Evelyn Amony, une de celles qui ont été « femmes » du rebelle Joseph Kony

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Enlevée à l’âge de 11 ans de son village dans le nord de l’Ouganda le 25 août 1994 à son retour d’école,  forcée de devenir la «femme» de Joseph Kony, chef de guerre redouté de l’Armée de résistance du Seigneur, groupe rebelle connu sous l’acronyme LRA, Evelyn Amony a été sauvée par l’armée ougandaise en 2004, après 10 ans de captivité. Un an plus tard, elle s’est jointe à une délégation de paix pour négocier la fin de vingt ans d’insurrection de la LRA. Des négociations n’ont pas abouti. Elle a accordé une interview au centre d’actualités de l’ONU. Nous vous proposons ici une synthèse.

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Après avoir vu dès la deuxième nuit de captivité comment une autre enfant a été tuée alors qu’elle essayait de s’enfuir, ce qui l’a « fait tellement peur », Evelyn Amony  confie avoir « complètement abandonné » l’idée de s’échapper.

La torpeur d’Evelyn Amony ne s’est pas limitée  là. Elle a dû faire avec les combats des hommes de Kony pour désigner celui qui devrait la prendre comme épouse.

La rencontre avec le chef de la LRA

« La première fois que j’ai rencontré Kony, raconte-elle, je ne savais même pas que c’était lui« . Elle confie avoir continué à rechercher l’homme tel que décrit (de petite taille avec une très longue barbe). C’est au Soudan, alors qu’elle n’avait que 14 ans dit-elle, qu’il a fait d’elle sa « femme ».

« Il m’a forcée à avoir des relations sexuelles avec lui, il m’a violée. J’ai passé onze ans et demi avec lui. Finalement, je me suis habituée à ce qui se passait parce que je voyais d’autres femmes qui allaient dans sa maison pour passer la nuit. Je me suis adaptée à la situation et j’ai été obligée d’accepter que c’était ma vie maintenant », révèle Evelyn Amony.

Des relations sexuelles forcées qui ont abouti à des grossesses. Amony confie avoir eu 3 enfants avec ce chef rebelle, « mais le troisième a disparu lors d’une bataille ». Un enfant qu’elle dit rechercher « toujours ».

Joseph Kony, un homme difficile à cerner

Malgré le long temps de captivité passé avec Joseph Kony, l’ancienne captive affirme qu’il est « très difficile » de comprendre son  caractère, parce qu’il n’est pas « tout à fait clair » qu’il est la personne qui dirige la LRA.

« Il est très difficile de comprendre ses qualités parce qu’il avait certains aspects spirituels en lui. De plus, il nous disait que si nous abandonnions la rébellion pour rentrer chez nous, nous risquions d’être frappés par le mauvais sort », explique-t-elle.

Malgré tout le mal qu’on dit de Joseph Kony, Evelyn Amony confie lui connaître 3 cas de bonté  dont elle a bénéficié. La première fois, alors qu’elle était « censée être tuée », relate-t-elle, « il m’a sauvé la vie ». La seconde fois, dit-elle, « il est venu à mon secours » en la sauvant de la noyade dans une rivière.

Et « la troisième fois, c’était quand un certain nombre d’enfants ont été enlevés dans une ville appelée Palabek dans le nord de l’Ouganda. Les enfants soldats voulaient tuer les enfants enlevés et il leur a dit qu’« aucun enfant de 15 ans ou moins sera être tué- si l’un de vous ose le faire, vous serez tués ».

En raison des attaques de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), beaucoup de civils soudanais ont été déplacés (septembre 2009). Photo ONU/Tim McKulka
En raison des attaques de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), beaucoup de civils soudanais ont été déplacés (septembre 2009). Photo ONU/Tim McKulka

Après plusieurs années passées loin du chef rebelle, qui « change toujours de tactique » et qui a « beaucoup de tactiques », l’ancienne captive suggère « de négocier avec lui », car affirme-t-elle, « ce sont les partisans qui continuent de l’encourager et de lui donner des conseils sur ce qu’il faut faire ».

Malgré les années de captivité passées auprès de Joseph Kony, Evelyn Amony assure qu’il est « difficile de savoir ce qu’il veut ». « Passée par toute cette souffrance », cette miraculée de 33 ans ne compte pas se retrancher et se recroqueviller sur elle. « Aussi longtemps je suis vivante, aussi longtemps que j’ai mes jambes et que je peux marcher et voir, je peux encore faire de grandes choses pour apporter des changements dans le monde », promet-elle.

S’engager pour la cause des femmes

A ce titre, elle envisage écrire son histoire et de la partager avec le monde, afin dit-elle, « que les gens sachent que la guerre est mauvaise et a des conséquences très négatives pour les femmes et les enfants ». Ce n’est pas tout. Evelyn Amony se lance le défi de défendre les intérêts des femmes qui ont connu la guerre comme elle l’a connue, « afin qu’elles puissent tourner la page ».

Synthèse de Oui Koueta

Burkina24

Source : un.org

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