Procès putsch: Quand le Général Diendéré remercie un témoin « pour sa franchise »
Journée-marathon au Tribunal militaire de Ouagadougou ! Quatre témoins ont en effet déposé ce mardi 5 mars 2019. Il s’agit des Colonels-Majors Pierre Sanou et Sié Toué, du Lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba et d’un civil, Ilboudo Jérémie, agent de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP).
Le ballet des témoins cités par le Parquet militaire dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015 se poursuit. Le Colonel-Major Pierre Sanou est le premier des quatre témoins ayant comparu ce mardi 5 mars 2019, dans une salle des Banquets qui continue de briller par plusieurs absences.
C’est assis sur une chaise que ce Chef militaire a déposé en « puisant dans ses souvenirs ». Il se rappelle avoir été convié à une réunion de la Commission de réflexion et d’aide à la décision (CRAD) par l’ancien Secrétaire général du ministère de la Défense, le Colonel-Major Alassane Moné.
« C’est au cours de la rencontre que j’ai appris que des autorités de la Transition ont été arrêtées. Les membres présents de la CRAD ont opposé un non catégorique d’accompagner le Général Diendéré et lui ont dit d’assumer ce coup d’arrêt. Nous avons également demandé la libération des otages », a déclaré celui qui affirme par ailleurs que le « Général Zagré a annoncé le Général Diendéré avant le début de la rencontre ».
Le témoin se réclame faire partie de ceux qui ont proposé d’aller rencontrer la troupe aux premières heures des évènements. Me Yelkouni, avocat du Général Diendéré, a estimé que le Colonel-Major Sanou est un « homme de fait ». Son confrère, Me Dabo, a retenu, quant à lui, que les déclarations du témoin reflètent celles de leur client, le Général Diendéré.
« Peter, je te remercie pour ta franchise »
Le besoin de matériels de maintien de l’ordre, selon celui qui a juré de dire la vérité, a été bel et bien exprimé. « Peter, je te remercie pour ta franchise », a lancé le Général Diendéré au témoin avant la fin de la déposition de ce dernier. Un autre Colonel-Major est ensuite appelé à la barre. Il s’agit de Sié Toué, actuellement attaché de défense près l’Ambassade du Burkina au Nigéria.
Il était Commandant du Groupement central des armées au moment des faits. Le Colonel-Major Toué a révélé qu’il n’a pas participé à la réunion de la CRAD du 16 septembre 2015. Lui, également, se rappelle que lors de la rencontre du 17 septembre, il a été demandé de libérer les autorités de la Transition, de sécuriser le territoire, d’ouvrir les négociations.
Sa déposition ne diffère pas de celles faites par ses prédécesseurs. Mais, avant de rejoindre sa place, le Colonel-Major Sié Toué a tenu à lancer un message à l’endroit de ses « jeunes frères » militaires : « Que l’armée s’éloigne de la scène politico-politicienne. Je demande à mes jeunes frères de voir en ce procès un cas d’école ».
Après lui, c’est l’un de ceux qui sont au-devant de la lutte anti-terroriste qui a été invité au perchoir, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba. L’information nouvelle que l’Officier militaire a apportée concerne le fait que le Colonel Zacharia Koné lui ait confié dès le 16 septembre 2015 qu’il s’agissait d’un coup d’Etat. Toujours selon ses déclarations, cet Officier ivoirien n’était pas en odeur de sainteté avec l’ancien Premier ministre burkinabè, Yacouba Isaac Zida.
Un autre agent de l’ARCEP à la barre…
L’un des points d’achoppement de son interrogatoire a aussi porté sur un échange téléphonique intervenu entre lui et le Général de gendarmerie Djibril Bassolé. « On ne se connaissait pas avant », a juré le Lieutenant-Colonel Damiba tout en reconnaissant avoir échangé par SMS avec le Général Diendéré qui demandait à le voir. Avant que le témoin ne soit autorisé à se retirer de la salle, le Général Diendéré lui a souhaité « beaucoup de courage » dans la lutte que lui et les autres mènent contre le terrorisme.
C’est un civil qui a été le 4e et dernier appelé à témoigner ce mardi. Jérémie Ilboudo, agent de l’ARCEP, a avoué avoir reçu le 18 septembre 2015 un appel du premier responsable de leur structure, Maturin Bako. « Je lui ai dit que je n’étais pas au courant de la fréquence attribuée à la radio dite pirate. Pourtant, j’avais les connaissances et compétences nécessaires notamment pour localiser cette radio. Mais, comme j’étais contre ce qui se passait, je n’ai pas évoqué cet aspect », a relaté le responsable des attributions des fréquences à l’ARCEP au moment des faits.
Le Sergent Pagbelem, les Sergents Chefs Koussoubé et Bouda ont été invités pour une éventuelle confrontation. Mais, l’audience du jour a été suspendue vers 16h 30. Elle se poursuit demain mercredi 6 mars 2019 à partir de 9h.
Noufou KINDO
Burkina 24
Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Restez connectés pour toutes les dernières informations !