Manque d’enthousiasme persistant par rapport à l’Eco
Fin décembre 2019, le Président français Emmanuel Macron a annoncé avec son homologue ivoirien Alassane Ouattara le passage du franc CFA à l’Eco pour les pays de l’UEMOA. Si une réforme était attendue, celle-ci ne satisfait pas tout le monde. Heureusement, le marché des changes permet de diversifier ses investissements en devises.
Passage du franc CFA à l’Eco et points de discorde
Des voix n’ont pas tardé à se faire entendre suite à l’annonce du changement de monnaie unique pour les huit pays d’Afrique de l’Ouest. En effet, si la fin des obligations en matière de dépôt des réserves de change a satisfait la majorité, on ne peut pas en dire autant d’autres aspects comme le maintien de la parité à l’euro. Cette parité nuit en effet au pouvoir d’achat et ralentit la prise d’autonomie et la croissance interne des économies locales.
Opportunités sur le marché des changes
La parité avec l’euro est également problématique pour les investisseurs. En effet, l’euro connaît un début d’année difficile sur la scène internationale. Le Brexit, le coronavirus et des indicateurs économiques peu réjouissants font pression à la baisse sur cette monnaie. Pour ceux qui souhaitent diversifier leurs risques, détenir tout leur patrimoine en francs CFA ou en euros est donc peu avantageux. Il est en revanche intéressant de considérer le marché des devises étrangères et de s’intéresser au cours livre/dollar par exemple ou encore à l’évolution du cours euro/dollar. En investissant bien, il est possible d’espérer de bons rendements et de limiter la dépendance à l’euro.
L’avantage principal du marché forex est qu’il s’agit du marché le plus liquide du monde. Selon le dernier rapport triennal de la Banque des règlements internationaux, le marché des changes à atteint un volume quotidien de 6 600 milliards de dollars entre 2016 et 2019. Lors de la dernière enquête réalisée en 2016, le volume moyen atteignait 5 100 milliards de dollars, autant dire que la croissance est importante. Le dollar américain a très clairement les faveurs sur ce marché et fait partie de 88% des paires de monnaies échangées. Pour les pays de l’UEMOA, garder la parité fixe avec l’euro peut être problématique dans un tel contexte. Néanmoins, lorsqu’on observe actuellement les déboires du yen par exemple, fortement influencé par la crise du coronavirus, cela aurait pu être bien pire.
Une influence française de plus en plus critiquée
L’annonce de l’arrivée de l’Eco n’a pas séduit tout le monde. L’influence française dans la région suscite des controverses et certains aimeraient s’en libérer. Une telle transition doit cependant s’effectuer avec prudence car la France est fortement investie dans bien des secteurs des pays de l’Afrique de l’Ouest et pas uniquement sur le plan économique.
Concernant les alternatives éventuelles, beaucoup sembleraient en faveur d’une monnaie unique liée à un ensemble d‘autre monnaies comme l’euro, le dollar et le yuan notamment mais cela impliquerait un consensus à l’échelle régionale ce qui prend du temps. Selon plusieurs observateurs, l’annonce de l’arrivée de l’Eco avait d’ailleurs pour seul but de freiner les ambitions du CEDEAO qui planchait également sur un projet de monnaie unique. Parmi les pays membres du CEDEAO, le Ghana a déjà manifesté sa volonté de rejoindre l’Eco pour autant que la parité avec l’euro ne soit pas maintenue.
Dans tous les cas, le sujet semble loin d’être clos et le calendrier détaillé doit encore être défini. La nécessité d’une réforme monétaire à l’échelle régionale est reconnue par la majorité et il faut espérer que les efforts continueront vers plus d’autonomie et de dynamisme.
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