Les promoteurs immobiliers, anges ou démons : Salomon Mbutcho s’explique

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Ceci est une tribune de Salomon Mbutcho sur l’immobilier.

Chaque métier a ses méthodes. Toutefois, aux grands maux les grands remèdes. Les promoteurs immobiliers burkinabè ambitionnent tous de combattre aux côtés du gouvernement contre le terrorisme, l’exode rural massif, la pauvreté.

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Ils y nourrissent une abyssale envie, et veulent même déployer des efforts réels pour soutenir la politique de décentralisation, à l’heure où l’obsolescence des textes de l’administration qui régissent leur métier montrent leurs carences et limites tant au niveau national que par comparaison aux dispositions des autres pays d’Afrique subsaharienne. L’heure n’étant ni à la discussion, ni à la séparation et encore moins à la polémique, tous les acteurs sont invités à se concerter.

Cela appelle nécessairement à une réflexion collégiale pour de meilleures solutions, plus compatibles et plus adaptées à notre culture et notre fonctionnement quotidien. Il appelle également à une union sacrée autour du Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat qui a déjà abattu un travail colossal dans le domaine.

C’est tout d’abord sur une réforme des textes régissant le foncier qu’il faudra se pencher, afin d’assouplir et d’accélérer les procédures administratives, et non ce que j’ai l’air de souvent entendre sur plusieurs lèvres fuyantes « on va assainir le secteur ». Pour moi les gens qui parlent de cette manière ont l’air perdu ou sont animés d’autres intentions. Tant qu’une réforme foncière ne sera pas faite, même l’Etat aura des problèmes pour avancer au rythme qu’il veut dans l’exercice de son rôle régalien.

C’est dans ce contexte de panne nationale de logements que les attributs d’Anges ou de Démons sont utilisés pour qualifier les promoteurs immobiliers, considérés comme des héros par certains et la racine de tous les maux pour d’autres. Les détracteurs étant de loin plus nombreux que les admirateurs et connaisseurs du métier, ils les considèrent comme les spéculateurs d’un marché dont ils sont les seuls bénéficiaires et bien d’autres sortes d’accusations.

Selon mon humble analyse, les commis à la production de logements décents et accessibles à tous, communément appelés promoteurs immobiliers restent encore au Burkina Faso, les martyrs d’un système dans lequel ils sont pris en otage entre le marteau et l’enclume. Dans un écosystème où ils sont presque au plus bas niveau de l’échelle des décisions, les promoteurs immobiliers burkinabè, ces intermédiaires officiels, agneaux du sacrifice, parfaits boucs émissaires sont complètement désarmés. 

Ils sont flagellés d’une part par les propriétaires terriens, les clients, les financiers, les maîtres d’œuvre (géomètres,  urbanistes, architectes), les entreprises de construction et d’autre part par les lenteurs constatées dans l’administration compétente, les règlements couteux et excessifs, et les allégations de certaines couches de la population.

C’est tellement dommage et en même temps effrayant de voir en ces temps modernes, des pères et mères de familles, intellectuels de surcroit, sachant leur pays en besoin de logements, s’acharner sur les promoteurs immobiliers avec autant de haine et de manque de rationalité au point de dire que la prochaine insurrection viendrait d’eux.

Cette manière de voir n’est pas seulement sadique, mais a l’air manipulée.  C’est un manque total de volonté manifeste de voir la vraie nature du métier, et une absence de lucidité, dénonçant clairement des motivations ultérieures.

L’immobilier n’a rien de politique à l’origine, encore moins d’insurrectionnel. Il n’y a et n’aura jamais de lien ni de près ni de loin entre la promotion immobilière et l’envie d’une i… En d’autres termes, aucune insurrection n’a et ne saurait avoir sa place dans l’immobilier car ce sont deux choses complètement antagonistes  de par la déontologie du métier.

Je voudrais en appeler aujourd’hui à toutes les consciences, tout en prenant le peuple burkinabé à témoin, exhortant ceux qui, tapis dans l’ombre ont d’autres buts que la paix dans ce pays, à adoucir leurs propos car aujourd’hui, le contexte n’est pas approprié pour l’usage du mot « insurrection » qui relève presque de l’incitation déguisée.

