BurkinAction, tremplin pour l’employabilité
Dans l’écosystème entrepreneurial, Djoari Ouoba, qui fait partie des 100 Young Leaders 2021 de la French-African Foundation, se démarque par son credo : la nécessité de renforcer l’employabilité des Burkinabè pour répondre aux besoins des entreprises de son pays. Coup de projecteur sur BurkinAction, la plateforme collaborative qu’il a cofondée il y a cinq ans.
Pour quiconque se penche sur le parcours de Djoari Ouoba, un fil rouge s’impose : celui de la croyance en la force du collectif, en la puissance du « faire-ensemble ». Financier de formation, ce globe-trotter de 34 ans, qui a travaillé en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique, est revenu s’installer à Ouagadougou en 2016, convaincu que l’accomplissement de soi passe par la reconnexion avec ses racines. Avec un rêve chevillé au corps : celui d’un concept qui solutionnerait toutes les problématiques auxquelles il a été confronté lors de ses différents séjours à l’étranger. Autrement dit une formule permettant, en chaque lieu et à chaque instant, de pouvoir se reconnecter avec ses attaches, d’entrer en contact avec ses compatriotes, de créer des opportunités professionnelles… et au final, de ne plus se sentir seul, nulle part.
Cette aspiration s’est doublée de la volonté de pallier un écosystème entrepreneurial embryonnaire et un manque de structures d’aide à la recherche d’emploi au Burkina. Alors que pour les jeunes cadres, décrocher un poste constitue un véritable défi dans le pays où 60% de la population a moins de 25 ans, l’idée a germé de fonder BurkinAction en juin 2016. Son objectif principal est d’améliorer l’employabilité de ses concitoyens, diaspora compris. Djoari Ouoba réfute le rapprochement avec un cabinet de recrutement, « trop réducteur ». De fait, le réseau, ouvert à tous et à but non lucratif, propose bien plus, entre accompagnement de jeunes diplômés et formation à travers des programmes d’incubation d’entreprises. Aujourd’hui, l’organisation rassemble une équipe de treize personnes, dont des entrepreneurs, des juristes, des gestionnaires de projets et des gestionnaires RH.
Fédérer les énergies, partager les expertises
Cinq ans après, ce « rêve devenu réalité » anime, on et off line, une communauté de plus de 15 000 adhérents à travers le monde et compte plus d’une trentaine d’entreprises partenaires, d’institutions étatiques et d’organismes internationaux et de bailleurs de fonds. L’organisation a permis à un millier de personnes de se rencontrer à travers une quinzaine d’évènements à Paris, Ouagadougou et Montréal, à une centaine de jeunes actifs de trouver un emploi et à une dizaine de sociétés de voir le jour. Concrètement, elle propose à ses adhérents une plateforme numérique, des conférences, des ateliers thématiques, des évènements de networking, du mentoring mais aussi des programmes d’accompagnement professionnel à travers l’initiative « Ouaga Job Challenge », dont la première édition a été lancée en 2020.
Ce programme international ouvert aux bac+2 cible les jeunes actifs, étudiants et diplômés de 18 à 35 ans, qu’ils résident dans le pays ou soient membres de la diaspora. Bonne présentation, rédaction efficace d’un CV, valorisation de ses atouts… Durant six mois, il leur permet de bénéficier d’un accompagnement sur le savoir-être et les soft skills. Pour sa première édition, 50 candidatures ont été retenues sur les 350 reçues, dont un tiers d’entre elles étaient issues de la diaspora. A l’issue du programme, 80% des finalistes ont décroché un poste au sein de l’une des entreprises partenaires et aujourd’hui la seconde édition encore plus innovante et inclusive bat son plein. Deux initiatives au service de la communauté qui ont retenu l’attention de la French-African Foundation, lors du processus de recrutement du programme Young Leaders.
Éviter les désillusions de l’entrepreneuriat
Cet entrepreneur à la tête d’une boite de e-commerce et consultant en finance et stratégie pour les membres de la diaspora souhaitant se réinstaller en Afrique de l’ouest, cumule une dizaine d’années d’expérience sur trois continents dans des banques d’investissement (Crédit Agricole et BNP Paribas) ainsi que chez l’institution de microfinance Baobab, dont il a été le directeur financier au Burkina entre 2016 et 2020. Formé à l’American Business School de Paris, titulaire d’un MBA en finance à l’ESLSCA, Djoari Ouoba est également en charge du lancement des opérations de la startup Afro-Américaine Wave Mobile Money au Burkina Faso et actionnaire de ForthInvestment depuis juin 2016, un investisseur privé qui aide les entrepreneurs africains à créer et développer leur entreprise.
Car s’il est convaincu que l’employabilité sera le fer de lance du développement du Burkina, il insiste aussi sur la nécessité de donner aux jeunes entrepreneurs les moyens de leurs ambitions, l’entrepreneuriat étant encore trop souvent la seule réponse à un déficit d’employabilité. Pour que leur cheminement difficile ne s’achève pas – comme c’est trop souvent le cas – sur une désillusion, surtout pour qui n’a pas les outils et les moyens financiers pour l’aider à s’accomplir.
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