Procès de l’attaque de Yimdi en 7 points
Au Tribunal militaire, la seconde saison des procès avait pour titre « Procès Yimdi » après la première, celle dite « Madi Ouédraogo et 28 autres ». Débuté le 28 mars 2017, il y a eu autant de révélations fracassantes que de témoignages risibles. Burkina24 a rassemblé pour vous, 7 faits ayant marqué le procès Yimdi.
1 – Tortures, lieu commun
Beaucoup d’accusés affirment avoir été torturés à la gendarmerie, soit à Paspanga (Ouagadougou) soit à Léo pour leur extorquer des aveux. C’est le cas du caporal Drabo Hamidou qui a fait cas de tortures par la gendarmerie de Léo. A la fin de son interrogatoire à la barre, l’accusé Drabo Hamidou relate qu’il a fait l’objet de « tortures » par la gendarmerie de Léo.
« Déshabillé, frappé, mettre dans banquette (véhicule d’intervention avec des bancs à l’arrière) nu pour amener à Ouagadougou », explique le caporal Drabo. La quasi-totalité des accusés ont affirmé avoir été victime de tortures. « Les tortures ont été banalisées », selon l’avocat Alexandre Sandwidi.
Un témoin Ouédraogo Ali, fils de l’accusé Ouédraogo Issaka, affirme avoir fait l’objet de maltraitance physique le 6 octobre 2015 lors de la venue de la gendarmerie en famille et ce « sans mandat ». Son jeune frère de 12 ans qui est en classe de CM2 refuse, jusqu’à présent d’aller à l’école, à cause du traumatisme posé par la descente. « Quand ils ont fini, les gendarmes ont demandé de l’eau à boire. Ma maman a donné ». « Ils ont pris (deux PA) sans rien dire, sans rien signer », dit Ouédraogo Ali.
Des « révélations » que des sources proches du dossier réfutent, affirmant que la gendarmerie a toujours agi avec rigueur en respectant les principes qui la régissent. Du reste, les mêmes sources proposent à la réflexion de s’interroger pourquoi les militaires de l’ex-RSP ont toujours mis dans leur plan une attaque contre la caserne des gendarmes.
2 – Koussoubé n’est pas « Touareg »
A l’annonce de l’avis de recherche le concernant, les Burkinabè ont été informés de ce que le Sergent-chef Koussoubé Roger aurait comme surnom « le Touareg ». A la barre pour le procès de Yimdi, le sergent-chef Koussoubé Roger a voulu recadrer les choses. « Mon surnom n’est pas Touareg », se prononce le Sergent-chef avant d’ajouter, « je ne sais pas pourquoi on m’a donné ce surnom ».
3 – « Décrochage », la fuite en langage militaire
On ne peut s’empêcher d’avoir un sourire en coin et en fin de compte beaucoup de questions. Lors de l’attaque de la soute par les éléments du Sergent-chef Sanou Aly, les accusés témoignent que les agents en poste ont fui. En langage militaire, il a été dit que ce n’est pas une fuite, mais un « décrochage » ou un « repli tactique ». A en croire un des accusés, un agent en poste aurait « fui » avec une moustiquaire.
Le chef de poste de Yimdi, témoin de l’accusation, a voulu mettre en exergue sa bravoure et son sens du devoir lors de son témoignage. Il affirme mordicus qu’il y a eu échanges de « tirs nourris » d’au moins « 8 minutes » entre ses hommes et les assaillants.
Ce qui n’a pas manqué de réveiller le courroux du soldat Ouattara Abou, garde à Yimdi et accusé de l’attaque. Ce dernier n’a pas mâché ses mots en qualifiant son supérieur de menteur. « Il ment, il ment », vocifère-t-il. « Dites que ce n’est pas vrai », coupe le président du tribunal. Il a fallu l’intervention de ce dernier pour calmer le soldat. C’est là, dans son élan de colère qu’il a révélé que son supérieur était en tapettes lors de l’attaque. Chose que le chef de poste n’a pas nié.
