Crise au mouvement « Ça Suffit » : « Le chapitre est clos », selon Aziz Sana

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Aziz Sana est président du mouvement « ça suffit ». Disons « était », puisqu’il est désormais à la tête du « Collectif 3D », une structure associative créée dans les cendres du « Mouvement ça suffit ». Une façon de dire « ça suffit » à la crise qui a éclaté au sein du mouvement et conduit à sa scission en deux camps : le 3D et Aube du Faso. Dans cette interview, accordée à Burkina24 le 27 avril 2015, le député Aziz Sana affirme que le chapitre de cette crise est désormais clos et qu’il voit désormais en … 3D.

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Burkina24 (B24) : Qu’est-ce en quelques mots le « Collectif 3D »?

Aziz Sana (A.S): Le « Collectif 3D » est un regroupement de citoyens burkinabè réunis autour d’un même idéal à savoir la démocratie et le respect des droits de l’homme.

Le collectif se veut un instrument d’échange, de propositions et aussi une force d’action sur le terrain de telle sorte qu’à la fin de l’ensemble de nos actions, on puisse avoir une démocratie renforcée et aussi voir une meilleure condition de vie de l’ensemble des Burkinabè afin de permettre à tous Burkinabè de pouvoir se nourrir, se loger, avoir aussi des vacances.

Voilà pourquoi nous avons essayé de rebaptiser le mouvement « ÇA SUFFIT » en  « Collectif 3D » parce que dans un premier sens, le mouvement « ÇA SUFFIT », c’était pour dire non au pouvoir à vie et non à la patrimonialisation du pouvoir.

Aujourd’hui, c’est chose faite. Nous avons atteint nos objectifs les 30 et 31 octobre 2014. Nous nous sommes dit s’il fallait continuer avec ce slogan qui a atteint son objectif ou arrêter entièrement de militer dans une structure associative ou aller avec une nouvelle vision ? Mes camarades et moi avions souhaité rebeloter.

Nous nous sommes réorganisés autour d’un certains nombre d’objectifs pour travailler à ce que le peuple burkinabè puisse orchestrer la bonne politique dans l’intérêt supérieur du pays, du bonheur du peuple et le salut de la république.

B.24 : En d’autres termes, « ça suffit » a atteint ses objectifs ?

A.S : Oui, les objectifs que nous nous sommes initialement donnés ont été atteints. Mais cela ne veut pas dire que nous avons définitivement enterré ce mot. Il fera toujours partie intégrante du « Collectif 3D » avec ses convictions.

Si un jour il s’avérait qu’on puisse le (ÇA SUFFIT, NDLR) brandir pour dire non à un tel acte, nous n’allons pas hésiter de réveiller le mouvement. Il sera toujours un label du « Collectif 3D ».

B.24 : On sait qu’au sein du mouvement « ÇA SUFFIT », il y a eu pas mal de remous entre les leaders. Aujourd’hui, qu’est qu’il en est exactement?

A.S : Vous savez lorsqu’on créait « ÇA SUFFIT », on avait un certain nombre d’objectifs et ils sont atteints. On peut ne pas s’entendre sur les objectifs spontanés comme les principaux. Les principaux étaient atteints, on a clos ce chapitre.

Nous sommes restés des amis. On échange mais c’est comme un parti politique. Quand on est avec l’autre, vous n’êtes pas forcement des amis, même si vous n’avez pas la même idéologie.

Ce chapitre est définitivement clos avec la mise en place du « Collectif 3D » où les objectifs sont clairs. Tout ce que nous devons entreprendre doit aller sur les 3D. Les petites querelles au sein du mouvement « ÇA SUFFIT » sont normales. Quand vous regardez l’ensemble des structures associatives sœurs, c’est la même chose. Je crois que ce chapitre est clos et nous restons toujours des bons amis et on continue de combattre.

B.24 : Mais quel est le mouvement qui siège au Conseil national de la transition ? Est-ce le Collectif 3D ou l’Aube du Faso de l’autre camp ?

A.S : Lorsqu’on est député, on l’est au nom du peuple. Lorsqu’on vote une loi, on ne le vote pas au nom du « Collectif 3D » ou du mouvement « ÇA SUFFIT » mais s’applique à l’ensemble des Burkinabè.

Moi Aziz Sana en tant que député j’agis au nom du peuple et pas au nom d’une structure quelconque.

B.24 : Autrement dit Aziz Sana est toujours député ?

A.S : Aziz sana reste député et le demeurera jusqu’à la fin de la transition.

B.24 : L’autre actualité c’est le vote portant modification du Code électoral. On sait que vous avez participé au vote. Alors, qu’est qui vous a motivé à voter oui ?

A.S : Le code électoral que nous avons voté comporte plusieurs nouveautés pour lesquelles nous avons lutté depuis 2009. Il s’agit par exemple des candidatures indépendantes qui ne sont pas forcément pour les associations ou pour des syndiqués. Cela concerne aussi des partis politiques.

