Gestion de l’épidémie de dengue : Le ministère de la santé répond à l’UPC

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Dans cette déclaration, le ministère de la santé, précisément le Directeur de la lutte contre la maladie, use de droit de réponse en réaction à une autre déclaration de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), publiée sur Burkina24, le 16 novembre 2016.

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En réponse à la déclaration de l’UPC intitulé « Epidémie de Dengue au Burkina : l’UPC pointe les insuffisances de notre système de santé », je vous prie de bien vouloir publier ce droit.


J’aurais voulu m’abstenir de produire et de vous solliciter pour la publication de cet article tant mes collègues et moi-même sommes pris sur le terrain pour juguler cette épidémie de dengue. Cependant, m’inquiétant du caractère désorientant de votre déclaration pour certains de nos concitoyens, je ne puis me déroger de mon obligation d’agent de service publique à qui il incombe une lourde responsabilité, celle de diriger la direction de la lutte contre la maladie. Aussi m’en voudrais-je de ne pas relever et corriger certaines des allégations contenues dans vos propos, et surtout ne pas rassurer les populations que le système de santé se renforce de jour en jour pour le plus grand bien de chacun et de tous.

Monsieur Steve Léonce Zoungrana, dans votre déclaration parue dans plusieurs éditions de la presse burkinabè le 17 novembre 2016,vous affirmez que le système de santé manque de prospective et de réactivité ; pire vous alléguez que « La situation semble s’être empirée ». Je voudrais donc porter à votre gouverne des informations que vous semblez méconnaitre ou feignez d’ignorer.

En effet, en septembre 2016, le ministère de la santé a élaboré pour la première fois un plan de contingence pour la préparation et la riposte à une éventuelle épidémie due aux arboviroses au Burkina Faso. L’adoption de ce plan vient étayer le souci qu’a le ministère de prendre en compte les nouvelles menaces sanitairestelles que les arboviroses (maladies virales transmises par des moustiques, les tiques…).

Depuis le mois de septembre, le ministère de la santé est entré dans un processus de création d’un centre des opérations des urgences de santé publique. Ce dispositif permettra de renforcer davantage les capacités opérationnelles de l’institution à faire face à d’éventuellesurgences de santé publique (épidémies d’Ebola, de dengue, fièvre Lassa, …). Il y a à peine un mois, à Bobo-Dioulasso, prenant en compte la persistance de la menace de la maladie à virus Ebola dans la région ouest africaine, le ministère de la santé avec l’aide des partenaires techniques et financiers a réalisé un exercice grandeur nature de simulation sur un cas de maladie à virus Ebola.Toutes ces actions entrent dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles du ministère et à assurer un système de santé plus résilient.

D’autres actions aussi structucturelles telles que la collaboration entre lesministères en charge des ressources animales, de l’environnement et de l’administration territoriale sont en cours dans le cadre du « One health »,ont conduit à l’élaboration d’une feuille de route pour un renforcement de la sécurité sanitaire au Burkina Faso. Je voudrais également rassurer les lecteurs  que la réactivité du système de santé se renforce de jour en jour ; à ce sujet, le Burkina Faso participe au corps de « casques blancs » de la CEDEAO avec une contribution de cinq membres dans l’équipe régionale d’intervention rapide. Au niveau national, nous disposons de deux équipes nationales d’intervention rapide prêtes à intervenir en cas de besoin.

En ce qui concerne la réactivité du système de santé, tout en reconnaissant un certain nombre de limites, nous voudrons rassurer qu’elles sont connues comme l’atteste l’évaluation interne du règlement sanitaire internationalréalisée par le ministère que vous citez dans votre déclaration sans en fournir la source exacte. La réactivité du système de santé est une préoccupation constante des autorités et le lancement par le Premier Ministre le 04 août 2016 du programme de sécurité sanitaire mondiale au Burkina peut constituer une preuve si nécessaire.  En plus de l’évaluation interne de la capacité de réponse du ministère où vous avez probablement tiré l’essentiel des points justifiant votre écrit, je voudrais vous rassurer que le pays verra ses capacitées renforcées dans le domaine de la prévention, détection et riposte.Pour votre gouverne, une évaluation externe est prévue en 2017 afin de compléter le processus.

Pour ce qui concerne la réactivité face à la présente épidémie, beaucoup de choses ont été faites avant la déclaration officielle à la télévision nationale le 24 octobre 2016. Aussi voudrais-je,sans vouloir être très long, vous énumérer un certain nombre d’actions qui ont été réalisées, mais dont nous ne jugions pas à l’époque nécessaire de porter à la connaissance de nos concitoyens.

 En effet, pour déclarer une épidémie, vous n’êtes pas sans savoir qu’il faut avoir un point exact de la situation ; dès l’alerte sur l’augmentation du nombre de cas, nos équipes pluridisciplinaires ont pu faire des investigations dans les différentes formations sanitaires ce qui a permis que vous puissiez citer les chiffres en rapport avec la dengue dans votre écrit.

