Procès Putsch: « J’ai voulu démissionner » (Commandant Korogo)
Les auditions ont amorcé leur dernière ligne droite au Tribunal militaire, dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015. La liste n°15 s’est en effet ouverte ce lundi 5 novembre 2018. Et c’est le Commandant Abdoul Aziz Korogo qui a été appelé à la barre en premier. Nommé Chef de Corps adjoint du RSP le 28 août, l’Officier militaire a officiellement pris fonction le 1er septembre 2015, soit deux semaines avant le putsch. Il assimile son cas au destin, lui qui pense avoir été payé en monnaie de singe. Le Commandant Korogo ne serait plus que l’ombre de lui-même dans cette affaire : « J’ai voulu démissionner »…
Né le 13 novembre 1980, le Commandant Abdoul Aziz Korogo a commandé l’Unité antiterroriste pendant cinq ans. Il avait 35 ans au moment des faits. Décoré de la Médaille d’honneur militaire, il se dit jamais condamné. Il a pour Conseil Maître Dieudonné Ouili. Dans cette affaire de coup d’Etat manqué, le Chef militaire est poursuivi pour trois griefs : Complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres et coups et blessures volontaires.
Avant de plaider non coupable, le Commandant Korogo a tenu à demander pardon pour avoir « échoué » à protéger les autorités : « Le 16 septembre 2015, des militaires de mon régiment ont interrompu le Conseil des ministres. Je voudrais saisir l’occasion pour présenter publiquement mes excuses aux autorités notamment le Président Michel Kafando pour avoir échoué à les protéger ».
« La fuite est une faute militaire »…
Tout en demandant l’indulgence du Tribunal, le prévenu a également précisé qu’il n’a jamais organisé l’arrestation des autorités de la Transition. 1 heure 10 minutes. C’est le temps mis par le Commandant de l’ex-RSP pour relater sa version des faits. Le décret de sa nomination en qualité de Chef de Corps adjoint a été signé le 28 août 2015 par le Président Kafando. Il a officiellement pris fonction le 1er septembre 2015.
L’accusé a indiqué que le 16 septembre 2015, aux environs de 14h pendant qu’il se trouvait chez lui, il a été joint au téléphone par le Général Diendéré, le « père spirituel du corps » qui insistait à le voir urgemment. Allant au domicile du Général, ce dernier l’aurait rappelé pour lui dire de rejoindre plutôt le camp. « Je ne savais pas ce qui se passait à Kossyam. Plusieurs personnes m’appelaient pour comprendre pendant que moi-même je cherchais à savoir ce qui s’y tramait », a-t-il confié.
« Je pensais à démissionner. On m’a dit de faire très attention et de garder mon sang froid. Je suis finalement resté sur consigne du Commandement militaire qui m’a demandé de rester afin de trouver une solution au problème. La fuite est une faute militaire. L’abandon de poste est condamnable. Je suis resté. Je sensibilisais les éléments et je rendais compte à la hiérarchie, le RSP étant rattaché à l’armée de terre. C’est vrai, j’ai échoué. J’ai failli à ma mission. Et ça me fait très mal. J’ai même voulu démissionner. Sinon, le pouvoir, j’en avais… Ce n’est pas un honneur pour un Chef militaire de dire qu’il a été menacé par ses subordonnés. Sinon, notamment pendant le désarmement, j’ai effectivement été menacé par le Soldat Hamado Zongo »
Une fois au camp, ne sachant toujours pas ce qui s’y passe, le Chef de bataillon ordonna à ses hommes d’encercler les lieux en attendant de comprendre la situation. « Je ne savais pas que la menace venait même de l’intérieur », a-t-il dit, consterné. Le Général Diendéré, selon les dires de l’accusé, les a rejoints au camp pour confirmer les « rumeurs » et solliciter leur appui tout en s’excusant de ne les avoir pas prévenus bien avant.
« Il a dit que la hiérarchie militaire demande de libérer les autorités. Je lui ai dit que si le reste de l’armée ne l’accompagne pas, c’est mieux qu’il laisse tomber », foi du Chef Abdoul Aziz Korogo qui dit avoir assisté à la médiation avec les sages. « Avant la rencontre, j’ai dit à mes subordonnés de ne pas prendre la parole et de rester militaires », a-t-il indiqué. Concernant les communiqués lus à la télévision, l’accusé dit nier ses rédacteurs, mais, a expliqué que le Lieutenant Zagré avait été désigné par le général Diendéré pour leur lecture.
Des laisser-passer cachetés CND ?
« J’ignore vraiment comment et pourquoi c’est le Colonel Bamba qui les a lus », a-t-il dit. Les messages des sages ainsi que ceux des médiateurs de la CEDEAO ont été, selon lui, des messages de cohésion et de paix. L’occupation de la Place de la Nation, à écouter ce Chef militaire de 38 ans, s’apparente, dans le jargon militaire, à des contrôles de zones dans le but d’empêcher tout rassemblement par une présence dissuasive.
Le parquet militaire note une cohérence et une « sincérité » dans les dires du prévenu. Mais, ce commentaire du Ministère public n’occultera pas la panoplie de questions à lui réservées. « Qui signait les laisser-passer cachetés CND ? », a demandé le Procureur. « Je signais des laisser-passer, mais je ne sais pas qui signait ceux cachetés CND », a répondu le Commandant Korogo.
Concernant la désobéissance des subordonnés, le mis en cause n’a pas souhaité détailler ce sujet. Maître Dieudonné Ouili, a loué le courage de son client qui assimile son cas au destin. L’interrogatoire du Chef Korogo suspendu aux environs de 17h, se poursuit demain 6 novembre 2018.
Noufou KINDO
Burkina 24
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