Mangorotou : Il se suicide à 11 ans pour 2 750 F CFA

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Dans la commune rurale de Bandoungou, précisément à Mangorotou, village situé à 70 kilomètre de Bobo-Dioulasso au Burkina,  un élève de CE2 du nom de Soumaïla Barro s’est donné la mort en buvant du poison. La raison ? C’est par désespoir de voir que ses parents n’arrivent pas à régler la somme de 2 750 F CFA,  représentant la cotisation de l’Association des parents d’élèves (APE).

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Mangorotou, une bourgade située à plus d’une soixantaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso. Dans cet après-midi du 28 avril 2016, errant dans son verger, Karim Barro, le père de Soumaïla Barro, est toujours sous le choc.  « Il me disait avoir honte du non règlement de sa cotisation. Il a aussi dit que c’était un élève et lui seulement qui n’étaient pas à jour ». Il raconte ainsi les derniers sentiments de son défunt fils. Il était âgé de 11 ans.

Le père de Soumaïla dans son verger laisse tout à Dieu
Le père de Soumaïla dans son verger laisse tout à Dieu

Le père se rappelle ensuite les moments qui ont précédé ces confidences.  Son fils est venu le voir pour le règlement de sa cotisation APE.

Celle-ci s’élevait à 2 750 F CFA. Mais la famille traversait une situation difficile. Le père confie alors avoir demandé à son fils de patienter, le temps de pouvoir vendre les mangues de son verger.

Ils passèrent la journée du 17 avril ensemble. « Je lui avais demandé de venir au champ avec moi, car des acheteurs m’avaient promis de passer pour acheter des mangues et après j’allais régler l’APE », se remémore le géniteur.

Après une longue attente nimbée d’espérance, Soumaïla Barro finit par retourner à la maison laissant au verger son père. Ce dernier espérait  toujours la venue des acheteurs qui allaient les délivrer,  mais tardaient à se montrer.

Karim Barro ne savait pas que c’était la dernière fois qu’il voyait son fils vivant et bien portant. «C’est après quelque temps que sa grande sœur est venue me dire que Soumaïla est décédé, donc je me suis précipité pour rentrer à la maison et c’était trop tard », raconte le malheureux père, la voix cassée.

Arrivé chez ses parents, en effet, le garçon de 11 ans s’est dirigé dans la maison familiale. «Son petit-frère l’a suivi, continue le père.

C’est après que le petit-frère est sorti pour informer la maman qu’il a bu quelque chose (du poison, ndlr) et Soumaïla a nié ». Mais la suite des évènements a donné raison à son frère cadet. Malheureusement.

L’élève de CE2 a été amené au CSPS du village, puis au CMA de Dandé. De là, il est évacué au CHUSS de Bobo où il a rendu l’âme le lundi 18 avril 2016.

Soumaïla Barro a donc perdu la vie à cause de 2 750 F CFA. Mais que s’est-il passé au niveau de l’école pour que l’élève en arrive à cette extrémité ?

Le Président l’APE, Issiaka Koanda, rencontré, explique que les frais de cotisation annuelle de l’Association sont fixés à 2 750 F CFA par an. Pour ce faire, des rencontres sont organisées avec les parents d’élèves pour faire le bilan des travaux. Il précise ensuite  que c’est après une de ces rencontres que des solutions ont été proposées aux parents pour se mettre à jour.

Plus de 150 élèves non à jour

Village situé à plus de 60 kilomètres de Bobo-Dioulasso
Village situé à plus de 60 kilomètres de Bobo-Dioulasso

Ainsi, les élèves qui n’étaient pas jour ont été conseillés d’aller informer leurs parents à la date du lundi 11 avril 2016 et le mardi certains parents ont commencé à se mettre à jour. « Soumaïla Barro n’était pas le seul élève, dit-il. Ils étaient au total 156 élèves dont les cotisations n’étaient pas à jour. Sa grande sœur (de Soumaïla, ndlr), qui est à l’école, a payé 1000 F CFA par le biais de sa maman ».

Issiaka Koanda a ajouté avoir appris la nouvelle de la maladie de l’enfant le 19 avril et s’est rendu au CSPS. Là, il apprendra que Soumaïla Barro a été transféré à Dandé puis à Bobo.

Le directeur de l’école où se rendait le défunt écolier n’était pas joignable pour raison de santé.

Pour le reste, les parents de Soumaïla Barro s’en remettent à Dieu. C’est le cas de son oncle, le chef du village de Mangorotou, Lassina Barro. « La famille ne peut qu’accepter ce que Dieu a décidé, sinon l’élève n’a jamais eu ce caractère ».

« Ce qui est arrivé est douloureux, mais tout cela reste à Dieu », soupire pour sa part, le père de Soumaïla Barro.

Sidiki TRAORE

Correspondant Burkina 24 à Bobo-Dioulasso

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