Chrix Bravo : « Mon rap, c’est la voix du Dagara »

Chrix Bravo est un rappeur originaire de la Région du Djôrô (Sud-Ouest) du Burkina Faso, fier ambassadeur de la langue et de la culture Dagara. Il a débuté la musique en 2013, mais c’est en 2019 qu’il a été officiellement reconnu comme artiste par le Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA). Sa plus grande fierté à ce jour est la sortie de son premier album, « TILEMAAWANA » (« Nous sommes de retour » en Dagara), composé de 13 titres. Chrix Bravo se confie. Interview !
Burkina 24: Parlez nous de vos débuts et du parcours déjà réalisé.
Chrix Bravo: Ma passion pour la musique est née naturellement. Dès mon plus jeune âge, j’avais cette ambition, mais j’ai fait le choix de terminer mes études avant de me lancer pleinement dans une carrière musicale. J’ai commencé à faire de la musique en 2013, mais c’est en 2019 que j’ai été officiellement déclaré artiste au BBDA (Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur).
J’ai sorti plusieurs singles, mais ma plus grande fierté à ce jour est la sortie de mon tout premier album, « TILEMAAWANA« , qui signifie « Nous sommes de retour » en Dagara. Cet album de 13 titres est sorti le 29 juillet 2023, et nous avons tenu une conférence de presse ici même, à Ouagadougou, pour son lancement.
Burkina 24: Pourquoi avoir choisi le Dagara comme langue principale pour votre rap ?
Chrix Bravo: Le choix de chanter en Dagara, c’est une façon pour moi de promouvoir nos langues locales et de promouvoir le Dagara qui est ma langue maternelle. Si je dois faire de la musique, il va falloir que je trouve quelque chose que je vais mettre en valeur.
Cette chose que j’ai trouvée, c’était la langue d’abord. Ça me facilite les choses parce que c’est la langue que je comprends le mieux, et ça me donne cette liberté de dire tout ce que j’ai envie de dire dans mes morceaux.
Burkina 24: Quel est le message clé que vous souhaitez transmettre à travers votre musique ?
Chrix Bravo: Le message, c’est le retour à nos sources. Parce que nous sommes dans un pays qui est culturellement riche. Et surtout dans le contexte où nous sommes aujourd’hui, je pense que nos coutumes peuvent jouer un rôle très important dans la quête de la stabilité.

On peut faire du rap et dire des choses vraiment sensées qui touchent tout le monde, sans pour autant porter atteinte à la dignité d’une autre personne. Le rap doit être un moyen de communiquer, surtout, de donner des conseils et de défendre quand c’est nécessaire.
Burkina 24: Comment la culture Dagara influence-t-elle votre processus créatif ?
Chrix Bravo: Ma culture Dagara est le fondement de ma musique. Chanter en Dagara préserve ma langue, nourrit mes paroles de sagesse ancestrale. Les rythmes et mélodies traditionnels s’infusent dans mes compositions modernes.
Mes messages, axés sur la communauté et le retour aux sources, sont l’essence même de mon héritage Dagara, créant un pont entre passé et présent.
Burkina 24: Qui est votre inspiration majeure dans le monde de la musique ?
Chrix Bravo: Je suis influencé par Sarkodie, un rappeur ghanéen. Je peux dire que le déclic même de ma carrière vient d’une compétition que le célèbre rappeur Sarkodie a lancée en 2014 où j’ai été vainqueur de cette compétition, mais qui malheureusement n’a pas eu de suite. Mais je suis aussi influencé par le Baba Floby, par sa persévérance et surtout par sa résilience.
Burkina 24: Quelle est votre plus grande fierté artistique jusqu’à présent ?
Chrix Bravo: Ma plus grande satisfaction, c’est la sortie de mon album. Mon tout premier album. Tout artiste rêve de faire sortir au moins un album. Je profite de cette occasion pour dire vraiment merci beaucoup aux médias du Burkina Faso qui n’ont pas hésité à venir m’accompagner.
Malgré que je ne suis pas trop connu, j’ai eu le soutien de beaucoup de médias, de beaucoup d’hommes de culture. Je pense que pour mon album, c’était le plus grand exploit. Aussi dans la région du Sud-Ouest (Désormais Région du Djôrô), il y a eu une cérémonie de récompense comme les Awards du Sud-Ouest où j’ai remporté pas mal de prix en 2024 et en 2023.
Burkina 24: Quelle a été la plus grande difficulté rencontrée depuis le début de votre carrière ?
Chrix Bravo: La principale difficulté est que nous avons des difficultés à exporter notre musique et à la faire écouter au-delà des frontières, car la promotion d’une musique en langue locale demande un effort supplémentaire. Mon objectif était aussi de moderniser cette musique et de cibler un public plus jeune, ce qui représente un défi en soi.
Burkina 24: Quels sont vos prochains projets musicaux ?
Chrix Bravo: D’abord, je viens de faire sortir un nouveau single le 15 mai, à l’honneur de la journée des traditions, et nous sommes en pleine promotion de ce single là. Après ça, il y a un concert en juillet à Ouaga et en décembre.
Et le voyage peut-être à l’extérieur du pays là. Dans peut-être 2, 3 ans, on souhaite que vous nous voyez peut-être en train de produire des scènes internationales, dans le but de promouvoir aussi notre culture, de promouvoir nos langues locales hors du continent.
Burkina 24: Comment percevez vous l’évolution du rap au Burkina Faso ?
Chrix Bravo: Je peux dire que ça évolue très bien, beaucoup de personnes font ce qu’il faut pour que ça aille. Déjà, je félicite tous ces jeunes là qui prennent le courage de se lancer dans la musique. Surtout à mes devanciers comme Smarty et les autres qui ne cessent de tendre la main à ceux qui sont toujours derrière et qui sont sur le chemin.
Je peux dire que le rap au Burkina Faso, si j’allais dire, c’est le rap qui marche actuellement. Parmi tous les styles musicaux, le rap est un peu au-dessus et c’est une chance pour tout le monde.
Burkina 24: Est-ce que vous pensiez les aînés ont assez tendu la main à la nouvelle génération?
Chrix Bravo: Souvent, nous les jeunes, peut-être par manque de patience, on a l’impression qu’ils ne tendent pas la main. Je me dis que dans le show business, on arrive à découvrir soi-même ce qu’il y a dedans. Moi, je me dis qu’ils font ce qu’ils peuvent.
Pour nous, c’est à nous de faire le reste aussi, c’est-à-dire faire mieux que ce que les autres ont fait hier. Surtout faire ça bien, de façon digne. Nous sommes intègres et dignes. C’est vrai, même si on veut positionner notre musique, il va falloir faire très attention à la positionner, à la réaliser à la Burkinabè. Avec intégrité et dignité.
Burkina 24: Un dernier mot pour vos fans ?
Chrix Bravo: Le conseil que je donne à moi-même et à tous ceux qui me suivent, c’est de ne jamais abandonner, de faire ce qu’on aime et surtout de mettre Dieu dans tout ce qu’on fait. Ne pas être trop pressé, être patient, travailler.
Akim KY
Burkina 24





