Hôpital de Tengandogo : Les agents et le directeur général à couteaux tirés pour l’application de la loi 081
En sit-in depuis 3 jours, les agents de santé du centre hospitalier universitaire de Tengandogo, réclament l’application de la fonction publique hospitalière, le reversement des contractuels de l’Etat et des fonctionnaires dans la loi 081 et l’arrêt des menaces et répression à l’endroit des agents de santé de la part de l’autorité. De son côté, l’autorité évoque la difficulté de satisfaction de ces points de revendication compte tenu du statut spécifique de l’hôpital.
«Chaque fois qu’il y a une loi de portée nationale, elle éprouve des difficultés dans son application au CHU de Tengandogo », s’écrie Moussa Kabré, secrétaire général adjoint de la sous-section Synsha du CHU de Tengandogo.
Prenant l’exemple de la loi 081, « jusqu’à ce jour ce n’est pas le cas, les raisons avancées nous font peur. C’est comme s’il choisissait les lois pour appliquer au niveau de l’hôpital Tengandogo, parce que pour lui (le directeur général), un fonctionnaire détaché ne doit pas être dans la loi 081, c’est ridicule pour nous », dit-il.
De son côté, le directeur général de l’hôpital, Alexandre Sanfo évoque la spécificité de son établissement qui ne sied pas avec l’application de la loi. « Notre établissement bénéficie de dérogation. Ce qui fait qu’ici, nous n’appliquons pas la même grille salariale que les autres hôpitaux et les autres établissements publics de santé ».
Du fait de cette spécificité, il fait savoir que la plupart des agents ici ont au moins 100 000 FCFA de plus sur leur salaire par rapport aux agents des autres établissements. « Si on applique la fonction publique hospitalière telle qu’eux la veulent, ils devront perdre cette spécificité », dit-il.
Mais qu’à cela ne tienne, le directeur général dit avoir entamé des négociations avec le ministère de la santé, avec le ministère des finances et celui de la santé pour trouver des modalités et voir dans quelle mesure ces agents peuvent être pris en compte. Mais «les agents ne l’entendent pas de cette oreille, ils veulent qu’on applique la fonction publique hospitalière telle quelle ».
Concernant le deuxième point sur le reversement des agents contractuels du CHU à la fonction publique, il crie au mensonge. « C’est du mensonge qu’ils font aux agents contractuels. Ces contractuels sont gérés sur la base du code du travail. Ils ne peuvent jamais être reversés dans la loi 081 parce que ce ne sont pas des fonctionnaires. Ce ne sont pas des contractuels de l’Etat», dit-il.
« Comme nous avons une grande majorité de contractuels ici, ils utilisent cet élément pour les mobiliser. En fait, c’est un mensonge qu’ils font au personnel contractuel en leur faisant croire qu’ils vont être reversés dans la loi 081 alors que n’étant pas des fonctionnaires ni des contractuels de l’Etat, ils ne peuvent pas être reversés dans la loi 081 ».
La ministre de la santé, Claudine Lougué, interpellée sur la question à la sortie des 8e journées scientifiques à Tengandago, a laissé entendre que «la fonction publique hospitalière s’adresse à tout le personnel du secteur public dépendant du ministère de la santé. Tengandogo est un CHU comme le CHU Yalgado comme Bogodogo. Mais la fonction publique hospitalière s’applique à tout agent de la fonction publique ».
Tout ce mouvement pour Alexandre Sanfo, n’est en réalité qu’une supercherie pour empêcher les coupures sur salaire de ceux-là qui ne travaillent pas.
« La vraie raison de ce mouvement, c’est parce qu’en fin de ce mois, on a retenu les salaires de certains. Donc derrière ce mouvement, c’est comme une pression pour empêcher l’hôpital de retenir l’argent qu’ils doivent retenir ».
Puis il poursuit tout en expliquant que « depuis le 7 juin, aucun médecin à l’hôpital ici ne consulte alors qu’à l’hôpital vous avez deux entrées : les urgences et la consultation externe. Ils prennent les urgences mais ne prennent pas en charge la consultation interne. Or la prise en charge du malade est un tout. Nous avons entrepris de retenir le salaire de ceux-là qui ne consultent pas, de ceux-là qui ne transmettent pas les données sanitaires alors qu’en réalité, c’est une partie du travail qu’on paie ».
Le sit-in prend fin ce jour 24 octobre 2019. Si rien n’est fait dans les jours à venir, les agents comptent opter pour d’autres méthodes de lutte.
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