TGI Ouaga : Cinq meneurs de la manifestation du 27 novembre à la barre
Article mis à jour
Le procès des meneurs de la manifestation du 27 novembre 2021 s’est réouvert au Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou ce mercredi 15 décembre 2021. Le ministère public a demandé une condamnation allant de 12 à 24 mois de prison suivis d’une amende d’un million de FCFA pour les 5 prévenus. Le verdict du tribunal est attendu le mercredi 22 décembre 2021.
Accusés des faits d’organisation de manifestation illicite qui ont conduit à la destruction de biens publics, le procureur a demandé 12 mois plus un million d’amende ferme pour Adama Tiendrébéogo et Marcel Tankoano, 18 mois plus un million d’amende ferme pour Hervé Ouattara et Drabo Mamadou et 24 mois plus 1 million d’amende ferme pour Baguian Abdoul Karim (dit Lota).
Revenant aux faits, les meneurs, tous leaders d’opinion, disent avoir mûri l’idée depuis le cimetière de Gounghin suite à l’inhumation des victimes de l’attaque d’Inata qui selon eux, constitue le drame de plus. Le mouvement de la Libération du Burkina Faso, le Mouvement Sauvons le Burkina et le Mouvement populaire Sauvons le Burkina ont donc organisé une conférence de presse le 23 novembre 2021 pour annoncer la marche du 27.
Tiendrébéogo Adama dit Colonel dit avoir été arrêté le 24 novembre 2021 juste après la conférence. « Nous avons organisé la conférence pour appeler la population à sortir manifester pour soutenir les FDS et demander la démission du président. Nous avons dit que la démission du Président Kaboré est non négociable car il a failli à son serment et il n’arrive pas à défendre le peuple. Notre manifestation a porté fruit car le président lui même a dit qu’il a compris le peuple et a commencé à faire des changements », raconte-t-il.
Quant à Hervé Ouattara, il été arrêté le 30 novembre 2021 soit trois jours après la marche. Il se dit déçu des arrestations et de la destruction des biens. Il ne se reconnait pas dans les actes de vandalisme. « Nous avons demandé aux gens de faire une manifestation pacifique, nous avons pris plus de 400 jeunes pour assurer le cordon de sécurité. Mais nous avons été surpris qu’on nous envoie des koglweogo avec des gourdins soit disant qu’ils viennent sécuriser les biens.
On nous a poursuivis comme des grands bandits juste parce qu’on n’est pas d’accord avec le Président. Mais nous on n’a jamais demandé à qui que ce soit de vandaliser quelque chose. Des gens ont profité de cette manifestation pour faire ce qu’ils voulaient et nous on a déploré la destruction des biens », déplore-t-il.
Pour Marcel Tankoano, la présence des Koglweogo a fait dégénérer la marche. « Ils ne sont pas venus pour sécuriser les commerces des gens mais ils sont venus avec une autre idée », a-t-il indiqué. Si pour le Tribunal la marche a été interdite par la mairie, il n’en est pas le cas selon les prévenus qui avouent avoir été dans leurs droits tout en dénonçant l’attitude de la mairie.
« Nous étions dans notre droit, vu le comportement de la mairie. On est allé vers la mairie et on nous a refusé, ils ne nous ont pas reçus, ils n’ont pas notifié quelque chose à l’écrit pour dire que c’est interdit. Le 24 novembre, ils ont dit qu’ils ne nous reçoivent pas, que ce n’est pas un jour ouvrable. Le 25, ils disent que le délai des trois jours n’est pas respecté. Et ils disent qu’il y a des pièces qui manquent », Hervé Ouattara.
C’est le même son de cloche chez Baguian Abdoul Karim dit Lota. « La mairie a refusé catégoriquement de recevoir notre déclaration et la mairie n’a pas notifié son refus par écrit. Mais du moment où le président Kaboré lui-même a reconnu la légitimité de la colère du peuple, nous, on estime que la marche est autorisée », exprime-t-il.
Le ministère public note des manquements dans le dossier et le délai de dépôt. « Ils sont venus le 24 novembre à 14h avec une déclaration signée par trois personnes justes avec leurs noms et prénoms pour une manifestation qui devrait avoir lieu le 27 novembre matin à 8 heures », a souligné le procureur.
Pour l’Agence Judiciaire de l’Etat (AJE), les faits sont constitués et les accusés doivent répondre de leurs actes et réclame la réparation des biens qui ont été détruits. Mais l’Agence Judiciaire de l’Etat a également informé que les biens endommagés n’ont pas encore été évalués.
Entre autres, Maître Prosper Farama, Maître Paul Kéré, ont constitué le conseil des différents accusés. A les écouter, leurs clients doivent être relâchés pour faits non constitués. « Ces poursuites sont mal appropriées. Techniquement, aucune infraction ne peut être retenue contre nos clients.
Ce n’est pas parce qu’il y a eu vandalisme que du point de vue de la loi, nos clients peuvent être condamnés pour organisation de manifestation illicite ou interdite », a exprimé maitre Prospère Farama, avocat de la défense.
« J’ai le sentiment que notre pays a un problème avec les droits individuels, avec les droits collectifs, notre pays a un problème avec les activistes. On se trompe d’ennemi et moi je pense que cela va nous conduire à l’hécatombe.
Au lieu de remercier des gens qui vous interpelle en disant, on vous a compris, c’est le contraire. On dit on ne peut pas combattre les djihadistes, mais vous en tout cas (les activistes ndlr), on peut vous combattre et la seule façon de vous combattre on connait, on va vous foutre en prison », déplore-t-il.
Le verdict du Tribunal du 22 décembre 2021 👇🏿
Tribunal de Grande Instance de #Ouagadougou : La sentence est tombée pour les meneurs de la manifestation du 27 novembre 2021. Les peines :Adama Tiendrébéogo dit Colonel : Condamné à 6 mois de prison plus 300 000 FCFA, le tout assorti de sursisHervé Ouattara : Condamné à 6 mois de prison plus 300 000 FCFA, le tout assorti de sursisMarcel Tankoano : Condamné à 6 mois de prison plus 300 000 FCFA, le tout assorti de sursisDrabo Mamadou : 12 mois de prison plus 300 000 FCFA d’amende, le tout assorti de sursisBaguian Abdoul Karim dit Lota : 12 mois de prison plus 300 000 FCFA d’amende le tout assorti de sursis
Akim KY
Burkina 24
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