Il y a un manque de gestion démocratique dans certains partis qui font du copinage au niveau des élections en mettant des personnes non méritantes au-devant des candidatures. On ne donnait pas la possibilité aux candidats les plus populaires d’être sur les listes de candidature.

Avec cette nouvelle monture qui donne le pouvoir à chaque Burkinabè de pouvoir être candidat, les partis politiques vont également travailler à ce que les plus méritants soient valorisés et qu’il y ait la vraie démocratie.

C’est de permettre également aux structures associatives ou syndiquées de pouvoir prendre part aux élections compte tenu aussi qu’ils ont apportés leur grain de sel quant à l’insurrection et la recherche démocratique.

La deuxième chose est l’interdiction de gadget. Actuellement au Burkina Faso, on fait voter les gens par des T-shirt et par la corruption.

La troisième innovation est que désormais il est formellement interdit dans le code électoral et à titre même pénal de toute utilisation de véhicules de l’Etat à des fins de campagne électorale.

B.24 : Mais certains disent que vous avez voté une loi qui vise à exclure des élections présidentielle, législatives et municipales certains membres de l’ancien régime ?

A.S : Non on n’a pas voté une loi en fixant quelqu’un. Contrairement à ce que les gens pensent, la première monture était encore plus dure. C’est après plusieurs échanges que nous sommes arrivés à mettre de la justice dans l’article.

Ce n’est pas tout un parti ou tout un groupe d’individus qui est interdit, c’est des personnes. Sachez qu’aussi que même en France, quand vous prenez de 1886 à 1946 dans leur constitution il était dit que toutes les familles qui ont régné sur la France ne pouvaient pas prétendre à la candidature présidentielle.

Ici il faut donner une leçon de telle sorte que les générations futures qui vont lire notre code électoral sachent qu’en 2014, il y a eu tel effet et c’est pour cela qu’on a introduit de telles dispositions.

On n’a pas ciblé quelqu’un. C’est à chacun de venir défendre sa cause devant le Conseil constitutionnel. Si on avait fixé un individu en tant que tel, moi j’aurais eu le courage de dire non parce que loi doit être impersonnelle.

B.24 : Mais cette loi a eu l’assentiment des grandes chancelleries, qui n’étaient pas d’accord au début ?

A.S : J’ai posé la question à savoir s’il faut privilégier la démocratie ou l’onction populaire. L’onction populaire rejoint toujours la démocratie mais la démocratie ne rejoint pas toujours l’onction populaire.

Je suis heureux de constater qu’ils soient revenus après une analyse conséquente de la situation pour dire qu’ils sont du côté du peuple.

B.24 : Autrement dit, aujourd’hui par rapport à cette loi vous êtes totalement satisfait ?

A.S : Non il y a des choses que j’aurai voulu qu’on améliorer. Par exemple, le parrainage des candidatures à la présidentielle.

Bien qu’on ait suspendu cela pour l’année 2015, j’aurai voulu qu’on le supprime définitivement parce que le choix du président doit être une onction populaire.

C’est un vote universel et s’il en est ainsi, ce n’est pas trois, quatre personnes ou bien à des conseillers de décider du choix du candidat. On le présente au peuple et le peuple fait le choix. Ce n’est pas un suffrage indirect.

Si on demande par exemple aux conseillers ou aux députés de parrainer la candidature d’un candidat à la présidentielle, cela veut dire que nous sommes dans un suffrage direct et indirect couplé puisse qu’il faut d’abord avoir 50 signatures par exemple.

On ne peut pas tout changer en même temps mais on a décidé de suspendre pour 2015  compte tenu des contestations en attendant qu’on l’approfondisse la réflexion.

B.24 : Quelle appréciation faite vous de la transition en six mois d’exercice ?

A.S : Je suis à 60%  satisfait. C’est vrai qu’on reconnait tous qu’au début la transition a eu beaucoup de balbutiement. Mais les débuts sont difficiles.  Quand l’amorce est entamée, ça devient  plus facile et beaucoup n’avaient pas l’expérience de la gestion en tant que ministre dans un gouvernement.

Entretien réalisé par Bienvenue APIOU avec Noufou KINDO et Benié APPIA (Stagiaire)

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Rédaction B24

L'actualité du Burkina 24h/24.

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5 commentaires

  1. On se demande bien pourquoi Cette prolif?rations des OSC politiques? Chacunppr?f?rant ?tre chef et pouvoir donner des interviews tout temps au d?triment d’une vraie force de propositions et de veille.

  2. De la m?me fa?on les OSC pilulent comme des champignons c’est de cette m?me mani?re elles vont dispara?tre comme de la neige au soleil. Si vous ?tes incapables de vous entendre d?gagez.

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