Les accidents de la circulation au Burkina Faso : de morts en morts
Quand est-ce que le sort nous épargnera-t-il ? Tel est la réaction d’un grand nombre de Burkinabè face aux nombreux accidents de la circulation sur nos routes. A l’intérieur des villes, sur les grands axes routiers, la route tue, presque tous les jours. Avec la récurrence avec laquelle ils surviennent, les accidents de la circulation ne semblent plus seulement le coup du sort, mais surtout le coup des Hommes.
Le 24 avril 2012, sur la Nationale N°1, il est 5h30. A une dizaine de kilomètres de Houndé, dans la commune rurale de Boni. Un dépassement un peu hasardeux projette un car transportant 80 passagers. Bilan : 11 morts, 50 blessés dont 33 graves.
Dans la nuit du 27 au 28 avril 2012. Sur la Nationale N°7. Il est 3h30 du matin. Un car, en partance pour Soubré, en Côte d’Ivoire, est au niveau du village de Kossara. Il procède à une énième tentative pour passer le cap d’une colline. Le véhicule, avec à son bord, 97 passagers, ne répond pas aux intentions du chauffeur. La pression diminue. A reculons, le conducteur tente de ramener son mastodonte dans un endroit sûr. Mais l’espace ne s’y prête pas, le car dégringole et se retrouve au fond d’un ravin. Bilan : 4 morts et 53 blessés.
Au Burkina Faso, les routes font, par an, en moyenne, 500 morts et 6000 blessés. De nombreuses familles pleurent ainsi leurs morts. L’Etat, à tout bout de champ, semble prendre la mesure de la gravité de la situation. Il pose des remparts de tout genre: sensibilisation et renforcement des structures porteuses de secours. Pourtant, la réalité vient nous démontrer que nos autorités semblent s’en laver les mains. Après chaque « coup du sort », elles « se déportent sur les lieux, enterrent les morts, rendent visite aux blessés, appellent à la prudence », et reviennent attendre les prochaines sorties de route.
Même si l’Etat semble se faufiler, le citoyen lambda, lui-même, devrait s’inquiéter pour son sort et prendre la mesure de la portée de ses agissements. Pour le car qui a renversé ses passagers dans le ravin de Kossara, dans la nuit du 27 au 28 avril dernier, les services de police ont déclaré à la presse que le véhicule remplissait les conditions requises pour emprunter nos routes. La veille, il avait effectué une visite au Centre de Contrôle de Véhicules Automobiles (CCVA). L’accident dont il a été l’objet est dû à une panne technique. Cet état des choses vient remettre en doute la fiabilité de ce service national. Les agents du CCVA seraient-ils complices de ce que l’on appelle, dans ce milieu, « les arrangements » ? Un arrangement pour mouiller la barbe de qui ?
Sur le marché du transport national, des compagnies de transport traficoteraient les moteurs de leurs véhicules afin de leurs donner un plus grand rendement. Des primes seraient offertes aux chauffeurs qui feraient le plus d’allées et venues entre les différentes villes du pays en un temps donné. La course au gain rapide causerait, également, des malheurs dans nos familles.
Ce qui est sûr, ces genres d’arrangements et de traficotages ne font que provoquer la prolifération de tombes fraîches sur les bords de nos routes.
Les cars qui circulent sur nos routes ont, pour le grand maximum, 70 places assises. Comment est-ce qu’ils ont pu embarquer, respectivement, 80 et 97 passagers, et passés au nez et à la barbe des forces de l’ordre ? Notre Police et notre Gendarmerie seraient-elles aussi complices de comportements séditieux ? L’intervention du Premier Ministre, face à la presse, lors de sa première année de gestion, vient pourtant soutenir nos forces de l’ordre. Pour Luc Adolphe TIAO, il est arrivé que des gendarmes aient fait face aux protestations de passagers lorsqu’ils essayaient de faire descendre des passagers d’un car qui transportait plus que la norme. Le citoyen lambda se trouve ainsi épinglé par son propre comportement. Prendre place dans un car déjà bondé ou dont l’état laisse à désirer, c’est être son propre fossoyeur.
Même si le citoyen lambda reste en grande majorité responsable de ce qui arrive, les autorités politiques devraient brandir la loi. Même si elle est dure, force doit lui rester. Des structures étatiques devraient superviser l’entrée de véhicules dans notre pays. Certains véhicules, dont l’âge devrait les conduire à la casse, sont des mastodontes qui encombrent toujours nos routes. Un seul et dernier cap reste donc à franchir : de véritables sanctions pour faire baisser un phénomène dont le galop ne s’estompera de sitôt et qui emporte des jeunes bras dont la Nation a encore besoin.
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