En outre, lors de l’attaque, le sergent Poda Ollo Stanislas explique avoir fait la reconnaissance à Yimdi avant l’assaut. « La sentinelle était assise sur le lit, il avait ses écouteurs et il manipulait son téléphone, son arme était déposée à côté ». Chose inadmissible selon les avocats qui évoquent une lourde faute et du laxisme de la part des gardes.
4 – Des aveux comme preuves
L’avocat du soldat Abou Ouattara, garde à Yimdi et accusé est revenu sur ce qui pouvait être évident, selon lui. Il est reproché au Soldat Ouattara d’avoir appelé le sergent-chef Sanou Aly pour lui communiquer le mot de passe (en passant qui est désert- déserteur, « curieux » selon un avocat). L’accusé réfute, le parquet charge, l’avocat rouspète. Pour apporter la preuve, n’aurait-il pas fallu au Parquet de retrouver le relevé téléphonique d’un ou des deux appelants ? questionne l’avocat du soldat Ouattara.
Beaucoup d’avocats ont déploré le manque de « preuves matérielles » impliquant leur client. Par ailleurs, note Me Gouba Odilon, avocat de Poda Ollo Stanislas, dans les scellés, il n’y a pas de douilles prouvant les tirs, pas d’expertise sur le terrain et il n’y a pas d’empreintes sur les armes montrant que tel ou tel accusé a tenu les armes à sa disposition.
5 – Zida l’exutoire ?
L’ancien Premier ministre Isaac Zida est la star depuis le procès Madi Ouédraogo. Pour le présent procès sur l’attaque de Yimdi, le général Zida a été encore et encore cité et, pas toujours pour le glorifier. Plusieurs soldats ont accusé Isaac Zida de leur avoir proposé des sommes d’argent et des biens pour certaines missions peu catholiques.
C’est le cas du Sergent Poda Ollo Stanislas qui a affirmé à la barre que le général Zida lui aurait proposé la somme de 60 millions de F CFA, une villa et une formation en Israël pour l’aider à faire une « révolution ». Autre témoignage tout autant moins glorieux pour le général, le Sergent-chef Sanou Aly affirme avoir participé à l’arrestation d’éléments proches de Zida qui prévoyaient « assassiner Salifou Diallo, Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé ».
Tous ou presque auraient quitté le pays soit par des menaces de la part de Zida, soit de la part de ses hommes. L’absent ayant toujours tort, le général viendra-t-il s’expliquer ?
6 – Zouré l’indestructible
C’est le témoignage le plus rocambolesque, le plus « complikado » (compliqué) du procès. Le soldat de première classe Zouré Boureima a ému le tribunal et les Burkinabè. Dans son récit des faits, le soldat de explique avoir été pris à charge par des gendarmes vers Léo.
Se considérant comme « un enfant béni », avec son chapelet et son tapis de prière, Zouré affirme que deux chargeurs de Kalachnikov et un chargeur de PA ont été déchargés sur lui par un gendarme. Mais rien n’y fit. Il n’en fallait pas plus pour que le soldat Zouré devienne le « Rango » ou le « Rambo » burkinabè, selon certains internautes.
7 – Yago, le civil des ex RSP
Il était bien seul Yago Sabkou, parmi tous ces bidasses accusés de l’attaque de Yimdi. Yago Sabkou qui vit à Léo, loin des accusations de complot militaire ou de détention illégale d’armes, est accusé de recel de malfaiteurs. Oui, il est poursuivi pour avoir aidé son « ami d’enfance » accompagné de quelques amis à quitter le territoire burkinabè.
Comme le diraient certains, l’ignorance est un délit. L’accusé Yago, à la barre affirme ne pas parler le français. Il parle la langue Nounin. « C’est vraiment compliqué. Nos interprètes ne parlent que le mooré et le dioula », avait relaté le commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire. Il a fallu remettre son interrogatoire au soir, le temps de trouver un interprète.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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