 A ce jour, et grâce à l’ensemble des actions sus mentionnées, nous sommes en mesure de vous faire chaque jour le point sur le nombre de cas dedengue dans toutes les formations sanitaires de la ville de Ouagadougou et de manière hebdomadaire dans tout le pays.

Un grand travail de coordination a été fait avec les partenaires techniques et financiers, les chercheurs et certaines ONG en vue de trouver les stratégies idoines à la présente épidémie.

La réalisation de certaines activités de communication de masse à travers la télévision, la radio, la presse écrite, la presse en ligne et les réseaux sociaux (spots radio, émissions, et microprogrammes télévisés) a été faite dans un très bref délai.Ces programmes sont en toujours en cours dans les différents média.

 D’autres canaux de communication seront mis à contribution dans les prochains jours dans le cadre de la lutte contre la dengue. Pour ce qui concerne la disponibilité des tests de diagnostic rapide dans les formations sanitaires publiques, il faut savoir que ces tests sont utiles mais ne constituent pas un frein à la prise en charge; en effet, les mesures recommandées par l’OMS sont de disposer de la technique de diagnostic moléculaire qui est l’examen de référence de la dengue.

Les tests de diagnostic rapide utiles pour l’orientation des agents de santé, posent parfois des problèmes de fiabilité et peuvent contribuer à augmenter la psychose s’ils sont mal interprétés. C’est pourqoui, nous avons dès les premiers instants révisé les directives de diagnostic et de prise en charge de la dengue et les avons mis à la disposition des formations sanitaires.

Cela est très utile dans un contexte de flambée de pouvoir avoir des définitions opérationnelles à tous les niveaux. Pour la confirmation des cas de dengue, je puis vous rassurer que dès la semaine prochaine le laboratoire national de fièvre hémorragique (centre Muraz) sera en mesure de faire outre le diagnostic de la dengue, ceux dezika, du Chikunguyna et de la fièvre de la vallée du Rift.

Je voudrais également vous rassurer que notre système de santé aujourd’hui est plus résilient qu’il ne l’était et aujourd’hui nousavons pu démontrer qu’une épidémie complexe comme celle de la dengue a connu une bonne approche de gestion.

Enfin dans votre déclaration, vous semblez reconnaitre que la meilleure mesure est la lutte antivectorielle ce qui n’est pas faux ; cette lutte anti vectorielle est pluridisciplinaire et nécessite la participation de tous. Je voudrais vous rassurer également que c’est l’une des préoccupations du ministère de la santé  notamment à travers l’utilisation d’insecticides pour la lutte contre les différents vecteurs. Cette stratégie est d’ailleurs prise en compte dans le nouveau plan stratégique de lutte contre le paludisme 2016-2020 à travers la pulvérisation intra-domiciliaire et la lutte anti-larvaire.

Pour ce qui concerne la présente épidémie, je voudrais porter à l’attention du public que les équipes d’entomologistes et d’épidémiologiste travaillent pour l’identification de la meilleure approche de la lutte anti-vectorielle. Prenant en compte les notions d’efficacité et de toxicité, la pulvérisation intra-domiciliaire est en cours dans les hôpitaux de Ouagadougou en vue de réduire la densité des moustiques et éviter la propagation de l’épidémie.Dans les prochaines semaines, nous voulons rassurer la population que la pulvérisation spatiale sera réalisée dans la ville de Ouagadougou.

Pour finir M. Steve Léon Zoungrana semble ignorer l’existence d’un vaccin contre la dengue qui est pourtant disponible. Bien que ce vaccin soit peu accessible au niveau international du fait d’une insuffisance de production et de son coût relativement élevé, le ministère de la santé a déjà pris attache avec les producteurs afin de le rendre disponible sur le marché burkinabè.

Tel est l’essentiel des éclaircissements que je tenais à porter à l’attention de M. Steve Léon Zoungrana et de l’opinion publique sur le dispositif mis en place pour faire face à l’épidémie de la dengue.

Je termine mes propos en recommandant les gestes simples dont l’application nous permettra de réduire le risque de décès liés à la dengue et surtout de venir à bout de l’épidémie en cours. Il s’agit de :

  • éviter l’automédication lorsqu’on est malade et surtout l’utilisation d’anti-inflammatoire non stéroïdiens (ibuprofène, diclofenac, acide acetyl salicylique) sans avis d’un agent de santé;
  • consulter rapidement dans une formation sanitaire en cas de fièvre brutale avec des maux de tête intenses et des douleurs articulaires ;
  • éviter de se faire piquer par les moustiques en portant des vêtements à longue manche, en utilisant des pommades répulsives et des serpentins ou autres insecticides ;

 Le Directeur de la lutte contre la maladie

Dr Brice Wilfried BICABA

 

 

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