Burkina : L’opposition et l’écueil de la division
La tare congénitale des opposants en Afrique, c’est leur irrépressible incapacité à parler le même langage. Et cela, quelle que soit la force de leur adversaire commun. Les choses ont commencé à changer depuis ces dernières années, y compris au Burkina. Pour la première fois depuis le début de règne de Blaise Compaoré, des hommes politiques ont réussi à s’unir pendant très longtemps, au point d’avoir réussi à bouter un président hors du pouvoir. Mais cette prouesse risque de ne pas se répéter.
Tous occupés à battre campagne pour remporter l’élection présidentielle, les membres du Chef de file de l’opposition politique version Zéphirin Diabré n’ont apparemment pas pensé à ce qui adviendrait après.
Lorsque le nom de Roch Marc Christian Kaboré a été sorti gagnant de la présidentielle, la logique présentait Zéphirin Diabré comme le prochain chef de file de l’opposition. Sauf qu’il devra accueillir dans ses rangs, ceux qu’il a passé près de deux ans à combattre : le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ancien parti au pouvoir.
C’est l’une des raisons officielles qu’a brandie Me Bénéwendé Sankara de l’Union pour la renaissance/parti Sankariste (UNIR/PS), et bien d’autres, pour se réfugier dans la majorité présidentielle. Il fuyait ce qu’il a appelé une « alliance contre-nature ».
La suite de l’histoire lui donne-t-elle raison ? Quoi qu’il en soit, il n’est pas besoin d’un flair de chasseur pour sentir que la sérénité ne règne plus au sein du Chef de file de l’opposition politique. La gêne et le malaise y ont élu domicile. Des preuves ?
La prochaine conférence nationale de l’insurrection que prévoit organiser … la Coalition des Forces Démocratiques pour un vrai Changement (CFDC). Celle-ci regroupe les anciens membres de l’ancien CFOP qui a combattu Blaise Compaoré. Le CDP ne peut raisonnablement pas participer à une fête où sera célébré le fouet qui a servi à le bastonner. Voilà pourquoi Achille Tapsoba, son président par intérim, a déclaré que « mathématiquement, nous ne sommes pas dans le domaine de définition des insurgés ».
Intérêts divergents
Ensuite, le CFOP est censé fédérer les revendications de ses membres et porter leur parole. Le CDP réclame la libération de ses militants incarcérés dans le cadre du coup d’Etat et de l’insurrection. La Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) de Rasmané Ouédraogo veut également que Djibrill Bassolé sorte de prison. Mais peut-on entendre Zéphirin Diabré porter ces propos-là devant le Chef de l’Etat Roch Kaboré, eux qui ont dû raser les murs lors du putsch de septembre 2015 ?
La tâche est bien évidemment plus délicate pour le président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). Plus délicate sans doute que lorsqu’il devait conduire des opposants qui avaient une dent contre un adversaire commun : Blaise Compaoré.
Dans ces conditions, le CFOP survivra-t-il jusqu’en 2020 ? Comment pourrait-il réussir à porter les aspirations de la majorité de la population avec ses membres qui tiennent des discours diamétralement opposés (sauf lorsqu’il s’agit de critiquer le gouvernement) ?
Si l’actuel Chef de file réussit à éviter l’écueil de l’implosion du CFOP, il convaincra définitivement de sa capacité de management.
Abdou ZOURE
Burkina24
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