Africa Téré : De Batoro sonne le temps de l’Afrique

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Après un premier album ‘’Parenté à plaisanterie dans le Binon’’ en 2008, et le deuxième ‘’L’Afrique vous parle’’ en 2011, le parolier De Batoro maintient une tradition de laisser trois ans passer entre ses albums en présentant le troisième à la presse ce vendredi 19 septembre à Ouagadougou. Il l’a appelé ‘’Africatéré’’ qui signifie en langue bambara, le temps de l’Afrique.

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Le troisième album du parolier De Batoro est un savant mélange de sonorités locales et de paroles qui décrivent, élèvent ou réprimandent nos sociétés actuelles et les faits qui la jalonnent. Il laisse paraitre le travail qu’y a mis l’artiste, et aussi le savoir-faire particulier à lui.

 La description de son parrain, André Batiana, directeur général du Centre national des Œuvres Universitaires (CENOU), en donne un bel aperçu : « Le travail passé de De Batoro m’a donné beaucoup de satisfaction, et ce qu’il vient de produire c’est du nectar. »

La dédicace de l’œuvre s’est faite à la Mezzanine, en présence de nombreux journalistes mais aussi de parents et amis et surtout de l’important fan club de l’artiste. Ce dernier se dit prêt à prendre d’assaut les rues et bureaux de la ville, ainsi que les régions du pays pour que les mélomanes puissent se procurer l’album.

Ce qui permettrait du même coup de réduire l’action de la piraterie. En plus de parler de l’album, De Batoro a présenté quelques-uns de ses titres en live au public, comme pour démontrer que l’album a été enregistré en live, dans les meilleures conditions comme il le dit.

A part le jeu de cache-cache auquel il donne l’impression de jouer en changeant de nom à chacun de ses albums, l’artiste semble être dans l’ambiguïté concernant le style musical même qu’il pratique. Cela dit, ses réponses aux questions suivantes permettent de mieux le situer, de découvrir l’album « Africatéré » en donnant certainement l’envie de l’écouter tout entier pour s’en faire sa propre opinion.

Stella NANA
Burkina24

De Don Sharp à De Batoro… Du Rappeur au parolier

« A l’état civile je suis Batoro Seydou. C’est dans le milieu du rap, quand j’étais à l’université, que des amis m’ont surnommé Don Sharp (Monsieur Tranchant) à cause de mes textes, et c’est le nom que j’ai pris pour mon 1e album. Puis avec le temps on m’a fait remarquer que mon nom Batoro était beau, donc je me suis fait appeler Don Sharp de Batoro  pour le 2e album. Et maintenant, sur le 3e album j’ai voulu garder la racine, porter simplement mon propre nom, et voilà pourquoi je voudrais qu’on m’appelle désormais De Batoro.

Après la sortie de mon deuxième album, lorsque les gens me disaient slameur, je rétorquais que je suis parolier. Ce que fais, ce n’est pas du slam, alors De Batoro n’est pas slameur. Mais les slameurs sont des paroliers.

La poésie urbaine, née aux USA en 1978 d’où elle est arrivée eu Europe avant d’atteindre l’Afrique, utilise des rimes croisées ou embrassées, des alexandrins, et chez moi au village on dit les choses comme elles nous viennent avec la beauté de la langue, des instruments qui l’accompagnent, de l’intonation de la voix qui donne différents sens à un même mot. Alors je préfère continuer à exploiter les richesses de ma culture, d’être plutôt parolier que slameur.

De Batoro en prestation live pour présenter son album (© Burkina 24)
De Batoro en prestation live pour présenter son album (© Burkina 24)

Je me sens bien dans le style que je fais et c’est ce qui importe.

Au Burkina le slam fait phénomène de mode, mais je pense qu’il y a beaucoup de mimétisme des slameurs français de la part des Burkinabé. Pourtant nous avons de la ressource littéraire inexploitée ici.

Il y a des expressions de nos langues locales qu’on ne peut pas traduire en français par exemple.

Cette façon griotique que les paroliers africains ont pour délivrer leurs messages est particulière et c’est ce que nous devons perpétuer. »

Un genre peu commun mais satisfaisant

« Mon 1er album m’a permis d’avoir le Tiercé Or de la musique burkinabè en 2008. Le 2e m’a permis d’avoir le Kundé de la meilleure réalisation vidéo en 2011. Et en 2014 j’attends de voir où m’amènera ce 3e album. Le titre « Piraterie » fait déjà l’objet d’un contrat signé avec un réseau de téléphonie mobile du BF et il a été retenu pour la prochaine campagne du BBDA contre la piraterie des œuvres musicales.

 Ce seul titre est déjà une bonne source de rentabilité et j’espère que tout l’album me rapportera des trophées. Une façon à mon niveau de lutter contre la piraterie : faire les CD moins chers à la dédicace (2000F) pour que ceux qui veulent puissent en acheter plusieurs à la fois, pour écouter et aussi en offrir.

Je pense aussi qu’il est grand temps que j’organise des concerts. C’est vrai que je n’en ai jamais fait un pour moi. J’ai le plus souvent fait des créations pour prester à de grandes rencontres comme les rencontres de la Coopération Côte d’Ivoire-Burkina, ou des évènements comme la rentrée RTB. Je dois rentrer commencer une création dès demain, pour faire des choses qui ne sont pas sur mon album mais que nécessitent des occasions données. Mais j’ai envie de faire une tournée dans tout le Burkina bientôt. 

Une collaboration avec Soum Bill de la Côte d’Ivoire.

« AfricaTéré : c’est le temps de l’Afrique, pour réveiller un peu les mentalités. Il est grand temps que l’Afrique réalise qu’elle est l’épicentre de tous les intérêts mondiaux (…) et que les Africains prennent conscience de ce que représente l’Afrique, la terre de la prochaine destination, de la prochaine migration.

L’album traite de panafricanisme, de conscientisation des jeunes sur la sauvegarde du patrimoine que nous avons (à travers le titre Piraterie), du respect de la femme et de sa dignité (il ne faut pas attendre le 8-Mars pour dire à sa mère ou à sa femme qu’on l’aime, il faut plutôt le faire tous les jours, au moins pour le respect des 9 mois qu’on a passés dans son sein).

Soum Bill était de passage à Ouagadougou pour le festival Ciné Droit Libre et je me suis dit « il a une belle voix, il est panafricaniste engagé comme moi ; j’ai déjà fait deux albums sans featurig avec des artistes étrangers, et voilà une bonne occasion! » J’ai alors demandé à Walib Bara de le voir pour qu’on fasse une collaboration, nous étions à la veille de son départ. Il était d’accord et nous l’avons fait en quelques heures. »

Propos recueillis par Stella NANA
Burkina24
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