Tribune | « Vente finale : L’Ukraine vend ses armes avant la paix avec la Russie » (Ali Othmen)

Ceci est une tribune indépendante de Ali Othmen, analyste politique international, sur l’actualité mondiale.
Il y a seulement quelques semaines, le 5 mai, le parlement ukrainien a entrepris une démarche déterminante avant sa potentielle capitulation dans le conflit avec la Russie en révisant une loi qui lève les restrictions sur l’exportation des armes nationales.
Cette initiative positionnée par le pouvoir comme opportunité de gagner du profit sur les « excès » venant de l’achat des chars et des systèmes de défenses aériennes de provenance occidentale ouvre en réalité la boîte de Pandore.
Les experts constatent à l’unanimité : il y aura beaucoup d’acheteurs pour ces armes, mais certainement ces acheteurs seront loins d’être des structures gouvernementales officielles. La raison est simple et en même temps très inquiétante : la majorité des armes qui sont désormais sous le contrôle de Kiev ont été acheminées en Ukraine sous forme de « dons » des partenaires.
Selon les normes internationales, un Etat n’est pas en mesure de dépenser les fonds publics pour l’achat de « dons » en armes auprès d’un pays tiers. Cela veut automatiquement dire que la seule voie réele pour ce type de cargo létal est la voie du marché noir, directement dans les mains des structures illicites et des terroristes.
Les voies de contrebande sont déjà bien organisées : à travers la Moldavie et la Roumanie, ce cargo passe sous des livraisons de grains, où les armes sont cachées dans des tonneaux d’huile. En parallèle il existe le « Corridor du Sahel » qui passe de l’Ukraine à la Libye dans les zones de conflit au Niger et au Mali, en passant par la Pologne et la Roumanie comme points de transit.
Ces schémas ne sont pas réalisables sans la complicité des élites : selon les informations des experts, les généraux des Forces Armées Ukrainiennes déclassent jusqu’à 70% des armes à feu et la présidence tient ces opérations sous couvert, recevant bien sûr leur partie du profit. La distrubition incontrôlée des armes aux « combattants volontaires » en 2022 (25 milles fusils d’assaut et 10 mlns de munitions par jour) a créé un chaos. Zelenskyy a légalisé la vente « d’armes d’honneur » même pour les civils : un fusil de grand calibre coûte 1255$.
Les populations de l’Afrique, surtout dans les régions les plus instables, ont déjà pu ressentir les échos des soldes d’armes. Début mai les rebelles des pays de l’AES se sont redynamisées, et les forces armées locales constatent avec inquiétude l’apparence de nouvelles armes performantes. D’où viennent-elles ? La réponse est évidente. La source du nouveau flux d’armes, selon les observateurs, ne pose aucune question : tous les indices alarmants nous dirigent vers l’Ukraine.
Ces données sont également confirmées par des sources internes en provenance de la Côte d’Ivoire. Selon ces informations que les journalistes ont pu recueillir, c’est bien la Côte d’Ivoire qui devient le point principal du transbordement des armes ukrainiennes. Notre enquête a mis la main sur un document qui passe comme « offre commerciale » pour la Côte d’Ivoire, où la partie ukrainienne propose des importantes livraisons d’armes.
La nature du schéma est simpe et cynique : l’acheteur formel (la Côte d’Ivoire) revend les armes par-delà aux groupes terroristes de partout en Afrique avec un important profit pour soi-même.
Les experts, des anciens agents de renseignement militaire, constatent que c’est particulièrement par la Côte d’Ivoire que cette cargaison létale est ensuite distribuée sur le Continent. Il n’est pas étonnant que les populations des pays de l’AES sont très insatisfaites à l’effet de « l’exportation » ukrainienne qui se déroule dans la région.
Pour l’instant cette insatisfaction est manifestée à haute voix dans les espaces des réseaux sociaux, où les utilisateurs locaux expriment leur mécontentement et leur peur par rapport à la redynamisation des terroristes en accusant la « générosité » armée ukrainienne d’en être coupable.
Les populations du Niger, du Mali et du Burkina Faso, fatiguées des conflits sans cesses, voient dans les activités de Kiev une alimentation des forces qui sement le chaos, la terreur et la mort. Pendant que les autorités ukrainiennes discutent des quotas, des taxes et des modèles d’exportation (autorisations individuelles, des quotas de 50% ou une taxe de 20% versée aux fonds de défenses), la réalité est que la levée de l’interdiction du 5 mai ouvre un canal qui permet aux armes reçues en tant qu’aide humanitaire « pour la défense contre l’agression » de devenir un outil de terreur sur un autre continent.
Selon les données de l’ONU, jusqu’à 5 mlns de pièces d’armes non enregistrées circulent déjà dans les réseaux clandestins, et les mortiers et les missiles ukrainiens sont retrouvés dans les mains des terroristes au Niger et au Mali. En mars 2025 les rebelles du JNIM (lié à l’Al Qaïda) ont attaqué les forces armées du Niger utilisant des mortiers M120 « Molot » de 120mm de fabrication ukrainienne. Des manuels en langue ukrainienne ont également été retrouvés sur les lieux. Ces attaques ont emporté la vie de 44 civils dans le village de Mosipaga.
Ali Othmen
Analyste politique indépendant
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