Dossiers judiciaires au Burkina : Décembre est là
Indubitablement, l’une des raisons fondamentales qui ont conduit à l’insurrection populaire d’octobre 2014, c’est bien les questions de justice. La Justice était devenue l’antre de l’injustice aux yeux de nombreux citoyens. Les dossiers calfeutrés et couverts de toiles d’araignée dans les tiroirs des palais de justice avaient fini de convaincre que l’impunité a été intégrée dans le droit positif burkinabè. Aujourd’hui, c’est l’un des grands chantiers sur lesquels les Burkinabè attendent les nouveaux dirigeants.
Une enquête du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) l’a dit : les Burkinabè ont d’autres priorités que de changer de Constitution. En des mots habillés de leur simple nudité, on dira qu’ils ont faim et soif.
Mais souvent, la faim peut être supplantée par quelque chose de plus douloureux : la blessure morale. Au Burkina, cette blessure est devenue une plaie dans nombre de cœurs. Des vies ont été injustement et cruellement arrachées par le fait de l’homme politique depuis de nombreuses années. Certaines ont été oubliées. D’autres affaires ont eu plus de chance et ont connu un début d’intéressement dans les palais mystérieux de la justice. Et depuis lors, attendent avec la patience de la résignation, d’être jugées.
Les plus célèbres demeurent les dossiers Norbert Zongo, Thomas Sankara et les plus « jeunes » sont les morts des 30, 31 octobre et 1er novembre 2014 et de la résistance au putsch de septembre 2015. Le gouvernement, son chef suprême en tête, avait fait la promesse que certaines attentes connaîtront leur fin avant fin 2016.
Voici à ce sujet et pour rappel de mémoire, ce que disait le Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, aux Burkinabè vivant en Belgique, le 14 juin 2016 :
« Les dossiers de crimes économiques et de sang sont ficelés et les procédures judiciaires engagées. Ceux de Thomas Sankara, Norbert Zongo, des martyrs de l’insurrection populaire, du coup d’Etat de septembre 2015, sont tous en cours d’instruction et nous fondons l’espoir que d’ici à la fin de l’année, certains aboutiront et les fautifs seront condamnés par la justice ».
Le principe de la séparation des pouvoirs pourrait être utilisé pour revenir sur cette demi-promesse (étant donné que le chef de l’Etat a juste émis un espoir), mais le pouvoir judiciaire a lui aussi son tribut d’engagement.
Sur le dossier de l’insurrection populaire dans lequel les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré sont soupçonnés, voici ce que disait le Procureur général près la Cour de cassation et de la Haute cour de justice, Armand Ouédraogo, le 30 septembre 2016 : « Dans un délai de 3 mois, l’affaire devrait être jugée ».
Vers la fin de l’échéancier
Le deuxième mois est en train de s’écouler et le troisième mois, décembre, marquant la fin de l’année 2016, pointe le nez à l’horizon. Le sablier va-t-il s’écouler sans qu’un seul maillet ne frappe l’ouverture d’une audience ? Y aura-t-il un nouvel échéancier ?
Dans tous les cas, comme cette formule devenue habituelle sur les réseaux sociaux, le peuple burkinabè a pris l’habitude de prendre un tabouret pour s’asseoir et regarder le spectacle donné par les dirigeants. Tout en sachant très bien que la fin de la prestation ne dépend pas forcément des comédiens. Un coup de pouce pour mettre fin à la recréation sera-t-il donné par les spectateurs ?
Nul doute que les cris et appels des parents de victimes ne resteront pas ce qu’ils sont si rien n’est fait dans les délais « promis ». Cette affaire de tablettes chinoises, a priori insignifiante, devrait piquer et rappeler que la formule « plus rien ne sera comme avant » a son poids de symbole pour le Burkinabè.
La Rédaction
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