« Il faut profiter du COVID-19 et passer des messages de santé reproductive » (Oumar Tao)
Le COVID-19 a pris le dessus sur la gestion des questions prioritaires de développement dans le monde, en particulier au Burkina Faso. Les mesures de lutte contre cette pandémie peuvent-elles affecter les domaines tels que la santé sexuelle et reproductive (SSR) notamment des jeunes ? Dans les lignes qui suivent, Oumar Tao, le Président national du Mouvement d’action des jeunes (MAJ) de l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) donne son point de vue. Egalement Président de la Sous-région Afrique de l’Ouest francophone du MAJ et membre du réseau international des jeunes ambassadeurs pour la SSR et la Planification familiale (PF), Oumar Tao estime qu’avec notamment la fermeture des salles de classes, des élèves peuvent s’adonner à des activités sexuelles à risques.
Burkina24 (B24) : Quels sont les impacts de la gestion du COVID-19 (mesures gouvernementales) sur vos activités dirigées vers les jeunes et les adolescents ?
Oumar Tao : Avant tout propos, je voudrais saluer la bravoure des hommes et femmes de la santé qui se battent jour et nuit pour offrir des soins aux malades. Nous leur seront éternellement reconnaissants.
Ceci dit, nous, en tant que structures de jeunes évoluant dans la SSR des adolescents et jeunes, sommes très touchées par les mesures prises par le gouvernement dans la gestion du COVID-19. En effet, nous intervenons beaucoup sur le terrain. Nous sommes en contact permanent avec les communautés.
Mais avec l’avènement de la pandémie et toutes ces mesures qui ont suivi, tout est à l’arrêt. Certains parlent d’exacerbation des violences sexuelles. Il est difficile de quantifier ou d’intervenir. On avait plusieurs interventions sur les réseaux sociaux également.
Mais nous sommes obligés de surseoir à tout cela, car la priorité est donnée au COVID-19. De toutes les façons, le COVID-19 noie l’urgence de toutes les autres interventions, puisqu’il est devenu l’urgence numéro 1 au plan national et international.
B24 : Selon vous, la fermeture des écoles et le couvre-feu décrétés à cause du coronavirus peuvent-ils permettre d’éviter les grossesses non désirées ?
Oumar Tao : On peut penser que le couvre-feu et la fermeture des écoles pourraient permettre d’éviter les grossesses non désirées ; parce que les sorties des uns et des autres sont limitées. C’est une possibilité. Mais il y a l’autre revers de la médaille. En fait, pour les élèves, c’est plutôt l’absence de cours qui est un facteur de risques.
Avec la fermeture des salles de classes, beaucoup peuvent profiter de la situation, dans la journée par exemple, pour s’adonner à des activités sexuelles à risques pouvant conduire à des grossesses non désirées ou des maladies. Donc c’est le moment pour les parents d’être beaucoup plus vigilants.
B24 : En tant que jeune ambassadeur pour la SSR/PF, quels comportements préconisez-vous pour prévenir les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles en ces temps de COVID-19 ?
Oumar Tao : Je propose aux jeunes d’adopter des comportements sains comme toujours. Par exemple, les jeunes doivent éviter d’être dans des situations où avec le couvre-feu, il ou elle sera obligé (ée) de dormir chez son partenaire. Et si cela devrait arriver, il faut utiliser des méthodes contraceptives afin de ne pas prendre de risques.
B24 : Est-ce qu’il a été démontré que le COVID-19 peut se transmettre par voie sexuelle ?
Oumar Tao : Il a été démontré que le nouveau coronavirus ne se transmet pas par voie sexuelle. Ce n’est pas considéré comme une maladie sexuellement transmissible, pour le moment. Le COVID-19 se transmet, selon l’OMS, uniquement par voie respiratoire (morve, salive). Ces sécrétions peuvent cependant se retrouver sur les mains, la bouche, les narines et éventuellement les objets touchés par le malade.
Et en matière de relation sexuelle, il y a ce que certains appellent généralement les préliminaires qui nécessitent des contacts avec les mains, la bouche, le nez. Il s’agit des câlins, des embrassades, etc. Au cours d’une relation sexuelle avec une personne contaminée, il y a donc des risques que le ou la partenaire soit également contaminée (e) par le COVID-19.
B24 : L’abstinence sexuelle n’est-elle pas la solution idéale ?
Oumar Tao : Oui ! En ces temps troubles, c’est la meilleure des options. Surtout lorsqu’on ne connaît pas l’état sérologique de l’autre. Actuellement avec le COVID-19, personne ne maîtrise l’état de santé de l’autre. Et il serait très prudent d’éviter tout contact et même sexuel avec son ou sa partenaire.
Du moment où vous n’êtes pas mariés ou même si vous l’êtes déjà, il serait bien d’éviter de prendre des risques. L’abstinence reste actuellement la meilleure solution ; pour la santé et pour éviter les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles.
B24 : Quelle attitude adopter lorsque l’un des conjoints est contaminé par le COVID-19 ou en présente des symptômes ?
Oumar Tao : Je pense que le premier réflexe, c’est de contacter les équipes spécialisées en charge de la lutte contre le COVID-19 au Burkina. Cette équipe a l’algorithme nécessaire de prise en charge. Elle saura vous informer pour toutes les autres étapes.
Il faut aussi respecter les consignes et les gestes barrières. Sinon, il est clair que si vous avez été en contact avec votre conjoint, vous serez mis en isolement en attendant de voir l’évolution de votre santé. Mais les gens doivent avoir le réflexe d’appeler le 3535 dans ces situations.
B24 : La gestion du coronavirus n’affecte-elle pas la fréquentation des CSPS et des centres d’écoute pour jeunes notamment à Ouagadougou ?
Oumar Tao : Oui ! Effectivement, le COVID affecte beaucoup la fréquentation des centres de santé et des centres jeunes surtout. Actuellement les jeunes ne sortent pas de chez eux. Ils évitent les endroits à forte concentration d’autres personnes.
Ce qui limite la fréquentation de nos centres jeunes. Par ailleurs, notre clinique du centre jeune sis au quartier Paspanga fonctionne dans une situation de crise. Elle a pris des mesures pour éviter les probables contagions dans nos locaux. Ce qui limite énormément le nombre de consultations journalières des jeunes.
B24 : Que peut-on faire pour encourager les jeunes à prendre soin de leur corps et de leur santé sexuelle et reproductive en ces moments de crise sanitaire ?
Oumar Tao : Il faut surtout maintenir la sensibilisation de proximité. Que les structures dans le domaine donnent le maximum d’informations aux jeunes sur le COVID-19 et profitent glisser les risques de santé sexuelle et reproductive liés à la pandémie.
Il faut profiter du COVID-19 et passer des messages de santé sexuelle et reproductive. Par ailleurs, il faut que les parents jouent leur rôle en maintenant leurs enfants à la maison. Cela permettra de promouvoir leur santé sexuelle et également de freiner la chaine de transmission du COVID-19.
B24 : La mise en quarantaine des zones touchées par le coronavirus n’a-t-elle pas de conséquences sur l’approvisionnement des autres villes et villages en produits contraceptifs ?
Oumar Tao : Dans la pratique, il n’y a pas de conséquence. Car la mise en quarantaine ne concerne pas le fret. Donc les autres villes peuvent être approvisionnées en produits contraceptifs, sans une trop grande difficulté. Il y a certainement la quantité qui sera réduite due au fonctionnement à minima des centres de santé.
Propos recueillis par Noufou KINDO
Burkina 24
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