Médias et sécurité : Le traitement de l’info à l’épreuve du terrorisme
En cas d’attaque terroriste, comment informer l’opinion sans faire l’apologie des ennemis ? Comment couvrir les interventions et interagir avec les forces armées afin d’informer la population sans trahir les secrets des opérations ? Voici quelques questions abordées avec les hommes et femmes de médias du 8 au 10 août 2018 à Ouagadougou.
L’avènement du terrorisme au Burkina a mis à rude épreuve le traitement de l’information. Le Centre national de presse Norbert Zongo veut à travers une formation, doter les journalistes de stratégies et capacités pour collaborer avec les forces de défense et de sécurité et traiter les informations en cas d’attaques terroristes sans rendre service à l’insécurité.
«Le terroriste ne veut pas que beaucoup de gens meurent, il veut que beaucoup de gens sachent », affirmait Raymond Aron, sociologue français. Et quoi de mieux que les médias pour le faire : répandre la terreur, se faire une publicité, exercer une contrainte sur son adversaire et de recruter des disciples. Les médias seraient en ce sens un outil grâce auquel il espère avoir un grand impact et créer la psychose. D’où cette volonté de faire comprendre aux médias leur responsabilité dans la lutte contre le terrorisme.
« Vous faites de la pub pour eux alors qu’ils n’ont même pas payé »
Pour Emile Bazemo, l’un des communicateurs, les médias et les journalistes sont instrumentalisés à leur corps défendant. La répétition en boucle, en continu des informations sur eux participe de la propagande du terrorisme. « Vous faites de la pub pour eux alors qu’ils n’ont même pas payé », dit-il.
Par ailleurs, il y a une corrélation directe entre la médiatisation d’un attentat et la commission d’autres attaques. Sur ce, il revient sur la responsabilité du journaliste de publier ou pas une info détenue par devers lui.
Et le capitaine Abdoul Aziz Ouédraogo, de la direction de la communication des armées d’insister sur la logique info – transparence des médias qui peut aller à l’encontre du secret des opérations ou du secret militaire.
Pour lui, le journaliste devrait se demander avant tout, l’utilité publique de l’information qu’il donne du moment où l’on sait que le terroriste pourrait s’en servir.
« La publication de la cartographie des camps au Burkina était-elle d’utilité publique ou encore l’image du militaire fuyant les attaques du 2 mars qui avait été publié, quel était l’intérêt ? », s’est-il interrogé.
Recourir au service de communication en premier devrait être le réflexe. Dans cette optique il annonce qu’un projet de partenariat entre l’armée et les médias est un cours d’élaboration pour plus de collaboration.
Comment informer sans servir le terroriste ?
« A situation exceptionnelle, comportement exceptionnel. Il faut traiter du terrorisme autrement », soutient toujours Dr Bazémo.
En son sens, le respect stricto sensu des principes du journalisme peut s’assimiler à de l’apologie du terrorisme. Pour ce faire, le journaliste peut faire entorse à certaines règles du métier. La posture de neutralité des journalistes n’est pas praticable avec les terroristes aussi bien le désir de vouloir créer de l’équité dans les informations.
Cependant par moment il faut éviter totalement de dévoyer sa déontologie en dégageant toute responsabilité. «Il ne faut pas trouver une excuse pour le non-respect de la déontologie. La règle c’est le respect de la déontologie, l’exception c’est l’éthique », affirme-t-il.
Aussi il recommande, entre autres, la prudence dans l’utilisation des termes surtout dans les langues nationales qui peuvent stigmatiser d’autres communautés, la question de l’atteinte à la dignité humaine et la présomption d’innocence, la responsabilité à l’égard d’autrui.
Revelyn SOME
Burkina24
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