Emile Scipion : « Appliquons d’abord le vote dans nos associations »
Sur la question précise du report de la participation de la diaspora burkinabè à la présidentielle du 11 octobre 2015, je me suis toujours abstenu de me prononcer ; pas que je n’ai pas d’opinion à partager. Bien au contraire.
J’ai seulement espéré que dans la vallée, il se trouverait un leader suffisamment charismatique et pédagogue pour mieux faire cerner à mes compatriotes, ici en Côte d’Ivoire, les raisons objectives d’un rendez-vous qui ne saurait être tenu en 2015, afin de mettre ceux-ci en confiance et ainsi éviter le déchirement continu du tissu social de la communauté.
Jusque-là, je ne vois malheureusement rien se dessiner. Et il y a des risques que l’intox et les rumeurs achèvent de tout mélanger sur les bords de la lagune Ebrié. Avant qu’il ne soit trop tard, j’ai décidé pour ma part de descendre dans l’arène, car j’ai foi que les intellectuels pour peu qu’ils soient animés d’une pensée droite et de l’intérêt supérieur (pas d’intérêt clanique) peuvent aider nos parents et compatriotes à démêler l’écheveau et à ne pas se tromper de combat…
Les missions effectuées par la CENI auprès de la diaspora pour évaluer le terrain et installer ses démembrements extérieurs avaient donné à espérer, jusqu’à ce que la météo politique au Faso soit surchauffée par la tentative de modification de l’art 37 et que Blaise Compaoré ait pris le large, consécutivement à l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014. La Transition mise aujourd’hui en place pour organiser des élections transparentes et inclusives hérite ainsi de la patate chaude. Le compte à rebours a commencé. …
Ce processus, il ne faut pas se voiler la face, ne prend pas moins d’un an. Ce qui me fait raisonnablement affirmer que même si le Président Compaoré était encore aux affaires, ce n’est pas évident qu’un tel pari soit gagné en Octobre 2015, à moins que des étapes soient galvaudées et qu’on passe par pertes et profit le souci de transparence et de sincérité de ces élections.
A partir de cette lecture, je ne peux accabler les acteurs de la Transition ni leur prêter des intentions malveillantes envers ma communauté. En Côte d’Ivoire, et pour parler de ce que je sais le mieux, comment un tel droit peut alors être réalisé à l’état actuel des choses, quand on sait que seuls quatre bureaux de vote sont disponibles ( à l’ambassade, aux deux consulats généraux d’Abidjan et Bouaké, et au Consulat honoraire de Soubré) pour une communauté estimée à plus de 3 millions de personnes. A supposer que le collège électoral sur ces 3 millions de Burkinabè soit évalué à 500 000 personnes.
Et que seulement 200 000 décident d’accomplir leur devoir civique, comment alors quatre bureaux de vote peuvent recevoir 200 000 personnes de l’ouverture des bureaux à 7h00 à la fermeture à 18h00 ?
En exemple d’illustration, pour un bureau de 300 électeurs, il faudrait au moins 25 h en raison de 5 mn, accordée à chaque électeur, pour que tous ces électeurs puissent accomplir le vote. Cette illustration vient mettre en lumière qu’il faut en amont un arsenal de mesures techniques, pratiques, organisationnelles et financières, pour que le droit de vote des Burkinabè de l’étranger soit appliqué.
Et je voudrais, en me désolidarisant des invectives et des propos discourtois des activistes de tout poils, voir dans les manifestations de mes compatriotes à Abidjan une indignation et une revendication légitimes, qui recommandent aux animateurs de la Transition de s’employer, avant la fin de leur mission, à mettre tout en œuvre pour que les conditions de la participation des Burkinabè de l’extérieur au choix du premier magistrat du Faso soient remplies et qu’en 2020 le rendez-vous soit honoré.
Emile Scipion Ilboudo
Journaliste professionnel
Titulaire d’un Master en journalisme option presse écrite
Membre de la communauté burkinabè à Abidjan
SG du Réseau des Communicateurs de la Diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire
Cel : 00225 07 33 01 11
Mail : [email protected]
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