Laurent Gbagbo à propos de l’élection ivoirienne du 25 octobre prochain : « C’est un coup d’État civil, un braquage électoral »
A trois (3) jours de la présidentielle, l’ex-président ivoirien et Président du parti d’opposition, Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire, PPACI, Laurent Gbagbo est sorti de sa réserve. A travers la lucarne que lui a offerte le journaliste camerounais Alain Foka, patron d’Afo Média, l’opposant ivoirien parle des élections à venir et de son avenir personnel, ébauche son bilan à la tête de la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010 et fait des révélations sur l’AES.
Le suspens reste à son comble à quelques heures de la présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire alors que les échauffourées et émeutes se multiplient dans plusieurs localités.
Ses partisans semblaient attendre un « mot d’ordre » de la part de leur leader, le président du PPA-CI, Laurent Gbagbo, pour cette élection du samedi prochain. « Un coup d’Etat civil, un braquage électoral », selon ses termes. Raison pour laquelle, lui et sa formation politique n’appelle à voter pour personne : « Il faut que les Ivoiriens comprennent que Gbagbo Laurent n’appelle à voter pour personne des candidats en lice (…) C’est un coup d’Etat civil ».
Pour Laurent Gbagbo, les enjeux sécuritaires comme prétexte de la candidature du Président Alassane Ouattara à sa propre succession, ne tiennent pas la route. Il établit des analogies avec les Etats-Unis, notamment, qui selon lui sont plus exposés à des risques sécuritaires, mais jamais le Président Donald Trump brandirait un tel argument pour se maintenir au pouvoir.
« Cette attitude est tout à fait nègre et c’est pour ça les autres se moquent de nous (…) Pourquoi serait lui, Ouattara, le seul capable d’être le « Zorro » de la situation ? (…) Mon œil », s’est-il interrogé.
De son bilan à la tête de la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010
Le président du PPA-CI a rappelé avoir été celui qui a redonné « le pouvoir » aux producteurs de Cacao et de Café en leur cédant la gestion du Conseil Café-Cacao et a mentionné ses plus grandes réalisations à savoir l’achèvement de l’autoroute Singrobo-Yamoussoukro dans le cadre du projet de l’autoroute Abidjan-Ouagadougou, le pont de Jacqueville et bien d’autres.
Par comparaison à son approche, la gouvernance actuelle repose davantage sur l’embellissement de la ville, ce qui est inutile, selon Laurent Gbagbo. Dans la même veine, le « père du multipartisme en Côte d’Ivoire », a affirmé que son régime a longuement promu la liberté d’expression, tout le contraire du pouvoir actuel d’Abidjan.
« Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, il y a un recul de la liberté et au contraire moi j’ai apporté la liberté (…) Cela n’existait pas sous mon régime. Pourtant, il y avait une rébellion », s’est-il indigné. Il en cite pour preuve les récentes arrestations du millier de militants de l’opposition réunie au sein du Front Commun (PPA-CI – PDCI-RDA) après la marche avortée du 11 octobre dernier.
La Côte d’Ivoire et l’AES
« Moi je pense que cette crise entre l’AES et la Côte d’Ivoire, c’est du ridicule, c’est de l’enfantillage de la part du pouvoir ivoirien. Et ce n’est même pas son combat. C’est le combat d’autrui. Le combat des pays étrangers que la Côte d’Ivoire prend sur son dos », a exprimé Laurent Gbagbo qui songe déjà au rétablissement des « bases fraternelles » qui ont toujours liées ces peuples à la Côte d’Ivoire. « Quand nous aurons fini avec tous nos spectacles ici (Ndlr, Côte d’Ivoire), j’irai certainement faire un tour dans ces pays pour saluer et discuter avec leurs leaders ».
Revenant à la question de la crise pré-électorale en cours en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo invite les siens à « ne pas voter (…) Ceux qui sont dans la rue, je les soutiens, ça il ne faut même pas qu’il y ait l’ombre d’un doute. Ceux qui manifestent contre ce braquage électorale, je les soutiens mais je ne les invite pas à descendre dans la rue. »
Pour de nombreux militants du Front Commun, ce message subliminal libère un mot d’ordre implicite de l’ex-président ivoirien. Pendant ce temps, la campagne électorale arrive à son point d’achèvement avec les meetings de clôture des candidats retenus. Le principal favori à cette élection, le Président sortant, Alassane Ouattara animera un grand meeting à la Place de la République à Abidjan-Plateau.
Le samedi 25 Octobre 2025, neuf millions (9 Millions) d’électeurs ivoiriens, sont appelés à choisir leur prochain président. L’actuel chef de l’Etat aura, ainsi, face à lui quatre autres candidats, en l’occurrence Simone Ehivet, ex-première dame et ex-épouse de Laurent Gbagbo ; Jean-Louis Billon, grand patron, ancien cadre du PDCI ; Henriette Lagou, ancienne ministre et Ahoua Don Mello, candidat indépendant et ancien du PPA-CI.
Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU
Correspondant de Burkina 24 en Côte d’Ivoire




