Marché financier régional : Le Burkina Faso dépasse ses objectifs avec 33 milliards F CFA levés, selon l’économiste Érick Telimsein

Le Trésor public du Burkina Faso a réalisé, le 5 novembre 2025, une levée de 33 milliards FCFA sur le marché financier régional, dépassant son objectif initial de 30 milliards. Selon l’économiste Érick Telimsein, cette performance témoigne de la confiance des investisseurs envers la signature souveraine du pays, malgré un contexte économique et sécuritaire exigeant.
Burkina24 (B24) : Le Trésor public du Burkina Faso a récemment levé 33 milliards FCFA sur le marché régional. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette opération ?
TELIMSEIN ERICK (TE) : Effectivement. Cette émission conjointe de Bons et obligations assimilables du Trésor (BAT/OAT), réalisée le 5 novembre 2025, a mobilisé 33 milliards FCFA, dépassant l’objectif initial de 30 milliards.
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C’est un signal fort de confiance envers la signature souveraine du Burkina Faso, surtout dans un contexte économique et sécuritaire exigeant.
B24 : Quels sont les indicateurs qui montrent que cette confiance est réelle ?
T E : L’un des indicateurs majeurs est le taux de couverture, qui s’est élevé à 120,02 %. Cela signifie que les investisseurs ont exprimé une demande totale de 36 milliards F CFA, bien au-dessus du montant proposé. Une telle demande traduit la crédibilité du pays sur le marché régional et la perception d’un risque maîtrisé.
B24 : Comment cette mobilisation se répartit-elle entre les différents instruments financiers ?
T E : L’opération a été structurée de manière équilibrée, combinant court et moyen terme :
- BAT 364 jours : 2,85 milliards FCFA, rendement moyen 7,53 %
- OAT 3 ans : 4,8 milliards FCFA, rendement 6,76 %
- OAT 5 ans : 12,47 milliards FCFA, rendement 6,85 %
- OAT 7 ans : 12,86 milliards FCFA, rendement moyen 7,15 %
Cette diversification montre la volonté du Trésor de sécuriser des ressources à long terme tout en gardant une marge de manœuvre à court terme pour la trésorerie.
B24 : On parle d’une forte participation nationale. Que cela signifie-t-il ?
T E : Près de 78 % des souscriptions, soit environ 25,88 milliards FCFA, viennent d’investisseurs burkinabè c’est-à-dire les banques, les assurances et les institutions financières locales.
Cela montre la maturité du marché domestique, la confiance des acteurs locaux et la capacité du pays à mobiliser ses propres ressources pour financer le développement.
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B24 : Dans le contexte régional actuel, comment jugez-vous les rendements proposés ?
T E : Les taux sont compétitifs par rapport aux standards de la zone UMOA. Malgré les pressions sécuritaires et budgétaires, le Burkina Faso maintien des conditions attractives, ce qui indique que les investisseurs considèrent que le risque souverain reste maîtrisé.
B24 : Quel message cette émission envoie-t-elle sur la stratégie financière du pays ?
T E : Elle montre que le Burkina Faso met en œuvre une stratégie prudente et soutenable, visant à :
- Financer les investissements publics prioritaires,
- Réduire la dépendance à l’endettement extérieur,
- Renforcer la crédibilité et la résilience du marché financier national.
En d’autres termes, le pays réussit à allier flexibilité budgétaire et sécurité financière.
B24 : Enfin, quelles perspectives tirez-vous de cette opération pour l’économie nationale ?
T E : C’est un signal très positif. Malgré les défis sécuritaires et la volatilité régionale, le Burkina Faso confirme sa capacité à mobiliser des ressources fiables. Cette réussite renforce la confiance des investisseurs, soutient la continuité des projets publics et démontre la résilience économique et institutionnelle du pays.




