Excision et mariage d’enfants: 55 acteurs judiciaires à Ouagadougou
Le ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille réunit, du 19 au 20 décembre 2018 à Ouagadougou, 55 acteurs judiciaires et membres de cellules genre. Il s’agit d’échanger autour de la thématique des violences faites aux femmes au Burkina Faso, des lignes directives de prise en charge des survivants et de l’application de la loi sur les Mutilations génitales féminines (MGF) et le mariage d’enfants.
La violence à l’égard des femmes est définie par les Nations Unies comme étant « tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée ».
Au nombre des violences les plus répandues faites aux femmes et aux filles, il y a le viol, l’exclusion sociale, les violences conjugales, les grossesses forcées ou avortements forcés, le mariage d’enfants et les Mutilations génitales féminines (MGF).
Au Burkina Faso, ces violences sont une réalité. Selon le rapport de l’enquête démographique de santé (EDS 2010), une femme sur cinq, soit 20% des femmes, a déclaré avoir subi depuis l’âge de 15 ans des violences physiques à un moment donné de sa vie.
La Secrétaire permanente du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision, Alphonsine T. Sawadogo, a indiqué que l’excision et le mariage d’enfants demeurent les phénomènes les plus fréquents tant en milieu rural qu’en milieu urbain.
Briser les entraves à l’atteinte de la tolérance zéro
Au Burkina, 10% des femmes sont mariées avant l’âge de 15 ans et 52% des femmes, soit une fille sur deux, avant l’âge de 18 ans. L’excision, elle, est plus répandue dans le Centre-Est (90%), le Centre-Nord (87%), le Nord (88%) et le Plateau Central (88%). L’accent sera mis sur l’élimination de la pratique des MGF au cours de cet atelier.
« Malgré les acquis enregistrés après plusieurs années de lutte contre l’excision, des obstacles subsistent toujours et entravent l’atteinte de la tolérance zéro. Il s’agit des formes de résistance qui se manifestent par la clandestinité, le rabaissement de l’âge à la pratique ainsi que la pratique transfrontalière », a-t-elle expliqué.
Pourtant, poursuit-elle, le Code pénal dispose que les auteurs et les complices de MGF, y compris les personnes ayant appris qu’il y a une excision qui se prépare, sont tous passibles de poursuites judiciaires.
C’est pour une application plus rigoureuse de la loi et une meilleure compréhension des acteurs de la chaîne judiciaire dans le domaine que l’atelier d’échanges a été initié avec une cinquantaine d’acteurs judiciaires et des membres de cellules genre.
Prennent part à cette session de renforcement de capacités notamment des magistrats, des représentants de services de police et de gendarmerie, des gardes de sécurité pénitentiaire, des travailleurs sociaux des maisons d’arrêt et de correction venus de plusieurs provinces du pays.
Noufou KINDO
Burkina 24
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