« De la graine à la table 2025 » : Yelemani sonne l’alarme sur la perte de la biodiversité et la dépendance aux semences industrielles

L’Association Yelemani pour la Promotion de la Souveraineté Alimentaire en compagnie de ses partenaires a tenu une conférence de presse le jeudi 6 février 2025 à Ouagadougou pour annoncer la tenue de la deuxième édition de son initiative « De la graine à la table ». Cet événement, qui se déroulera du 21 au 22 février 2025 à Loumbila, se veut une plateforme de réflexion et d’action autour des enjeux de souveraineté alimentaire et de la promotion des semences paysannes.
« La souveraineté alimentaire commence par les semences. On ne peut pas dire qu’on est indépendant si nos semences viennent d’ailleurs”, est convaincu Blandine Sankara, coordinatrice de l’association Yelemani. Pour elle, il est impératif de replacer les semences paysannes au cœur de notre modèle agricole. C’est une question de non seulement de survie, mais aussi de souveraineté selon elle.
« La souveraineté alimentaire commence par les semences. Si nous ne contrôlons pas nos semences, nous ne contrôlons pas notre alimentation. Or, aujourd’hui, les semences paysannes sont menacées par l’hégémonie des semences industrielles », a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse.
« Un patrimoine génétique en danger »
Ali Tapsoba, de la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN), a mis en lumière les dangers de la perte de la biodiversité liée à la diffusion des semences industrielles. « Les semences paysannes sont le fruit de siècles de sélection et d’adaptation par les agriculteurs. Elles constituent un patrimoine génétique inestimable, qui est aujourd’hui en danger.

En privilégiant les semences hybrides et standardisées, nous risquons de perdre une richesse irremplaçable », a-t-il averti. En effet, à attendre ses explications, la semence paysanne a résisté à des siècles de changement climatique, conférant ainsi un caractère hétérogène à ses gènes.
Pourtant les semences industrielles sont conçues pour résister à un climat donné et pas forcément à une longue période. Ces semences aussi ne peuvent pas être cultivées sans les engrais qui vont avec. Rendant les cultivateurs dépendants des firmes qui fabriquent les semences industrielles et les engrais qui vont avec.
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Pour Ali Tapsoba, si on y prend garde, avec la promotion à outrance de la semence conventionnelle ou industrielle, à un certain moment, elle va phagocyter la semence paysanne et on sera complètement dépendant des firmes industrielles.
Ces firmes à l’entendre en ce moment vont nous dicter ce que l’on doit cultiver et ce que l’on doit manger, puisse qu’ils contrôlent désormais les semences et les engrais qui vont avec.
« Des agriculteurs pris au piège de la dépendance »
Lucien Silga, président de la commission juridique du Comité Ouest Africain des Semences Paysannes Burkina (COASP)/Burkina, a d’ailleurs dénoncé la dépendance croissante des agriculteurs aux semences industrielles et aux intrants chimiques.
« Les semences hybrides (industrielles) ne peuvent pas être ressemées d’une année sur l’autre. Les agriculteurs sont donc obligés de racheter leurs semences chaque année, ce qui engendre des coûts importants et une dépendance vis-à-vis des entreprises semencières. De plus, ces semences sont souvent conçues pour être utilisées avec des engrais et des pesticides chimiques, ce qui a des conséquences néfastes pour la santé et l’environnement », a-t-il expliqué.

« Il est temps de réagir »
Face à ces défis, Yelemani et ses partenaires appellent à une mobilisation collective pour défendre les semences paysannes et promouvoir une agriculture plus durable et respectueuse de l’environnement.
« Il est temps de réagir. Nous devons soutenir les initiatives locales qui œuvrent à la préservation des semences paysannes et à la promotion de l’agroécologie. Nous devons également interpeller les pouvoirs publics pour qu’ils prennent des mesures en faveur de la souveraineté alimentaire », a insisté Blandine Sankara. D’ailleurs l’organisation de l’initiative « De la graine à la table » entre dans ce cadre.

« De la graine à la table » : un événement pour tous
La deuxième édition de « De la graine à la table » s’adresse à tous ceux qui se soucient de l’avenir de notre agriculture et de notre alimentation. Au programme : ateliers de réflexion, concours sur la biodiversité des semences, exposition-vente de produits locaux, projections de films, débats.
Un événement riche en échanges et en propositions pour aboutir à une prise de conscience et à une action collective. In fine, “De la graine à la table” doit accoucher de plusieurs éléments de plaidoyer en faveur de l’agriculture paysanne.
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Hamadou OUEDRAOGO
Burkina 24
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