Tribune I Lutte contre le terrorisme à l’Est : « Nous devons une fière chandelle à la jeunesse de la Tapoa »
Ceci est une tribune d’un citoyen, Cbs L’iconoclaste L’écrivain chroniqueur, sur la situation sécuritaire au Burkina Faso.
La situation sécuritaire continue de se dégrader au Burkina Faso, notamment dans sa partie Est et les jeunes de la province de la Tapoa ont décidé de prendre en main leur destin en matière de sécurité.
C’est à travers une conférence de presse animée, le 22 octobre 2021, qu’ils l’ont fait savoir à l’opinion avec des mots on ne peut plus clairs. Après avoir fait l’état des lieux de la situation dans ladite province avec son corollaire d’écoles fermées, de trafic routier et de vie administrative affectés, etc., lesdits jeunes ont fait étalage de leur volonté de se mettre en pôle-position dans la lutte antiterroriste dans leur province et de ne plus attendre tout de l’Etat dont ils accusent d’avoir « rompu son contrat avec la population ».
Morceaux choisis : « Aujourd’hui, nous nous engageons dans cette guerre. Cette fois-ci, non pas derrière les Forces de défense et de sécurité (FDS), mais devant les FDS. La Tapoa a besoin de nous, elle crie au secours, elle pleure, larmoie, se bat. Elle n’attend que ton soutien pour se relever. Alors ensemble, engageons-nous, mobilisons-nous. Allons au combat et libérons notre province. Nous devons affronter avec nos armes et nos compétences ces fous de Dieu », s’est fendu Marcel Ouoba, le porte-parole des conférenciers.
En cela, en étant en passe de franchir le pont de Gama, la jeunesse de la Tapoa s’inscrit dans la dynamique de John Kennedy qui avait affirmé ceci : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays ».
Cela dit, quand on sait qu’après les opérations Otapuanu et Epervier à l’Est, la dégradation de la situation sécuritaire dans cette partie du pays marquée par des enlèvements, des tueries, des fermetures d’écoles et des déplacés internes, est loin d’être une vue de l’esprit, il y a lieu de saluer cette initiative citoyenne naissante qui a le mérite de sonner la mobilisation générale des fils et filles de la province tout entière contre la bête terroriste qui a repris du poil de la bête.
Et qui s’inscrit dans la continuité de l’action déjà engagée sur le terrain par les volontaires pour la défense de la patrie. Reste maintenant à savoir comment cette sortie épique et empreinte d’héroïsme va se traduire dans les faits. L’Etat central qui bénéficie à travers cette action d’une bouffée d’oxygène, pourra-t-il avec ses structures déconcentrées approvisionner suffisamment en armes et munitions ces jeunes qui se font désormais appeler « les nouveaux soldats engagés pour la Tapoa » ? Ceux-ci bénéficieront-ils d’une quelconque formation avant leur enrôlement sur les théâtres d’opération ?
Ces questions sont d’autant plus pertinentes que l’appel à la mobilisation générale pourrait être suivi d’effets en provoquant un réel rush des populations au front. Tout compte fait, à condition que les jeunes de la Tapoa ne jouent au matamore qui fait le brave sans en avoir l’étoffe, on croise les doigts en se pourléchant les babines pour les revers à infliger aux terroristes, quand on les attend soutenir ceci : « Nous sommes bien coordonnés et déjà sur le terrain, nous avons infiltré le camp de l’ennemi. Nous savons où ils sont, nous savons où ils ont construit leur forage. Maintenant, nous allons les affronter. Nous avons déjà identifié des gens qui soutiennent ces terroristes ».
En attendant que le sable n’apporte sa part de contribution
A cœur vaillant, rien d’impossible, a-t-on coutume de dire. Et comme on le sait bien, ce n’est pas seulement les moyens matériels et financiers qui permettent de gagner la guerre, mais aussi le renseignement, la bravoure et le volontarisme qui semblent aujourd’hui relever d’acquis pour les conférenciers dopés par un sursaut d’orgueil propre aux révolutionnaires dont la lettre de la devise révolutionnaire bien connue est, « vivre libre ou mourir ».
C’est d’ailleurs cet esprit de sacrifice qui anima le colonel anti esclavagiste Delgrès le 10 mai 1802, qui semble les animer aujourd’hui lorsqu’ils martèlent ceci : « Nous n’avons plus peur de mourir et la terreur doit changer de camp ».
Dans le sillage de Ki-Zerbo qui pense qu’« On ne développe pas, on se développe » et de Norbert Zongo qui soutient qu’« On ne libère pas un peuple, un peuple se libère », la population de la Tapoa est en train de vouloir franchir un palier dans l’histoire de la lutte antiterroriste dans cette partie du Burkina et qui fera jurisprudence. Cette initiative populaire a tout son mérite d’exister quand on se rappelle qu’une action du genre dans la province du Bam y a permis de contenir l’hydre terroriste en réduisant à leur plus simple expression les dégâts causés par celle-ci.
Tout le monde doit aller au charbon. Tout comme dans la guerre du Vietnam, même le paysan dans son champ doit être un potentiel soldat sur le qui-vive, prêt à apporter à tout moment sa contribution en fournissant notamment des informations. En attendant que le sable gourmantché de Tansarga, Logobou, Tambaga, Namounou, Botou, Kabougou, etc., n’apporte sa part de contribution dans cette lutte, il convient de relever que la prise d’action citoyenne tend désormais à devenir la marque de fabrique de la jeunesse de la Tapoa.
En effet, ayant compris que l’Etat ne peut pas tout faire, après Diapaga 2017, Logobou 2018, Botou 2019, les populations (jeunes, femmes et vieux) de la Tapoa ont organisé le 13 juillet 2020 l’opération Namounou 2020 pour des travaux communautaires d’entretien (réparation) de la route Diapaga-Namounou. Cette action citoyenne avait bénéficié de soutiens matériels et financiers spontanés de bonnes volontés.
Et il est fort à parier que cet élan de solidarité sera encore au rendez-vous avec cette initiative en gestation au moment où l’armée a lancé son opération « Dépollution » dans l’Est du pays pour sécuriser les populations. C’est pourquoi, en attendant la concrétisation de la dernière initiative citoyenne pour que la Tapoa ne soit pas Kidal, nous sommes portés à dire que nous devons tous une fière chandelle à la jeunesse de la Tapoa.
Cbs L’iconoclaste
L’écrivain chroniqueur
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