Goudebo dans le Sahel : Appel à « avancer ensemble avec les réfugiés »
Ils ont tout laissé derrière eux en fuyant les exactions chez eux au Mali. Ils trouveront refuge dans la province du Séno au Burkina Faso qui elle-même connait un déplacement inégalement de populations à l’interne, du fait de la menace terroriste. Ce lundi 17 juin 2019, à trois jours de la date commémorative de la journée mondiale pour les réfugiés, le ministre des Affaires étrangères Alpha Barry n’a qu’une seule requête à leur endroit : « une collaboration franche avec les forces de défense et de sécurité » pour contrer les velléités de déstabilisation du pays qui leur a ouvert ses bras.
Avancer ensemble. Avec les réfugiés. Les habitants de la région du Sahel le font depuis 2012, année d’arrivée des premiers réfugiés maliens composés à majorité de femmes, d’enfants et de personnes âgées. Des réfugiés dont « la vulnérabilité s’est exacerbée ». Mais qui peuvent compter sur la solidarité agissante de leurs hôtes de la région du Sahel qui accueille le plus grand nombre.
«Les populations hôtes ont spontanément accueilli les frères, les sœurs et sœurs et partagent avec les terres et les infrastructures avec eux », se remémore Boubacar Cissé, deuxième adjoint au maire de la commune de Dori. Selon les statistiques, le Burkina Faso accueille à ce jour plus de 25 000 réfugiés sur son territoire dont « la plupart sont des Maliens ».
« Bien que la rhétorique au sujet des réfugiés soit souvent toxique, nous assistons également à une vague de générosité et de solidarité en particulier de la part des communautés qui accueillent déjà un grand nombre de réfugiés comme ici à Dori », apprécie Ioli Kimiaci, représentante résidente du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Seulement, il arrive que le champ de blé soit infesté d’ivraie. Ainsi dans la nuit du 10 au 11 avril 2019, le Burkina Faso perdait un des gendarmes déployés sur le site qui accueille la première vague de près de 8 000 réfugiés. Des personnes réfugiées ont ainsi été identifiées parmi les rangs des terroristes. « Si on a fui l’insécurité, là où on part on doit cultiver la sécurité », a recadré le ministre des affaires étrangères.
Dans le camp de Goudebo situé à une vingtaine de kilomètres de Dori, chef-lieu de la région du Sahel, enseignants et personnels de santé s’activent pour mettre fin à l’obscurantisme et soigner les malades qui se présentent dans le centre de santé.
Et cela marche. « Les deux dernières années, les pourcentages sont toujours au-delà de 90. L’année dernière, c’était 94,4% et l’année d’avant, c’était 90% de taux de réussite. Aussi bien au primaire qu’au post-primaire. Cette année, on a reçu les félicitations du collège de Ouindou. On a un élève qui a 18 de moyenne en sixième. Deux qui ont 17. On a reçu aussi les félicitations du MENA l’année dernière parce que notre école est venue en tête de la CEB avec 94,4% dont 100% chez les filles. Comme vous pouvez le constater, le taux de fréquentations des filles ici est beaucoup plus élevé que dans la plupart des écoles dans l’environnement », confie enthousiaste cet enseignant.
Jusqu’ici, les élèves admis au CEP étaient orientés vers Dori pour continuer leur cursus. Mais dès la rentrée prochaine, les nouveaux admis n’auront plus à le faire. Un collège est en train d’être construit. L’ouverture des classes est prévue pour octobre prochain.
A Goudebo, les réfugiés par la voix du président du comité directeur du camp ne tarissent pas de remerciements à l’endroit du gouvernement burkinabè qui n’a ménagé aucun effort pour les accueillir avec toutes leurs difficultés. « Un accueil basé sur la promotion de la cohésion sociale et le respect des droits humains », insiste Ag Mohamed Wanadine pour les habitants du camp composés à majorité de femmes, d’enfants et de personnes âgées. S’il insiste sur les conditions d’accueil, c’est en raison dit-il du fait que « la crise malienne perdure » avec en son cœur des « populations qui vivent, subissent plusieurs formes de discriminations inhumaines ». Les derniers développements donnent en effet une idée de la décadence de l’humanité.
« Je me réjouis de constater qu’il y a une intégration entre vous les réfugiés et les populations de la localité de Goudebo », formulera Alpha Barry, et « c’est parce qu’il y a une relative paix qui est importante ».
Une relative paix pour laquelle chaque réfugié est invité à militer pour « une intégration fructueuse et profitable » à tous. Au travers d’« une collaboration franche avec les forces de défenses et de sécurité » par le partage d’informations qui peuvent aider au démantèlement des cellules terroristes.
« Quelle que soit la situation des personnes réfugiées – l’endroit où elles se trouvent ou le temps écoulé, analyse la représentante résidente du HCR au Burkina Faso, il faut mettre l’accent sur la recherche de solutions et éliminer les obstacles qui empêchent ces personnes de reconstruire leurs vies ». D’où l’appel à l’action, à la solidarité, à plus d’humanisme autour du thème « avançons ensemble #aveclesréfugiés».
Oui Koueta
Burkina24
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