Burkina Faso : « Un pagne pour la dignité » des femmes déplacées de Kongoussi
L’initiative citoyenne, « un pagne pour leur dignité », a pour la deuxième fois recueilli des dons surtout des pagnes pour les femmes déplacées internes, afin de leur faciliter la gestion de leurs menstrues. Lancée via les réseaux sociaux, le 6 février 2021, ce sont plus de 500 pagnes et de dons divers qui ont été reçus et distribués aux femmes déplacées internes sur trois sites d’accueil de la ville de Kongoussi, ce samedi 20 février 2021.
« On dit généralement, la honte d’une femme est la honte de toutes les femmes. Quand les vêtements d’une femme
sont tâchés ou quand quelqu’un d’autre voit les tissus qu’on utilise, ce n’est pas bien, c’est une honte », dit Safoura Gansoré après avoir reçu un pagne destiné à la gestion de sa période de menstruations.
« Le geste que vous venez de faire nous touche beaucoup », ajoute-elle tout en exprimant sa reconnaissance envers les donateurs. Mais Safoura Gansoré ne compte pas de sitôt utiliser le nouveau pagne pour ses menstrues. « Ce nouveau pagne que vous venez de m’offrir, je le porterai. Je pourrai utiliser un vieux pagne pour mes périodes de règles », fait-elle savoir.
Le pagne divisé en morceaux sert aussi de protection comme la serviette hygiénique. C’est une méthode utilisée depuis belle lurette par les mères et encore aujourd’hui par celles qui n’ont pas les moyens de se procurer les serviettes modernes.
Les morceaux de pagnes sont très pratiques pour elles, lavables et réutilisables plusieurs fois. La seule contrainte, avoue Safoura Gansoré, c’est de trouver des cachettes pour les sécher. « Avec les enfants, les hommes à côté, nous nous débrouillons comme nous pouvons pour nous protéger et rester propres. On utilise les morceaux de pagnes comme protection. Et quand on les lave, il nous faut trouver une cachette pour les sécher. Ce n’est pas bien que quelqu’un d’autre voit ça », explique-t-elle.
Trois sites où les besoins sont énormes ont été identifiés pour faire le don. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le geste est apprécié. Les hommes ont également joint leur voix à celles des femmes pour remercier les donateurs du jour.
« C’est une belle initiative. Nous apprécions le geste, parce qu’il y a des femmes ici qui n’ont rien pour se procurer un pagne », soutient Souleymane Kindo, sur le site de logement des déplacés internes de Silgadji.
« Ça fait trois ans que nous avons fui nos localités pour venir ici. Où nous étions, elles allaient sur les sites d’or pour laver le sable et pouvaient revenir chaque jour du marché avec 25 000 à 30 000F CFA. Mais ici, elles n’ont rien, elles ne vivent que des aides. Elles vont souvent dans la ville de Kongoussi pour de petits boulots qui ne rapportent pas grand-chose, souvent 200 F », ajoute-t-il.
Une des activités à laquelle s’adonnent la plupart des femmes sur ce site au pied d’une colline, c’est le concassage des cailloux sauvages, qu’elles revendent à 2000 F la charrette. « C’est un travail très difficile, on n’arrive même pas à remplir une charrette par jour. On peut mettre 10 jours pour avoir une charrette », confie Kindo Alimata.
Les efforts des autorités et organisations sont diversement appréciés, selon la disponibilité de l’eau, des toilettes pour femmes et hommes, des aides alimentaires et l’accès à l’éducation pour les enfants. Sur les trois sites visités, 1 seul dispose d’une classe et une aire de jeux pour enfants.
Le second site où sont relogés les déplacés internes, ressortissants de Bourzanga, continue d’accueillir du monde et les besoins sont nombreux. « Il y a tout le temps du monde qui arrive ici. Nous sommes toujours dans le besoin et demandons toujours de l’aide», explique Mahamoudou Sawadogo, le porte-parole des déplacés sur ledit site.
A noter que cette activité est à sa deuxième initiative et a permis de récolter un montant de 554 000fcfa pour l’achat de près de 500 nouveaux pagnes. Des vêtements pour femmes, enfants et hommes, du savon qui ont été mobilisés par les donateurs.
Un geste modeste, selon la donatrice, mais combien sauveur pour les déplacées qui n’ont cessé de formuler des bénédictions. « Voir le sourire sur les visages de ces femmes, c’est aussi une joie pour moi. Les remerciements formulés vont aussi aux donateurs qui de partout, en Europe, en Amérique, en Afrique, ont laissé parler leurs cœurs », s’est exprimée Bassératou Kindo, journaliste et initiatrice de l’activité.
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