Le seul fait qu’il y’ait plus de deux cents promoteurs immobiliers agréés et seulement une vingtaine en activité effective prouve qu’il y’a un vrai engouement accompagné d’une réelle volonté de construire. Aussi y a-t-il, une ou plusieurs barrières très sérieuses qui empêchent la promotion immobilière de s’épanouir pleinement au Burkina Faso. Ces problèmes varient du simple au plus compliqué, et même jusqu’à l’impossible dans certains cas et j’y reviendrai plus en détails dans une prochaine tribune.

Il est vrai que parfois, certains promoteurs improvisés ont eu à poser des actes peu recommandables, qui ont montré leurs limites dans le domaine. La mauvaise qualité du travail effectué, les retards de livraisons des parcelles viabilisées ou des maisons construites, ou les mauvaises interventions au niveau des populations autochtones, ont fini par accentuer la stigmatisation.

Ce genre de promoteurs immobiliers inconscients et insouciants représente une goutte d’eau dans l’océan et constitue l’exception qui confirme la règle de ce noble métier. Et je peux vous assurer que les promoteurs immobiliers du Burkina Faso n’ont aucun pouvoir, ni prérogative leur permettant de faire du mal aux populations délibérément. Le métier voudrait qu’ils soient à la disposition des populations, dans le but d’être un outil puissant à utiliser pour développer leur pays. Ils ne peuvent pas vouloir une chose et son contraire car la déontologie du métier est spécifique et unidirectionnelle.

Un pays, quel qu’il soit, sans promoteurs immobiliers est un pays en route vers une mort économique certaine, n’en déplaisent aux détracteurs. Dans un profond désir d’être sincère et réaliste avec les lecteurs, je me dois de vous confirmer en conclusion que la lucrativité à moyen comme à long terme de l’activité de promotion immobilière lui enlève complètement un quelconque aspect angélique. Ils ne peuvent donc pas se prévaloir d’être des anges.

Toutefois, leurs basses positions d’ intermédiaires officiels dans l’écosystème du métier, de par leurs subordinations aux conditions et exigences qui en régissent l’entrée (l’agrément de promoteur immobilier, les délibérations etc…), de par leurs assujettissements à des régularisations par des étapes herculéennes, multi départementales, multi ministérielles, multi corps de métiers (géomètres, urbanistes, architectes, génie civil, financiers), les multi contrôles,  de par leurs assujettissements à des règlements coûteux et excessifs, de par leurs subordinations à leurs clients, leurs financiers, et leurs autorités administratives de tutelles, les rendent incapables d’être des démons même s’ils le voulaient. On ne peut donc pas les faire passer pour des démons détenant des pouvoirs qu’ils n’ont même pas en rêve.

Rien ne sert de se cacher derrière son clavier et d’insulter dans tous les forums des réseaux sociaux, ni de chercher des coupables faibles. Les malentendus que subissent les promoteurs immobiliers leur coûtent excessivement cher et a fini par consumer la profession. Il y’a un proverbe sénégalais qui dit : « si tout le monde te crache dessus, tu finiras mouillé ».

En d’autres termes, à force de stigmatiser, traiter les promoteurs immobiliers de pilleurs de terres, d’escrocs, et autres insultes, la majorité des personnes commence petit à petit à le croire. Et même si ce que l’homme fait est défait par l’homme, il est en réalité beaucoup plus facile de détruire que de reconstruire.

Lorsqu’un Etat, quel qu’il soit, compte sur un corps professionnel doté d’une capacité financière assez large de par les exigences de son métier, et a des attentes assez importantes de ce dernier, il y’a de simples dispositions courageuses à prendre afin de rebâtir l’image du cheval qu’on veut monter.

Pour redorer le blason de l’immobilier au Burkina Faso, il s’agit tout d’abord de le dépolitiser totalement (surtout  les OSC), le vulgariser, apprendre à comprendre ce qu’est réellement un promoteur immobilier, ses prérogatives dans le domaine foncier et son rôle dans la société.

Tels pourraient être les premiers pas vers une compréhension, voire un futur apprentissage dans ce domaine si peu développé en Afrique.  La concurrence étant excellente, très saine et garante de meilleures résultats pour les consommateurs burkinabè, ce domaine a besoin de beaucoup plus de bras qu’il n’y en a à cette heure-ci, quel que soit le pays d’Afrique subsaharienne. Les promoteurs immobiliers ne sont ni des anges, ni des démons, mais de simples travailleurs désirant servir leur peuple et gagner leurs vies dignement, comme tout administrateur ou tout commerçant de ce pays.

