Journée africaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle: Gros plan sur un défi actuel pour Afrique
L’Afrique a le potentiel pour se nourrir, mais cinquante ans après l’indépendance de la majorité de ses pays, le continent continue de souffrir de la faim et de la malnutrition, dépensant des millions de dollars par an pour importer de la nourriture. Tel est le message clé lancé par les différents intervenants lors de la célébration de la seconde journée africaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, tenue le 31 octobre à Hilton hôtel à Addis Abeba.
Selon les experts, les importations alimentaires de l’Afrique se chiffraient à environ 50 milliards de dollars en 2010. Ils prédisent le dépassement du cap de 100 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.
Des données récentes suggèrent que de tels recours accrus aux importations de produits alimentaires sur les marchés mondiaux sont risqués, coûteux, politiquement et financièrement intenables, a signalé le Représentant de la délégation de l’UE qui a livré le message de bonne volonté des partenaires technique et financiers.
Par ailleurs, il ressort des différentes interventions que la faim conduit à des pertes de PIB comprises entre 6 et 10 % en raison de la faible productivité de la main d’oeuvre. La Banque Mondiale estime que les enfants mal nourris encourent le risque de perdre plus de 10% des gains potentiels au cours de leur vie, soit un coût pour les pays pauvres de près de 3% de leur PIB annuel. Selon les experts, la malnutrition conduit à une perte significative à la fois du potentiel humain et économique. Par conséquent, l’amélioration de l’état nutritif est un axe prioritaire pour lequel il est urgent d’élaborer des politiques en vue d’accélérer le progrès et le développement socioéconomiques en Afrique.
Conscients de la situation et dans l’optique de l’inscrire dans leur agenda, les Chefs d’Etats ont décidé lors du 15e Sommet de l’UA à Kampala, de baptiser le 30 octobre « Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle ». En décidant de cette célébration, les dirigeants africains veulent s’assurer que la sécurité alimentaire et nutritionnelle est bien prise en compte dans l’agenda du développement, et constitue une priorité.
Le thème retenu cette année est “Investir dans le Commerce intra-Afrique pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle». Ce thème répond à celui du prochain sommet de l’UA prévu en début 2012, « Stimuler le commerce Intra-africian ».
Rhoda Peace Tumisiime, commissaire de l’économie rurale et de l’agriculture à l’Union Africaine a rappelé que cette journée vise à faire le plaidoyer et sensibiliser les dirigeants africains sur le rôle essentiel que le Commerce Intra-africain peut jouer pour faciliter et maintenir la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle en Afrique.
Cette cérémonie solennelle en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique a enregistré la participation d’éminentes personnalités.
Le président de la commission de l’Union Africain, Jean Ping, accompagné de plusieurs de ses commissaires, des ministres, des représentants du corps diplomatique, des partenaires au développement, des représentants d’institutions africaines et sous régionales, d’organisations de la société civile et le célèbre marathonien Haile Gebreselassie, ont défilé à la tribune pour dénoncer et interpeller sur la nécessité de relever le défi de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique.
« Il est inacceptable d’avoir un surplus de nourriture dans un côté du continent tandis que l’autre fait face à la famine et la faim parce que nos frontières sont fermées les unes aux autres et nous avons des lois et règlements que nous avons travaillé très fort pour mettre en place, pour empêcher la libre circulation et le mouvement de la nourriture que cultivent nos agriculteurs. » a plaidé le célèbre coureur, ambassadeur de bonne volonté des Nations Unies.
Cette seconde édition de la journée de la sécurité alimentaire et nutritionnelle a coïncidé avec l’annonce par les Nations Unies du franchissement de la barre des sept milliards d’individus sur la terre. Avec environ 1 milliard de personnes soit 15% de la population mondiale, l’Afrique est le deuxième continent le plus peuplé.
« Une croissance de la population qui a naturellement une implication sérieuse pour la croissance économique et humain et la capacité à fournir de la nourriture nécessaire et la sécurité nutritionnelle aux plus vulnérables, en particulier dans le contexte de la détérioration des économies mondiales et les crises résultantes financières » a noté le Professeur Aggrey Ambali, directeur programmes des politiques d’alignement et de développement des programme du NEPAD.
Selon les statistiques, environ un milliard de personnes dans le monde souffrent encore de la faim et de malnutrition, et une part importante de ces personnes sont en Afrique sub-saharienne, où l’on estime qu’un enfant meurt de faim et de malnutrition toutes les 6 secondes.
« Ce qui est en effet clair, c’est que dans le long terme, la meilleure façon d’éradiquer la malnutrition est de promouvoir une stratégie de croissance de nutrition sensible en lien avec le commerce intra-africain», a noté le représentant du NEPAD.
A l’occasion, un panel de haut niveau a réuni des représentants des agences des Nations Unies, des organisations africaines, des partenaires techniques et de la société civile pour faire des recommandations. La journée a été agrémentée par une exposition documentaire et des produits « made in Africa ».
Roukiattou Ouedraogo, Addis Abeba
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