Burkina : « Les autorités politiques et judiciaires jouent à saute-mouton » (Chrysogone Zougmoré)
Les autorités politiques et judiciaires « jouent à saute-mouton sur la vérité et la justice ». Forte de ce constat, une quinzaine d’organisations avec à leur tête le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) a manifesté ce samedi 4 novembre 2017 leur indignation à travers une marche aller-retour de la Place de la Nation à l’ancienne Assemblée nationale suivi d’un meeting au cours duquel des messages ont été délivrés.
Trois (03) ans et quatre (04) jours se sont écoulés depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a eu pour dénouement la mort de 33 personnes et de centaines de blessés. Depuis lors, la procédure judiciaire enclenchée n’a pas encore abouti. Face à ce constat, « comment ne pas s’indigner que trois années après (octobre 2014), nos autorités politiques et judiciaires jouent à saute-mouton sur la vérité et la justice pour nos martyrs et qu’elles soient à ce jour incapables de dire qui a ordonné de tirer et qui a tiré », s’interrogent les organisateurs de la marche-meeting.
Ce constat est à l’origine de l’appel lancé par Chrysogone Zougmoré, président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), porte-parole des organisateurs. Depuis la devanture de ce qui reste de l’ancienne assemblée nationale après l’insurrection populaire, il a appelé à maintenir allumée la flamme de l’espoir, à poursuivre hardiment et vaillamment le combat afin de parvenir à terme à un changement qualitatif, profond et pérenne en faveur du peuple.
De ce même constat dressé par les organisateurs de la marche suivie du meeting, il ressort qu’« il n’est pas un seul segment de la société burkinabè aujourd’hui qui ne se plaigne de l’incapacité des actuels dirigeants à proposer des solutions pérennes aux préoccupations fondamentales ainsi qu’aux multiples problèmes qui les assaillent au quotidien ». D’où le choix d’organiser la manifestation qui a connu l’adhésion d’une quinzaine d’organisations parmi lesquelles les Comités de défense et d’approfondissements des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP), le MBDHP, la CCVC, le REN-LAC, l’ODJ, l’UGEB, la CADDEL, l’AJB, le SYNAMUB.
Si elles ont décidé de tirer sur la sonnette d’alarme en cette date trois ans après l’insurrection populaire, c’est parce que assure Chrsysogone Zougmoré par ailleurs représentant la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), « le peuple insurgé attend toujours des actes concrets ». De même et parce que « l’heure est grave », ils ont opté de rester « de nouveau debout plus que jamais déterminés à faire bouger les lignes».
Issoufou Nacanabo, blessé de l’insurrection, a sa petite idée sur les causes-origine des difficultés qui bloquent l’avancée des dossiers de l’insurrection populaire et du coup d’Etat. S’il y a lenteur, affirme-t-il, « c’est parce que le système d’avant 2014 est resté le même ». De même, poursuit-il, « on ne peut pas changer de système vomis sans en avoir changé les animateurs accrochés à ce système ». Ainsi caricaturée, tous s’accordent de dire que la situation actuelle appelle à plus de vigilance et à plus d’ardeur dans la lutte afin que les aspirations profondes du peuple connaissent enfin une satisfaction.
Le cap est connu pour Chrysogone Zougmoré. « De notre constante mobilisation et détermination dépendront l’avènement de la vérité et de la justice pour nos martyrs ainsi que le recul puis la fin de l’impunité au Burkina Faso », a déclaré le président du MBDHP avant d’égrener le contenu de la plateforme qui consiste à une exigence de vérité et de justice pour les martyrs (insurrection et putsch), de l’indemnisation de toutes les familles des victimes, de la prise en charge effective et totale de tous les blessés, de vérité et justice sur tous les dossiers de crimes de sang et économiques restés impunis, de l’identification et de la saisie des biens détournés.
Sur la base de cette plateforme, annonce-t-il, une campagne les conduira au-delà de Ouagadougou pour soutenir la mobilisation et l’engagement de nos populations. Dans cette lutte, les organisations participantes à la marche et au meeting d’interpellation populaire peuvent compter sur le mouvement d’action syndicale. « Aux côtés de l’ensemble des démocrates, des progressistes, du mouvement de défense des droits humains, l’ensemble des organisations démocratiques de jeunesse de notre pays, a soutenu Bassolma Bazié, secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina Faso (CGT-B), le mouvement syndical tiendra le flambeau jusqu’à ce qu’il y ait vérité et justice ».
Oui Koueta
Burkina24
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