Salomon MBUTCHO

Vice-Président

Mortgage, Trust & Investments SA

(SA au capital de 1.000.000.000 F CFA)

Recherche de financements, Hypothèques

Placements et investissements

Consultant international & Expert immobilier

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7 commentaires

  1. Je pense qu’en nous édifiant sur vos articles publiés à chaque fois relève de la Vulgarisation.Oui! vous êtes des anges parce-que vous répondez à plusieurs questions des populations en matière de logement,si ce n’est pas du patriotisme que pouvons-nous dire de ces actes ?
    Pour ma part bravo à vous et ne cédez pas car l’Afrique pour se développer à besoin des gens comme vous.
    Merci

  2. En plus de l’état, les sociétés immobilières font du bien être des populations leur cheval de bataille en leur offrant un logement décent répondant à un certain nombre de normes. Cette tâche n’est pas du tout facile pour ceux ci dans les différentes contrées africaines .ils sont confrontés à d’innombrables difficultés faisant croire à tort ou à raison qu’ils sont là cause direct des problèmes rencontrés par les souscripteurs et associés. Les promoteurs immobiliers , ces acteurs du développement socioéconomique viennent en aide et au gouvernement et aux populations afin de leur fournir « le sésame » à des conditions souples et allégées. Cette volonté angélique devrait amener les uns et les autres à avoir un regard plus juste à leur égard. Bravo Mr MBUTCHO Salomon pour cette bataille que vous menez👏👏

  3. Le secteur immobilier est une passerelle obligatoire pour atteindre développement socioéconomique du continent africain car ce dernier inculque aux humains la stabilité de laquelle dépend l’appréhension des habitudes menant au progrès.
    L’élaboration des politiques immobilières et la promotion de ce secteur serait donc présentes dans les programmes gouvernementaux du continent, mais hélas nous en somme pas encore, certain pays n’ont même pas des lois régissant le fonctionnement de ce secteur.
    Et voir que malgré ces obstacles, il y a des dignes fils de ce continent qui s’y investissent à fond et vont jusqu’à arrimer les modalités des mécanisme de fonctionnements immobiliers qu’ils ont élaboré à la réalité socioéconomique africaine ne peut que forcer notre admiration.
    Bravo à vous Monsieur Salomon MBUTCHO pour cette flamme panafricaniste qui brûle en vous.
    Vous abordez le développement du secteur immobilier sous l’un des angles les mieux adaptés pour le continent Africain, bravo!!!

  4. Evitons de toujours tous casser pour recommencer. La promotion immobilière était une réponse voire un remède à un problème. Cette réponse demande aujourd’hui des ajustements. Ajustons-donc. La promotion immobilière a-t-elle fait plus de malheureux que l’ancienne formule ? Je ne suis pas encore tombé sur une étude comparative.
    La formule n’ayant pas été inventée par le Burkina Faso, améliorons-la par nos expériences et celles des autres. La promotion immobilière n’a pas fait que des anonymes malheureux, arrêtons de stigmatiser.

  5. Big up VP. J’ ai vraiment apprécié votre contribution. On ne naît pas Promoteur immobilier , on le devient. Juste pour vous dire de tenir bon malgré toutes les critiques favorables ou défavorables sur le métier. Parce que les législations en vigueur dans nos États Africains n’étant pas mises à jour régulièrement par le législateur, font que, bon nombre de promoteurs immobiliers se retrouvent par moment entre( le marteau et l’ enclume). Mais il y a de l »espoir, car de plus en plus de pays y travaillent histoire de faciliter aux différents acteurs une meilleure collaboration .
    Courage VP et tenez bon car vous avez un énorme défi à relever et j’en suis certain que vous en êtes capable.
    Que Dieu vous bénisse.

  6. A croire que ce secteur a besoin d’un nettoyage. Il faudra se pencher sur la vérité et l’information des professionnels expérimentés comme Mr SALOMON pour éradiquer cette anarchie et cette ignorance dans notre cher partrie.
    Seul fait l’homme

  7. Je n’ai jamais vu les promoteurs immobiliers sous cet angle. Quand on entend les gens parler, c est comme si c est eux qui commencent et créent tous les problèmes, djah ils ne peuvent rien faire.
    Waouw

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