Abraham Badolo : « Le seul tort de Naim Touré, c’est de s’être indigné »
Un meeting d’interpellation pour exprimer son « mécontentement » de la gouvernance actuelle, c’est le cadre dont a usé l’Alliance pour la défense de la patrie (ADP) ce samedi 23 juin 2018. C’était l’occasion pour Safiatou Lopez du Cadre de concertation nationale des organisations de la société civile (CCNOS) de délivrer un carton rouge en guise d’appréciation de la gestion.
« Le gouvernement ne remplit pas correctement le contrat social qui lie l’Etat au citoyen ». Affirmation d’Abraham Badolo. Pour le faire savoir, la formule toute trouvée par le président de l’ADP et ses camarades avec à leurs côtés Safiatou Lopez, a été un meeting.
En référence à l’achat par le gouvernement de 35 berlines et 19 V8 à plus de 3 milliards de F CFA, à leurs yeux, « c’est comme s’ils (gouvernants) étaient insensibles », s’indigne Abraham Badolo, pour qui « ces dépenses étaient inopportunes parce que le peuple est dans la souffrance ».
Le politologue Siaka Coulibaly est apparu lors du meeting. Premier intervenant à prendre la parole, il a estimé que « l’activité était nécessaire et légitime également » et qu’il est normal d’interpeller et de dénoncer ce qui ne va pas. L’analyste politique s’est ensuite lancé une dizaine de minutes durant à décrypter la situation nationale avec en sus des appels au civisme. La liberté d’expression était située au cœur des trois intervenants au meeting place rond-point des artistes de la capitale.
« Dans les démocraties, la liberté d’expression, la liberté d’opinion n’ont pas besoin d’être encadrées, conditionnées. Ce sont des droits qu’on appelle les droits fondamentaux. Ils sont inaliénables », a-t-il introduit avant de relever la limite à ne pas franchir au risque de se retrouver devant un juge. « C’est lorsque vous vous exprimez et que votre expression, vos paroles font préjudice à quelqu’un ». La sanction encourue dans ce cas, proportionne Siaka Coulibaly, c’est la réparation.
« Si je m’exprime aujourd’hui et que j’insulte quelqu’un, cette personne a le droit d’exiger réparation. C’est tout. On ne peut pas m’emprisonner pour ce que je dis. C’est ça la règle démocratique », a argumenté le politologue qui juge que « Naim Touré a été abusivement mis en prison pour des propos qu’il a tenus ». « Le seul tort de l’activiste, c’est de s’être indigné », entonnera Abraham Badola. Et cela ne valait pas le coup d’une inculpation suivie d’un emprisonnement dans le Burkina post Blaise Compaoré.
« Le peuple burkinabè est bâillonné dans le vrai sens du mot », dira Safiatou Lopez du haut de l’estrade installé pour l’occasion du meeting. La présidente du Cadre de concertation des OSC ne parviendra pas à lire son discours de cinq pages prévu. Faute de délestages ? Difficile de le confirmer. Le coup d’œil jeté par moment au feu tricolore visiblement fonctionnel n’aide pas vraiment. Le haut-parleur, solution de rechange ne lui permettra pas non plus d’y arriver.
Visiblement exaspérée, elle finit par abandonner quelques minutes plus tard un bout de papier rouge en guise de carton pour noter la gouvernance actuelle. « S’il y avait un carton plus que le rouge, dira-t-elle, je l’aurai donné parce qu’il (le pouvoir) a échoué sur toute la ligne », dira Safiatou Lopez.
« Ce qui se passe aujourd’hui est vraiment un recul démocratique », caricature Abraham Badolo qui annonce un autre meeting à la place de la Nation. Le président de l’ADP n’exclut pas l’organisation d’une marche pour aller faire part de leur « mécontentement à Roch Marc Christian Kaboré à Kossyam ».
Oui Koueta
Burkina24
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