Djibrill Bassolé : « Les mois qui restent là, ça va être leur enfer » (écoutes téléphoniques)
Après le départ de Me Dieudonné Bonkoungou, l’audience s’est poursuivie le mercredi 20 mars 2019 avec la diffusion des écoutes téléphoniques. Très vite, la partie concernant le général Djibrill Bassolé arrive. Mais bien avant, la diffusion des écoutes impliquant les accusés Sidi Omar Lamine et le Colonel Abdoul Karim Traoré a induit des réactions des mis en cause. Si le colonel Abdoul Karim Traoré « n’a rien à ajouter » puisque ses avocats ont indiqué n’avoir pas eu vent des écoutes, Sidi Omar Lamine lui ne s’y reconnaitra pas. « Ce n’est pas ma voix et ce n’est pas moi », dit-il.
Une cinquantaine. C’est le nombre de fichiers audio contenus dans le dossier du Coup d’Etat de septembre 2015 et qui impliquent le général Djibrill Bassolé avec d’autres personnes. Pour cette journée, ce sont 12 écoutes avec différents interlocuteurs qui ont été diffusées pour les débats. Dans une des écoutes entre le général Djibrill Bassolé et Guillaume Soro, Président de l’Assemblée nationale ivoirienne au moment du Coup de force, il est loisible d’entendre ce dernier proposer « des plans d’attaques » sur le territoire burkinabè.
Par ailleurs, dans cet élément audio dont les deux voix sont attribuées au général Bassolé et à Guillaume Soro par le Parquet, on y entend le général Bassolé proférer certaines paroles à l’endroit de la classe politique burkinabè : « Ils sont convaincus que les élections auront lieu (…). Le feu qu’on va mettre sur leur tête là, ils vont fuir laisser le pays (…). Les mois qui restent là, ça va être leur enfer ». A ce propos, en l’absence des Conseils du général Bassolé, c’est le Parquet militaire et les avocats des parties qui livrent leurs observations.
« … le RSP préparait une contre-offensive »
« Nous avions dit qu’il y avait un Coup d’Etat dans un Coup d’Etat. Djibrill Bassolé incitait le RSP (Régiment de sécurité présidentielle) à ne pas désarmer parce qu’au bout du compte, la situation lui était favorable. Dans son analyse, qui mieux que lui avait autant de profils pour résoudre les crises politiques et militaires ? », commente le Parquet. Me Prosper Farama, conseil des Parties civiles a, quant à lui, indiqué avoir eu « froid au dos » en écoutant le général Bassolé.
« On se demande si le général Bassolé ne voulait pas faire un enfant dans le dos du général Diendéré (…). Pendant que tout le monde pensait que le RSP avait désarmé, lui il sait que le RSP préparait une contre-offensive », relate Me Farama. Aussi, ajoute-t-il, « malheureusement que le général ne soit pas là pour affronter sa propre voix ». Pour sa part, Me Séraphin Somé, également des Parties civiles se dit « surpris » que des personnes puissent considérer ces écoutes comme des « éléments fabriqués ». Dans la même lancée, selon le Parquet, « il n’y a point de doute concernant la participation du général Bassolé dans l’attentat à la sûreté de l’Etat ».
D’autres écoutes mettant en scène Fatoumata Thérèse Diawara, accusée et le général Djibrill Bassolé ont été exposées. Dans ces éléments, Dame Diawara demandait un appui financier à Djibrill Bassolé, « 20 millions de F CFA » selon le Parquet pour des soldats de l’ex RSP. Pour le Parquet, il s’agit de motivation pour que les hommes aillent au combat. Pour sa défense, Dame Diawara relate que cette somme visait à venir en aide aux familles des soldats. Lors d’une autre conversation entre les deux personnes susmentionnées, Dame Diawara conseillait au général « de ne plus communiquer avec Dao [parce qu’il] balance les infos de l’autre côté ».
Dans la soirée, trois autres écoutes impliquant, selon le Parquet militaire, le général Djibrill Bassolé et Adama Ouédraogo dit Damiss ont également soulevé des débats. Dans un élément sonore, Damiss faisait le point de la parution dans l’Observateur Paalga d’une interview de l’Ambassadeur de France au Burkina au moment des faits. Dans un autre, il s’assurait de la diffusion en intégralité d’une interview du général Bassolé sur Radio Oméga et dans la troisième écoute, les deux intervenants échangeaient sur les tares de la Transition.
« Entre vous et moi, est-ce que c’est ma voix ? »
Si le Parquet reste convaincu que c’est Adama Ouédraogo dit Damiss qui intervient dans l’élément diffusé, l’intéressé nie catégoriquement. « Entre vous et moi, est-ce que c’est ma voix ? », interroge Damiss à la barre avant d’indiquer que dans la période du 29 septembre 2015, moment de l’interception des écoutes, il était malade et n’était pas au Burkina Faso. Par ailleurs, il a révélé à la barre que ces écoutes sont des montages. « Les montages et les manipulations, explique Damiss, ont eu lieu dans une villa à Petit Paris à Gounghin ».
Saisissant la perche tendue par Damiss, Me Sombié, avocat de la défense, se demande « si le Tribunal ne peut pas faire faire par des personnes compétentes, des vérifications ». « Comme c’est une question, le Tribunal ne répond qu’aux requêtes », tranche le Président du Tribunal. Sur ces faits, à 17h moins, l’audience est suspendue. Elle reprend le vendredi 22 mars 2019.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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C’EST TEXTUELMA DAMISS QUI PARLAIT