Réfugiés de Mentao : Entre rareté de ressources et terrorisme
Le message à leur endroit est clair : « ici vous êtes chez vous ». Eux ce sont les six mille quatre cent quatre-vingt et quatre (6 484) membres des communautés (Touaregs, Arabes, Sonrais, Peuhls et Dogons) soit 1 526 ménages. Accueillis dans leur ’’nouveau chez-soi’’ pour échapper à la menace terroriste dans le Nord du Mali, ils peuvent « compter sur le Burkina Faso » pour veiller sur eux. Pour la contrepartie, ils sont invités « à une franche collaboration avec les forces de défense et de sécurité parce que la paix, ça arrange le Burkina Faso, ça arrange le Mali. »
Il est 14h00 ce 25 août 2018 lorsque le convoi avec en son sein le ministre des affaires étrangères, département dont relève la Commission nationale pour les réfugiés (CONAREF), franchit ce qui pourrait être l’entrée du camp de réfugiés de Mentao du nom de cette localité située à 15km de Djibo, chef-lieu de la province du Soum dans la région du Sahel.
Mentao, le site accueillant les réfugiés maliens qui ont fui les violences de 2012, pour retrouver là « un semblant de vie normale et entrevoir l’espoir de vie longtemps perdu ». Sous la protection de l’Etat burkinabè à travers la Commission nationale pour les réfugiés (CONAREF) et l’apport des organisations humanitaires avec en tête le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR). Et surtout que le poste de police a été attaqué dans la soirée du 22 septembre dernier, « en termes de difficultés actuellement à Mentao ici, c’est comment arriver à concilier les besoins de sécurité à l’impératif de protection », relèvera Issouf Sigui, chef d’antenne CONAREF du camp. Là se trouve le « souci majeur actuel » dans l’aide et l’assistance apportées à ces hommes et enfants.
Dans ce pays, « malgré la pauvreté, la rareté des ressources, les préjugés de tout genre », un comité mixte directeur chargé de la prévention et de la gestion des conflits a été créé « très tôt ». Présidé par Ag Mohamed Mouptaph, ses membres se réjouissent de l’accueil qui leur a été réservé, contribuant ainsi « à soulager les souffrances » des enfants, femmes et hommes des 1 526 familles qui « ne pouvaient pas vivre normalement chez eux ». Au Burkina à Mentao, ils ont été « bien accueillis, sécurisés, protégés, assistés pas comme des étrangers mais comme des enfants qui rentrent à la maison ». Ils promettent en retour par la voix de leur porte-parole de « se comporter de façon à mériter ce statut VIP ».
Le ministre des affaires étrangères Alpha Barry, n’en attend pas moins d’elle. Et il l’a fait savoir dans son adresse traduite par Ag Mohamed Mouptaph. « Ici vous êtes chez vous, leur a-t-il dit. Mais soyez dans un esprit de collaboration et avec votre pays et avec le pays d’accueil comme le Burkina Faso pour que nous puissions avoir les meilleures informations pour vaincre le terrorisme ».
Cri de cœur
Les réfugiés et demandeurs d’asile « n’arrêtent pas d’arriver ». Ce mouvement de populations conduit à une « rareté » de ressources avec son corolaire de « conditions de précarité avérées » des habitants du camp qui ne comptent plus « que sur la générosité du Burkina Faso », préoccupe plus d’un à commencer par le chef d’antenne de la CONAREF. A « toutes les bonnes volontés du monde, pensez à nous. Nous sommes là », sollicite le président du comité directeur du camp.
Directeur de la protection, de la réinstallation et du rapatriement à la commission, Hervé Bazié, soucieux, pense à comment mobiliser et sensibiliser tous ces demandeurs d’asile qui se retrouvent au niveau des frontières pour leur transfèrement pour Mentao le « plus grand camp » d’accueil du pays qui s’étend sur 25 km2.
En effet, l’exacerbation des violences au Mali conduit à des flux de réfugiés dans les régions du Nord et de la Boucle du Mouhoun. « Ils peuvent compter sur le Burkina Faso », a déclaré le ministre Alpha Barry qui a invité les populations burkinabè du Soum à « toujours avoir cette main tendue aux populations réfugiées du Mali qui sont des populations frères et sœurs ».
Chef d’antenne du HCR dans le Soum, Thierry Tianhoun apprécie positivement cette prédisposition du Burkina qui veille au « respect du principe de non refoulement en faveur des nouveaux demandeurs d’asile » localisés dans ces deux régions situées le long de la frontière de 1 303 kilomètres que partagent les deux Etats.
Parce que « dans le camp de réfugiés, on ne vit pas, on survit », pour Ag Mohamed Mouptaph et tous les autres qui appellent à la solidarité d’ici et d’ailleurs, l’attitude à avoir va de soi. En ce « mois béni de Tabaski », les membres de la forte communauté musulmane prient Allah de les aider à se comporter de sorte à mériter la bienveillance dont ils bénéficient depuis leur arrivée en territoire burkinabè. Caricature : « Et nous de notre côté, sachant que la vie c’est une conjugaison de droits et de devoirs – autant nous avons le droit à être assistés, protégés – nous avons le devoir d’aider la reconstruction du Burkina, du Mali ».
Oui Koueta
Burkina24
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