Procès Putsch : « Zida a envoyé des gens pour tuer Diendéré »
Au Tribunal militaire, les procès se suivent, mais ne se ressemblent pas forcément. C’est un soldat commando bien bâti qui s’est présenté ce vendredi 13 juillet 2018. A la suite du Sergent-Chef Roger Koussoubé, l’on découvrira très vite que dans l’intégration militaire, la non maîtrise de la langue de Molière est parfois un handicap. En témoigne l’audition du soldat de première classe, Boureima Zouré, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Ce dernier a éprouvé d’énormes difficultés pour s’exprimer à la barre. Il répond à la plupart des questions par « Je ne comprends pas français »…
Les rires ne manquaient guère dans la Salle des Banquets de Ouaga 2000. Le soldat de première classe, Boureima Zouré, a comparu pour répondre des faits à lui reprochés. Célibataire et père de quatre enfants, il doit purger une peine de 10 ans de prison ferme dans l’affaire Yimdi. L’épée de Damoclès de la justice militaire ne lui dit pas grand-chose, est-on tenté de dire.
Avec comme avocat, Maître Bonkoungou, le prévenu dans l’affaire du coup d’Etat du RSP s’est défendu cahin-caha ce 13 juillet 2018. Boureima Zouré est poursuivi pour quatre chefs d’accusation : attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, dégradation de biens. « Je ne reconnais pas les faits », balbutie l’accusé.
« Je n’ai jamais mis la main sur le ministre Bagoro »…
Il avoue n’avoir jamais participé à une réunion, encore moins en être mis au courant. Le 16 septembre 2015, le soldat explique qu’il a passé la majeure partie de son temps auprès de son enfant qui ne se sentait pas bien. « Le 17 septembre, je ne suis pas sorti de la maison. Le 18 septembre, je suis allé en mission à Zorgho. Mais, je suis resté dans le véhicule ». Ainsi, débute le défrichage du dossier Boureima Zouré.
Mais, l’accusé semble opter pour une défense de rupture. L’homme, par ailleurs craint pour ses prétendus pouvoirs mystiques, a presque tout nié. Il dit n’avoir jamais mis pieds ni au studio Abazon, ni à Laïco, ni même au domicile de Simon Compaoré. Le Parquet militaire essaye de confronter les dires du prévenu aux contenus des procès-verbaux et interrogatoires de première comparution. Mais que nenni ! L’inculpé également accusé d’avoir retiré la cravate du ministre de l’habitat d’alors, Réné Bagoro, nie tout en bloc.
« Non, non, non… Dans l’armée, si on te tend un papier à signer, tu es obligé de signer. Le problème de la justice militaire, c’est ça. Il faut toujours écouter l’accusé. Je n’ai jamais mis la main sur le ministre Bagoro. C’est pas moi qui a fait. Je lui connaissais même pas… Je n’ai jamais fait de tirs de sommation », se défend l’ex-soldat du RSP dans un français approximatif. Le Procureur informe qu’il y a un traducteur Mooré-Français dans la salle. La réaction de l’accusé laisse place à un fou rire dans l’assistance.
« Zida a envoyé des gens pour tuer Diendéré »…
« Moi, je ne suis pas Mossi. Je ne comprends pas français. Je vais parler le français que l’armée m’a appris… Je ne suis pas délégué de promotion. Je vous a bien et bel dit ici que j’étais pas au courant du coup d’Etat », répond-il, en tutoyant de temps à autre les membres du Tribunal. « Toi, tu es père de famille. Est-ce si ton enfant est malade, tu peux sortir dehors faire patrouille ? », lance le prévenu qui ajoute s’être refugié en Côte d’Ivoire parce que « Zida a envoyé des gens pour tuer Diendéré, et nous aussi ».
Le commando de première classe dit avoir su que les autorités de la Transition ont été arrêtées à l’arrivée du Président sénégalais Macky Sall. Et de poursuivre : « Moi Zouré, si je roule avec ma moto et je cogne un poule, je vais chercher son propriétaire et lui demander pardon », illustre-t-il. Le Parquet note une défense de rupture de la part de l’accusé.
Pour Maître Farama de la Partie civile, le prévenu n’est pas pour la manifestation de la vérité. Le soldat Boureima Zouré, pour ses derniers mots, demande la « clémence » des jurés. Il a passé la main au Sergent-Chef Adama Diallo qui a été également entendu. L’audience se poursuit le lundi 16 juillet 2018 à 9h avec l’audition d’autres accusés.
Voir aussi 👉 Coup d’Etat du RSP: Le « Touareg » demande pardon au peuple burkinabè
Et également 👉 Le procès depuis le début
Noufou KINDO
Burkina 24
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Mr Kindo merci pour votre recit, neanmois faites souvent attention aux dates avant de poster en ligne. Merci pour le travail abattu et surtout beaucoup de courage a vous.
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