Coopération agricole : Un symposium pour percer le mystère chinois
Les fonctionnaires agricoles du Burkina Faso, en séjour à Pékin, ont participé à un symposium organisé par le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales, le lundi 03 septembre 2018. Les experts burkinabè ont échangé avec leurs homologues chinois sur les réformes agricoles, la vulgarisation des techniques agricoles, la transformation, la surveillance et la gestion de la qualité des produits agricoles.
Le partage d’expériences entre les fonctionnaires agricoles du Burkina Faso et les responsables du ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales s’est poursuivi par un symposium sur plusieurs sous-thèmes, le lundi 03 septembre 2018 à Pékin.
Dans l’optique d’un développement équilibré entre les milieux urbains et ruraux, le pays de Mao s’est employé « depuis une quarantaine d’années à mettre en œuvre de nombreuses réformes », a affirmé, le directeur général adjoint des politiques et des réformes agricoles, Changbao Zao. Selon lui, les innovations ont concerné la mise en place d’un nouveau système d’exploitation agricole axé sur la qualité, la compétitivité et l’économie de marché. M. Zao attribue les performances agricoles de son pays au renforcement du droit foncier rural, à la création de nouvelles unités de productions, à l’aide publique à l’agriculture, à l’essor de la finance rurale et à la mise en place de l’assurance agricole. La combinaison de tous ces facteurs a permis à la Chine d’enregistrer une production céréalière de 600 millions de tonnes sur les cinq dernières années. Les revenus des paysans et les gains des citadins ont atteint un niveau similaire depuis les huit dernières années. L’exode rural s’en trouve ainsi maîtrisé. Pour Changbao Zao, ce succès est aussi celui du Parti communiste chinois et du gouvernement.
Le département chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales a exposé à ses hôtes burkinabè les techniques de maîtrise de l’eau agricole grâce auxquelles certaines régions de l’Empire du milieu réalisent un rendement de 8 tonnes de maïs à l’hectare. Ces techniques consistent en la rétention d’eau par des films plastiques, l’irrigation goutte-à-goutte à partir des eaux pluviales et souterraines avec des caves à eaux modulables.
Les experts agricoles des deux pays ont traité de la surveillance et de la gestion de la qualité des produits agricoles. Le directeur général adjoint de la surveillance et de la gestion de la sécurité des produits agricoles, Jingen Cheng, a dit « l’attachement du gouvernement chinois à la gestion de la qualité des produits agricoles ». La mission du ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales en cette matière englobe l’élaboration des normes liées aux semences, aux engrais, aux procédés de production, ainsi qu’à la qualité des produits alimentaires et des équipements agricoles. A ce jour, ce département a conçu 10 000 normes et méthodes d’évaluation des pesticides et produits agricoles. Il dispose d’une grande expérience en matière de traçabilité des produits agricoles. Au Burkina Faso, seulement une centaine de normes relatives aux produits agricoles est disponible. Leur traçabilité reste à être développée.
Le directeur général adjoint du Centre national de la vulgarisation des techniques agricoles, Qiwen Wei, a entretenu les fonctionnaires agricoles du Burkina Faso sur les activités de son institution. Elle est chargée de la démonstration et de la mise à l’échelle des technologies et des pratiques innovantes auprès des producteurs. Elle met au point et dissémine les semences à haut rendement. En 2016, la superficie ensemencée sur le territoire chinois a atteint 1 milliard 112 millions d’hectares. Le rendement unitaire s’élevait déjà à 5, 5 tonnes par hectare. La vulgarisation couvre les sous-secteurs de la maîtrise de l’eau et du développement de la phyto-protection des productions végétales. Le dispositif chinois de vulgarisation agricole compte 7 500 établissements dans lesquelles opèrent 500 000 agents vulgarisateurs dont la moitié est spécialisée dans des cultures spécifiques.
En outre, l’émissaire de la station générale du développement et de la vulgarisation des techniques de mécanisation agricole a évoqué les pratiques chinoises en ce domaine. En 2012, les machines agricoles de la Chine produisaient une puissance électrique globale chiffrée à 1 milliard 144 millions de kilowatts, a précisé le chef de service de la vulgarisation, Hai Yao. De son avis, au pays du président Xi Jinping, l’on dénombre 6 millions 450 millions de tracteurs et 40 millions d’équipements de tailles variables.
A ce symposium, les participants ont également abordé la question de la transformation agricole. La représentante de la division du développement industriel dans les régions rurales de la Chine, Mme Li Cai a loué « le progrès exceptionnel » du géant asiatique dans la transformation des produits agricoles. Selon la responsable à la planification et aux statistiques de cette division, 78 000 industries de transformation des produits agricoles comptabilisent un chiffre d’affaires annuel estimé à plus de 3 000 milliards de dollars. Cette expansion se justifie par « des politiques de promotion des investissements agricoles, l’impulsion des sciences et de la technologie, ainsi que la mise en place de plateformes de savoir-faire », a ajouté Mme Cai.
Dans leurs différentes réactions aux exposés chinois, les experts burkinabè ont démontré l’intérêt de voir la Chine accompagner leur pays à atteindre la sécurité alimentaire à travers le renforcement des capacités des producteurs et des techniciens d’agriculture, l’amélioration des variétés de semences, la mécanisation, la transformation des produits agricoles, etc. « Avec l’irrigation par les techniques économes d’eau et la récupération des terres dégradées, nous pouvons accroitre notre potentiel des terres aménagées », a soutenu le chef de la délégation burkinabè, Alassane Guiré.
Après avoir percé le mystère chinois, les experts burkinabè sont suffisamment outillés pour impacter le secteur agricole national.
Roger SANKARA
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