Burkina Faso : La Sernapiste ou l’amour de servir sous les drapeaux
« Une école de la vie ». C’est ce qu’a été le Service national populaire (SNP ou Sernapo) pour la sernapiste Brigitte Yaméogo. Les enseignements reçus au cours de la formation ayant fait d’elle « un homme complet » et « probablement » des autres appelés, l’auteur de Les dehors trompeurs (2015) a opté de consigner dans un écrit, ce temps d’apprentissage.
Brigitte Yaméogo était à Tenko quand a été annoncée la nouvelle qu’attendaient tous les candidats au Sernapo. Une nouvelle qui tomba « comme une délivrance », sous forme de communiqué le 17 septembre de cette année-là sur les ondes de la radio nationale. Elle opta « aussitôt » de regagner Ouagadougou car n’ayant plus que quelques jours devant elle.
Ce jour, sur le chemin du retour à la maison, avec sa cousine Sonia Wendnkon, commerçante de profession au volant de sa Renault 4 qui lui parlait de l’association des commerçants, qu’elle espère voir la voir intégrer plus tard, Brigitte avait l’esprit ailleurs. « J’étais dans son véhicule acquiesçant à ce qu’elle disait sans être capable de lui parler de mon intention de retourner très prochainement à Ouagadougou pour accomplir mon SNP. Son humeur joyeuse ne méritait pas d’être gâchée ».
Ce qui finit néanmoins par arriver le soir lors du dîner. Son mari Edmond approuvera sa décision. Ce qui n’est pas le cas de sa cousine Sonia. « Et moi qui croyais qu’elle prendrait la relève dans les affaires », réagira celle-ci. C’était sans compter avec la détermination de Brigitte Yaméogo d’accomplir le SERNAPO.
Une fois à Ouagadougou, en prenant le premier bus du matin pour se rendre à la direction du Service national populaire le jour J, la future Sernapiste pensait être parmi les premiers. Elle finira par « déchanter vite ». A son arrivée, la cour habituée aux tenues vert olive, aux rangers voyait et recevait des tenues de toutes les couleurs.
Après les inscriptions, vint le jour du départ des affectés pour leur province d’affectation. Brigitte devait aller dans la province de l’Oubritenga. Une fois à Ziniaré, elle a été affectée pour donner l’instruction respectivement aux élèves des classes de CE2 et CP2. « Maintenant, les élèves de ces deux classes auront l’instruction qu’ils méritent », se sont réjouis les habitants du village de Bantogdo situé à environ 17 kilomètres de Sourgoubila. Village qu’elle quittera en juin parce que « appelée sous les drapeaux » pour le service militaire, laissant dans le regret élèves, parents d’élèves et collègues enseignés avec son « départ prématuré ».
Elle rejoindra la caserne de Loumbila avec les autres sernapistes où tout ce qu’ils avaient comme bagages a été troqué contre deux tenues et des chaussures militaires, une tenue de sport, un sac au dos, un couvre-pied, une casquette, un gobelet, une gamelle, un bidon. En somme le nécessaire pour la formation militaire.
Lors de l’accomplissement du service national populaire, les sernapistes comprendront pourquoi la discipline est la force principale des armées obligeant au passage le civil qui entre en caserne à abandonner ses habitudes, son indépendance d’esprit et d’action pour suivre les règles des hommes de tenue. Au fil du temps, les sernapistes ont appris «à juger différemment ». L’auteur tout comme d’autres couples remercient le Ciel de leur avoir permis d’accomplir le SNP, service pendant lequel son « prince charmant » Freddy a été placé sur son chemin.
Le colonel Dabré Hamado, directeur général du Sernapo, qui a changé d’appellation pour devenir Service national pour le développement (SND), a préfacé l’ouvrage. Brigitte Yaméogo, écrit-il, « rend hommage sans peut-être le savoir, à une institution vieille de quarante ans en ce que ’’ce parcours de combattant’’ est en lui-même consubstantiel des valeurs cardinales d’intégrité, de courage, et de patriotisme attendues par les géniteurs de cette expérience unique dans le monde ». « Unique », c’est ainsi qu’il considère le contenu de La Sernapiste, qui dévoile le contenu d’un système dont personne d’autre auparavant n’a pensé à mettre sous forme écrite.
Oui Koueta
Burkina24
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