Idrissa Ouédraogo : Son frère raconte ses derniers instants

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Idrissa Ouédraogo, le cinéaste burkinabè, est décédé le 18 février 2018. Tahirou Ouédraogo, son frère, était à son chevet au moment où il poussait son dernier soupir. Il raconte ses derniers instants et évoque les derniers regrets du défunt.

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Santé fragile, ressentiments

C’est vrai qu’il ne faisait pas attention à sa santé. Idrissa Ouédraogo était très agité parce qu’il avait du mal à faire aboutir ses projets. Effectivement, il s’est mêlé dans les affaires de l’association des cinéastes du Burkina. Il pense que beaucoup de gens qui n’ont jamais fait de films  se mettent au-devant des choses. Il a trouvé ça très dommage.

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Il était beaucoup remonté contre certains individus. Cela l’énervait alors que tout le monde savait qu’il avait eu avant une attaque cardiaque. C’est difficile pour un cardiaque et qui est énervé et agité.

On a tout fait pour le calmer. Malheureusement, ça n’a pas donné. Surtout lorsqu’on était à la clinique, c’était difficile parce que le caillot était déjà  collé au cœur. On tentait de dissoudre cela pour pouvoir l’évacuer. Le docteur nous disait que ça prendrait deux  à quatre jours. Le 5e jour, c’était compliqué.

Le dernier soupir

Et puis à 5 h du matin, j’étais à ses côtés, la main dans la main. Il me disait « Tahirou, je m’en vais, je m’en vais ». Je lui dis, « je viens avec toi ».  Il me dit « non, non ». En ce moment, je voyais l’infirmière rentrer avec mes deux cousins. Il s’est levé s’asseoir. Il a tendu sa main et riait. Puis après, il a fermé les yeux et c’était la fin. C’était très triste.

C’est arrivé mardi soir  vers deux heures du matin. On s’est quitté vers 23h parce que moi je tournais toute la journée. Il était là à la villa ministérielle où je tournais ma série.

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Il est venu une première fois. Il est parti et revenir une deuxième fois, repartir et revenir une troisième fois. On a arrêté le tournage vers 19h. Lui et moi, on a continué à causer puis il est rentré après. Selon sa femme, c’est vers 2h du matin  quand il voulait aller aux toilettes, c’est là qu’il a chuté.

Ses rêves et sa dernière colère

Il bougeait beaucoup. Il tenait son projet pour le cinquantenaire du FESPACO en main. Il voulait coûte que coûte réaliser « Boukari Koutou ». Il voulait réaliser « Le Manguier » et le « Rêve de Sita », parce qu’il a trois projets. A chaque fois, il me disait, «Tahirou, c’est lequel je vais commencer ». Je lui dis « commence par « Boukari Koutou » parce que ça fait des années que tu es là-dessus ». Et moi ayant aussi un projet de long métrage, je lui dis commence le tien. Je t’accompagne.

Il était contre le principe que les gens qui n’ont jamais fait de films se lèvent parce qu’ils ont des affinités à la présidence,  pour aller parler au nom des cinéastes. Ça, il ne l’a pas digéré.

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Il se  fâchait à cause du milliard (voir les détails) mais il ne voulait rien du milliard. Au contraire, il disait que si le président a de l’argent pour soutenir le cinéma burkinabè pour le cinquantenaire, ce n’est pas un milliard. Un milliard suffit juste pour faire un film.

Et il a dit et redit qu’il a fait des films avec 2 milliards de F CFA. Ce qui est vrai. On a vu « Yaaba », « Tilai ». On a vu « Kini et Adams ». Le budget était pratiquement à trois milliards de F CFA. Je pense qu’il faut de la retenue, de la patience. On ne vient pas (au cinéma) pour s’enrichir.

Propos recueillis par Revelyn SOME

Burkina24


Image : Droits réservés

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