qui rend la commercialisation difficile, ce sont les conditions d’acquisitions ou autrement la possession des autorisations légales pour l’usage d’armes par les autorités compétentes judiciaires.
La puissance d’un pays de nos jours repose aussi sur la qualité et la quantité de son armement, donc les armes sont nécessaires pour tout pays de nos jours qu’il soit grand ou petit.
Parlez-nous du moment de la révolution qui a été une étape importante de ce métier d’armement ?
Il y a eu l’avènement de la révolution 1984 du Capitaine Thomas Sankara qui a donné libre champ à ce métier d’armement. Nous avons su saisir l’opportunité en même temps puisque le capitaine ne distinguait aucun métier dans l’optique de sa vision politique de « Libérons notre génie créateur ».
A son arrivée, il a organisé les foires régionales pour connaître tous les artisans burkinabè. Véritable vitrine de retrouvaille des artisans et créateurs du pays. C’est là qu’on a commencé à participer aux foires. Pour ma première foire régionale, il m’a félicité et encouragé. Je lui ai donné une arme, on était organisé dans tout le pays. On se connaissait pratiquement.
C’est de là que la participation des différentes foires se multipliait telles que la SNC, le SIAO, le FESPACO, rue marchande qui favorisaient la promotion et la vente des armes. On vendait librement, mais après la disparition du capitaine, ça ne donnait pas encore parce que les foires avaient perdu d’engouement.
Quels sont les différents matériaux que vous utilisez pour la fabrication des armes ?
Nos matières sont disponibles. Il s’agit du fer, du bois et des munitions. Le bois et le fer sont à notre disposition mais les munitions sont produites par des usines spéciales. On produit les armes mais pas les munitions.
Quelles sont les conditions et la période d’utilisation de ces armes ?
Mais !… C’est utilisé dans les conditions d’usage comme les autres armes, elles sont utilisées dans la chasse, la guerre, la défense de soi et de sa famille…
Le pays est en insécurité, la commande d’armes sophistiquées provenant des partenaires extérieures se fait pour la défense, en tant que fabricant d’armes locales, quel commentaire faites-vous ?
Si nous, on fabriquait les armes ici on n’allait pas les exporter. C’est à nous de nous donner les moyens pour produire les armes nous-mêmes.
On doit se donner les moyens et travailler ensemble avec des bons partenaires d’autres pays pour la fabrication des armes au lieu de partir payer ailleurs. Nous avons la capacité de le faire, ceux qui les fabriquent ne sont pas au-dessus de nous.
Qui peut fabriquer vos armes ?
C’est toute personne qui est habilitée à le faire. C’est un métier qu’on peut apprendre comme les autres. Le profane peut le faire s’il intéresse et l’apprend. Notre pays est en partenariat avec la Russie, on peut tisser une relation de partage de savoir et de savoir-faire en armements et cela sera bénéfique pour nous.
Êtes-vous seul dans la confection d’armes à feu au Burkina Faso ?
Non ! Nous sommes nombreux à travers le pays. J’ai des parents à Bobo-Dioulasso et également à l’intérieur du Burkina Faso qui fabriquent aussi ces armes.
Quel est le prix d’une arme chez vous ?
Le prix d’une arme est à 225 000 F CFA. Nous ne vendons pas avec les munitions car cela relève d’une autre spécialité que nous ne possédons pas.
Quel est votre message pour le peuple burkinabè ?
Le message que j’ai à lancer aux jeunes c’est leur dire d’aimer notre pays. D’avoir l’amour du travail car c’est le travail seul qui paie.
Propos recueillis par Dieudonné KOUDOUGOU (stagiaire)
Burkina 24
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