Crise au CDP : La fin politique de Blaise Compaoré ?
Finalement, ce n’est pas l’insurrection populaire de 2014 qui aura porté le coup le plus dur au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ou du moins pas dans l’immédiat !
A l’issue de son 8e congrès ordinaire, Eddie Komboïgo, qui avait été porté à la tête du parti en mai 2018, a rebeloté. Mais entre deux élections, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts : Le CDP de 2018 n’est plus celui de 2021.
Eddie est désormais le capitaine d’un navire qui, s’il n’a sombré dans les multiples tempêtes qu’il a traversées, a perdu beaucoup de passagers et de membres d’équipage en cours de route. Ceux qui sont là sont divisés entre « l’aile historique » constituée des apparatchiks du régime de Blaise Compaoré et « l’aile futuriste » portée par Eddie Komboïgo, lequel veut s’émanciper de l’ombre tutélaire de l’ancien président.
Cette crise qui s’est parfois exprimée devant les tribunaux ne date pas d’hier. Depuis l’arrivée à la tête du CDP de l’expert-comptable, ce « jeune loup » aux dents bien longues, ses ambitions vont se heurter aux grincements de dents de la vielle garde qui le trouve trop jeune pour le pouvoir d’Etat.
Eddie Komboïgo, malgré les tirs de barrage
Entre conflits ouverts, démissions et sanctions, la gestion du parti de l’épi et de la daba sous l’ère Eddie Komboïgo n’a jamais été un long fleuve tranquille. Mais cette énième poussée de fièvre, née du souhait de « l’aile historique » de reporter le 8e congrès est sans doute la plus grave jamais enregistrée.
Le président du parti s’est retrouvé seul contre tous, dans le sens que tous les vice-présidents et des cadres de premier plan lui ont tourné le dos. Les frondeurs iront même jusqu’à proclamer la « suspension » du président qui, malgré les tirs de barrage, a maintenu coûte que coûte ce congrès.
L’un de ses arguments, c’est cette lettre du ministère de l’Administration territoriale, invitant le CDP à organiser son congrès avant la fin de l’année 2021, faute de quoi, le parti pourrait subir des sanctions. Eddie Komboïgo a d’ailleurs remporté tous les procès engagés contre lui par « l’aile historique » qui, on le rappelle, s’appuie principalement sur des courriers du président d’honneur, Blaise Compaoré, dont l’authenticité est souvent remise en cause.
Le chant du cygne d’un héritage politique ?
Si Eddie Komboïgo a remporté son combat, il n’a pas gagné celui de l’unité du parti qui, aujourd’hui, a explosé en plein vol. Que ce soit intentionnel ou pas, l’expert-comptable vient de réaliser une OPA sur le parti, devenant de fait, le seul maître à bord avec des cadres acquis à sa cause. Il n’exclut pas de s’approprier définitivement sa chose à travers la mise en place d’une commission qui va se pencher sur un possible changement de dénomination et de logo du parti.
Et Blaise Compaoré dans tout ça ? « L’enfant terrible de Ziniaré » qui ne serait pas en grande forme, selon plusieurs sources, a gardé le silence ces derniers jours. Cette réélection d’Eddie Komboïgo qui n’était déjà pas son favori en 2018, et la mise à l’écart de fait de certains de ses soutiens, sont la preuve qu’il a perdu encore du terrain dans le parti.
Qui plus est, le président d’honneur a été dépouillé de toutes ses attributions à l’issue du 8e congrès. C’est peut-être là, le chant du cygne de son héritage politique…
La Rédaction
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