Mercure de la semaine : Laïcité, qui es-tu ?
Le thermomètre du Faso a mesuré la température de la laïcité à la Salle des banquets de Ouaga 2000, cette semaine. Près de 170 personnes, représentants les musulmans, les Chrétiens catholiques et évangélistes et les croyants aux divinités ancestrales ont palabré trois jours durant sur ce concept de laïcité avec l’administration publique.
Dans l’ensemble, pas de quoi inquiéter la Constitution
Comme on s’y attendait plus ou moins, la laïcité n’a pas trop d’inquiétude à se faire au Faso. Aucune religion à ce jour n’a exprimé la moindre velléité de remplacer la Constitution par sa doctrine. On a vu des pasteurs se soumettre au verdict de la Justice républicaine ; des imams se sont égarés mais sont vite revenus à la raison républicaine et les chefs coutumiers n’ont pas essayé de substituer à la Loi fondamentale, les lois ancestrales.
Quant à la cohabitation entre les religions et l’Etat, comme les participants au Forum l’ont eux-mêmes reconnu, le lubrifiant n’est pas périmé. Les religions entre elles n’ont pas de rixe majeure. Chacun sait où se trouve ses limites et tout le monde sait se tolérer. On n’oubliera jamais cette image d’un El Hadji assistant à la messe dite par son prêtre de fils, entre autres exemples.
Trop de viande ne gâtant pas la sauce, il est heureux qu’ont ait demandé l’enseignement de la laïcité dans les écoles franco-arabes, dans les écoles de formation professionnelle et qu’on la traduise dans les langues nationales. En attendant de voir l’application, le rêve est beau.
Mais tout n’est pas rose pour autant
Cependant, le fleuve n’est pas totalement calme. Il y a des clapotis par ci et par là. A commencer par le postulat même que le Burkina est à l’abri de tout intégrisme. Certaines phrases lâchées à la presse du genre « nous ne sommes pas mieux que les autres » ou « ce qui arrive ailleurs peut nous arriver aussi » témoignent qu’il ne faut pas dormir sur ses lauriers.
Ensuite, une foultitude de recommandations ont été proposées lors de ce forum. Seulement huit ont été consensuelles. Preuve qu’il y a des incompréhensions qui demeurent. Pourquoi les musulmans sont-ils chaque fois considérés comme une seule entité alors que les Chrétiens sont subdivisés en catholiques et évangéliques ?
Quel sort pour ces sectes qui se créent à tout coin de rue et dont les pratiques suscitent souvent les suspicions, voire le courroux des populations ? Comment l’Etat pourra-t-il régenter les successions coutumières afin d’éviter des désordres sanglants dont on ne peut gager sur l’ampleur qu’ils peuvent prendre ?
Enfin, quel est le sens de cette recommandation qui veut qu’il y ait une « vision partagée » de la laïcité au Burkina ? Cette vision n’était-elle pas assez partagée lors du forum ? Tous n’auraient-ils pas la même compréhension de la laïcité ?
Si ces questions n’ont pas eu de réponses lors de ce forum, on comprend alors pourquoi il y a eu des recommandations qui ont insisté sur l’instauration d’un dialogue permanent. On espère qu’on n’aura pas réveillé des démons qui avaient oublié qu’ils n’avaient pas à sortir de leur sommeil. « Que le Dieu de chacun de nous et les mânes des ancêtres protègent le Burkina. Amen ! » (Arsène Bongnessan Yé).
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Puisse chaque Burkina.b? du fond de sa croyance puiser une pROBITE EXEMPLAIRE