Rapport d’Amnesty international : Le Burkina doit réviser ses leçons
Le rapport 2012 d’Amnesty international dresse encore une situation des droits humains toujours pas reluisante de part le monde. Même les pays brandis comme exemples de démocratie ne sont pas sortis blancs comme neige. En 2011, le Burkina aussi a fait des ratures sur ses copies. Les droits humains ont été une fois de plus bafoués.
Répression
Le rapport est imprégné des senteurs de la révolution du jasmin et des bourgeons avides de liberté du printemps arabe. Mais des senteurs qui ne se sont pas répandues dans les salons feutrés des dirigeants de la partie sud de l’Afrique, le Burkina y compris. C’est ainsi que le rapport a rappelé que « les forces de sécurité ont tiré à balles réelles contre des manifestants antigouvernementaux en Angola, au Burkina Faso, en Guinée, au Liberia, au Malawi, en Mauritanie, au Nigeria, au Sénégal, en Sierra Leone et au Soudan du Sud, ce qui a fait de nombreuses victimes ». Un clin d’œil aux manifestations de février et de mars 2011 suite au décès de l’élève Justin Zongo.
Le rapport estime qu’en réprimant « avec brutalité les manifestations de 2011, les responsables politiques de la région ont montré qu’ils n’ont pas su tirer les leçons de ce qui est arrivé à leurs homologues du Nord ». En effet, n’a-t-on pas entendu des voix responsables dire sous les cieux du Faso que le tô burkinabè n’avait pas la même texture que le coucous tunisien ? Et qu’il ne fallait pas donc espérer s’attendre à une digestion identique ?
Mais ce n’est pas tout. « Les autorités n’ouvraient en général pas d’enquête sur l’utilisation excessive de la force et personne n’a été amené à rendre des comptes sur les homicides », dit le rapport. Si pour l’affaire Justin Zongo, trois policiers ont été jugés et mis en prison avec toutes les réserves qu’on peut faire sur ce jugement, la violente descente d’une partie de l’armée pour mettre fin aux agissements d’une autre partie de la même armée à Bobo-Dioulasso en avril 2011, même si elle avait pour objectif de restaurer l’autorité de l’Etat, n’en demeure pas moins sujet à questionnements.
Manque de confiance en la justice
L’autre élément évoqué par le rapport, même si ce dernier n’indexe pas particulièrement le Burkina, a néanmoins des atomes crochus avec le « Pays des Hommes intègres» ( ?). « (…) Dans beaucoup de pays de la région (africaine), la population n’a plus confiance dans les organes chargés de faire appliquer la loi ni dans l’appareil judiciaire », a exprimé le rapport. Est-il besoin de faire une peinture rupestre pour convaincre qu’aujourd’hui, le Burkinabè n’a plus confiance en sa Justice ? Assurément non, puisque des citoyens n’ont plus d’autre recours que de « saisir » la presse pour que justice leur soit rendue. Parce que « rares sont les personnes qui ont été amenées à rendre des comptes pour des atteintes aux droits fondamentaux » explique à propos le rapport.
Et la Santé toujours pas en bonne santé
BURKINA FASO Chef de l’État : Blaise Compaoré Chef du gouvernement : Tertius Zongo, remplacé par Luc-Adolphe Tiao le 18 avril Peine de mort : abolie en pratique Population : 17 millions Espérance de vie : 55,4 ans Mortalité des moins de cinq ans : 166,4 ‰ Taux d’alphabétisation des adultes : 28,7 % Extrait du rapport |
Amnesty international a également rappelé au bon souvenir des autorités burkinabè qu’elles s’étaient engagées à améliorer le domaine de la santé au Burkina, surtout dans son volet maternel et infantile. Le rapport constate qu’ « aucune amélioration réelle n’avait été constatée à la fin de l’année (2011) ni dans la qualité des services de santé maternelle, ni dans l’accès au planning familial ou aux méthodes de contraception ».
A quand le changement ?
Le Burkina a donc des efforts à faire. A commencer par les populations elles-mêmes, à travers leur porte-voix, la société civile qui doit gagner en puissance et une opposition politique qui doit divorcer des futiles querelles égoïstes pour s’attacher à défendre réellement la cause des Burkinabè. Tout en espérant que les dirigeants suivront la cadence. Car, comme le dit le rapport, « à voir la façon dont ils ont réagi aux manifestations et à la dissidence, on peut dire que la plupart des responsables politiques faisaient partie en 2011, non pas de la solution, mais bien du problème ».
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